LECTURES VAGABONDES

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Virginie Mouzat : Une femme sans qualités / un roman sans intérêt.


                Lorsque j'ai emprunté ce roman de Virginie Mouzat : une femme sans qualités, paru en 2009 aux éditions Albin Michel, j'étais persuadée que ce dernier me plairait. En effet, l'œuvre commence par un portrait de femme dans lequel je me suis un peu reconnue : femme sans attaches, sans enfants, assez jolie et par conséquent très seule. J’ai eu envie de lire l’histoire de cette femme sans qualités à laquelle je me suis d’emblée identifiée pour très vite me détacher totalement d’elle.

Le roman se présente comme une lettre écrite à un homme nouvellement rencontré, une lettre destinée à dévoiler à ce dernier la personnalité de la rédactrice - laquelle rédactrice s’estime fondamentalement différente des autres femmes - à relater la manière dont celle-ci aborde la rencontre et cet amour qui se profile, avec les angoisses et les peurs qui l’accompagnent.

Je dois bien avouer que j’ai toujours eu du mal à me passionner pour l’écriture exclusivement introspective… L’écriture « prise de tête », ça me saoule très vite. Cependant, en ce qui concerne ce roman : une femme sans qualités de Virginie Mouzat, je crains bien qu’on soit au-delà du simple ennui…

D’abord, les revendications égotistes de celle qui se présente comme une femme « d’une autre race », fondamentalement différente de celles qui « pondent » des enfants, m’ont très vite insupportée. Certes, on est face à une femme qui explique à quel point la stérilité la rend différente des autres… sans être stérile, je n’ai pas encore d’enfant. Par ce fait, je me retrouve – comme l’héroïne d’une femme sans qualité - face à la difficulté de tisser des relations avec les femmes qui ont eu des enfants (puisque nous n’avons pas les mêmes préoccupations). Cependant, je n’envisage pas celles qui ont fondé une famille sous l’angle de la haine et du mépris. Je suis relativement indifférente aux préoccupations des femmes-mères de famille qui, de toutes manières, ne sont pas mes véritables compagnons de route. Voilà pourquoi, très vite, j’ai eu du mal à adhérer à ce discours haineux qui vise à se définir en opposition totale avec ce qui correspond à une certaine normalité, il faut bien l’avouer… (Heureusement pour l’avenir de l’humanité que toutes les femmes ne sont pas comme moi : sans qualités !) Virginie Mouzat adopte le ton de l’hystérie haineuse pour parler des autres femmes, de celles qui se sont « appariées avec un mâle reproducteur », un ton que j’ai d’emblée détesté.   

Par ailleurs, le roman se concentre sur les peurs et les hésitations d’une femme stérile qui se sent dangereusement attirée par un homme… Il faut avouer qu’il faut avoir un mental d’acier pour supporter ces 180 pages destinées à évoquer ces quelques états d’âme ponctuels qui ne débouchent finalement sur aucune perspective : Virginie Mouzat ressasse les angoisses de son héroïne sans même se demander si son lecteur a vraiment envie de jouer les psychologues à deux balles, sans se demander si ce roman-lettre est sensé, cohérent avec la volonté d’initier une relation amoureuse : si j’étais l’homme-destinataire d’un tel gloubiboulga nombriliste, je prendrais illico presto mes jambes à mon cou, et vraiment pas à cause de la stérilité de celle qui m’écrirait ! Dieux ! Un tel égocentrisme n’est pas permis !

Reste le pompon du pompon : l’écriture ; donnée fondamentale pour un roman introspectif ! Ici, on est dans le grand n’importe quoi ! A la limite de l’insupportable. Eh oui ! Il faut bien les pondre, ces 180 pages d’angoisses basées sur trois cheveux à couper en quatre ! Alors Virginie Mouzat comble le vide par le creux ! Elle aligne les phrases pseudo-philosophiques qui ne veulent rien dire : et si le lecteur ne comprend rien, c’est qu’il est idiot ! Jugez par vous-mêmes :

« J’avais les larmes à portée de main.

L’idée que le bien qui précède ne fonde pas le mal qui suit. Ni la douleur qui lui succède. L’idée que le bien qui précède est totalement effaçable en cas de malheur.

L’idée que la rupture est une composante de la continuité. »

Enfin, plein de réflexions passionnantes de cet acabit. A ce stade-là, je me dis que j’aurais dû me faire payer pour lire cet horripilant bouquin….

Eh bien ! Non ! Car j’ai fini par rire aux larmes de l’insupportable prétention de l’écriture de Virginie Mouzat ! L’ensemble est tellement ampoulé et creux qu’il en devient ridicule, grotesque, risible ! Un grand merci à cette écrivaine pour les scènes de sexe : des propos totalement évaporés, mais gentiment assaisonnés, messieurs-dames ! Viriginie Mouzat nous prépare de bons gâteaux à base d’érotisme à la crème chantilly, mais au milieu, c’est truffé de petites pépites de chocolat-caca : des gros mots bien gras, bien vulgaires pour faire trash et provoc ! Allez, on y goûte un peu ensemble ?

« J’ai senti furtivement que ton membre avait commencé à décliner avant que tu ne me forces doucement à quitter les parages de ta bite. Mais déjà tu cherchais mon sexe. Il y avait l’imminence d’être dérangés, l’ascenseur prêt à tout moment à se mettre en route et à s’ouvrir, à la porte de chez toi. A la porte de mon sexe. Sur le seuil d’une expérience érotique qui pouvait dérouter nos vies. J’ai eu envie de te donner mes seins à baiser. Mais nous étions cadenassés par la bouche comme des sexes siamois. J’ai aimé la mollesse, la douceur de ta langue, les frottements des deux muscles doux et lisses qui se branlaient l’un l’autre ».

Quand on lit des scènes de sexe pouêt-pouêt comme celles-ci, alors qu’on fait bronzette dans une petite crique isolée et perdue dans le grand bleu infini de la mer et du ciel grecs, on finit par rigoler sec… Alors que peut-être, Virginie Mouzat cherchait plutôt à émoustiller son lecteur ! Raté ! Et encore ! Je ne retrouve plus la page où l’écrivaine évoque la bite de l’homme rencontré comme une véritable VIP ! Là, c’était l’explosion d’hilarité totale ! A tel point que j’ai voulu en faire profiter mes copains les crabes en le lisant à haute voix, sur un ton très pénétré (sans mauvais jeu de mots) et inspiré ! Soirée-lecture pour les petits poissons de la mer de Libye qui en sont restés tout perplexes ! Allez, si comme les belles daurades de la méditerranée, vous êtes intéressés par les pratiques sexuelles ésotérique de Virginie Mouzat, il ne vous reste plus qu’à lire Une femme sans qualités : vous ne serez pas déçus.



17/11/2011
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