LECTURES VAGABONDES

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Josiane Balasko :Cliente / tout s’achète, même le sexe…mais pas ce livre !


Je  ne sais pas trop pourquoi j'ai emprunté ce livre à la bibliothèque… sans doute l'envie de pouvoir rédiger un article rapidement, vu la minceur du roman. Sans doute aussi le désir de sortir un peu des sentiers battus de lectures globalement assez classiques et de laisser quand même sa chance à cette improbable écrivaine qu'est l'actrice réalisatrice Josiane Balasko. On connaît tous, à travers ses films, son côté plus ou moins provocateur et, il faut bien l'avouer, souvent dénué de finesse. C'est ainsi qu'on la retrouve, fidèle à elle-même, dans ce premier roman paru en 2004, et intitulé Cliente.

Provocatrice ? Josiane Balasko a en effet voulu soutenir cette réputation qu'on lui attribue parfois assez peu judicieusement, en choisissant un thème bien racoleur : Judith, 51 ans, trop occupée professionnellement  pour chercher l'amour, désabusée également par un mariage raté, préfère se payer sa dose hebdomadaire de sexe ; son pourvoyeur se prénomme Marco, mais œuvre sous le pseudonyme de Patrick, en qualité de gigolo de 26 ans.

Il va de soi que Judith est une femme qui sait ce qu'elle veut – du sexe et rien que ça ! – qu'elle est bien dans sa peau, épanouie… Bref, c'est une femme libérée qui s'assume totalement, et professionnellement, et sexuellement.

A traiter ce thème sous cet angle-là, il me paraît logique que ce roman n'aille pas très loin. Sans doute faut-il le talent et la finesse de Joyce Carol Oates pour sonder les affres de la psychologie de ces femmes qui payent pour du sexe et réussir finalement à emporter l'adhésion de la lectrice que je suis…. Peut-être effectivement, la chose est-elle concevable s'il s'agit de l'assouvissement d'un fantasme personnel…Mais Josiane Balasko la présente comme une pratique hygiénique hebdomadaire, à la base… On loue pour une heure les organes génitaux d'un inconnu pas trop moche…et c'est le top du top ! une sorte de piqûre de plaisir infaillible. J'ai quand même l'impression que Josiane Balasko s'est fourvoyée dans un sujet qu'elle ne connaît pas du tout et qu'elle est loin de savoir traiter ! Je n'ai pas réussi à comprendre le personnage de Judith qui n'est douée de presque aucun état d'âme et qui exécute ses galipettes avec la cérébralité d'une vache. Tant mieux pour elle ! Elle finit quand même par s'attacher à son gigolo : encore faut-il qu'il y ait une quelconque histoire ! Mais d'ailleurs ? Se poser et poser des questions sur la sexualité des femmes… était-ce le but de l'écrivaine Josiane Balasko ? Non. Sans doute, son but était-il plutôt de faire rire en accumulant les situations grivoises (pas tant que ça, finalement : Rabelais, au XVIème siècle, a fait mieux) dans un style d'une lourdeur et d'une vulgarité sans nom. D'ailleurs, la narration est quasi inexistante : le roman laisse la part belle aux dialogues d'une platitude et d'un inintérêt rarement égalés, sinon dans les séries télévisées de France 3 du type « Plus belle la vie ».

J'ouvre une page au hasard :

« Karine prend un quignon de pain et le lance sur la caméra

-Arrête ! fait Toutoune, tu vas rayer l'objectif !

Il récupère la caméra et l'examine, au cas où il y aurait des dégâts

-       Qu'est-ce que tu as encore, Karine ? demande maman.

Elle ne répond pas. Elle me lance un regard noir. Comment elle est maquillée aujourd'hui ! Ultra gothique ! Les lèvres marron foncé, le fond de teint blanc gris. »

Je m'arrêterai là pour les citations.

Inutile de dire que ce roman n'a pas réussi à me décrocher ne serait-ce que l'embryon d'un sourire.

Je tiens à souligner également l'insulte que fait cet ouvrage aux femmes, d'abord… puis aux hommes, par contrecoup. En effet, à vouloir ainsi montrer des femmes « libres » (mais finalement assez inconcevables), à vouloir les enfermer dans des carcans comportementaux « masculins » (en réalité complètement stéréotypés), il les dénature totalement. … J'évoquerai rapidement le second personnage féminin : Fanny, la femme de Marco, le gigolo, qui, lorsqu'elle découvre la vérité sur son mari passe son temps à « chialer ». Ainsi y a-t-il dans ce roman deux sortes de femmes : les libres, les fortes, qui considèrent les hommes comme des objets ou des marchandises, qui éprouvent infailliblement des orgasmes transcendantaux et les faibles, les sentimentales, qui « s'emmerdent avec des histoires d'hommes » et qui ne rencontrent que des « mauvais coups »… globalement, elles sont plutôt coincées et les hommes leur font l'amour « comme des collégiens » (sic).

Quant à notre fameux personnage masculin, le gigolo, il est complètement fadasse et incompréhensible : Marco aime sa femme, se prostitue pour arrondir ses fins de mois et lui payer le salon de coiffure dont elle rêve, mais on a quand même l'impression qu'il s'éclate plus avec une femme de 51 ans qu'il n'aime pas, mais qui est "libérée" ! Il lui est soumis… et n'hésite pas à malmener celle qu'il aime, qu'il domine plutôt, puisqu'elle fait partie des « faibles ». Bref, ce Marco est une espèce de mauviette dont aucune femme ne voudrait pour un seul kopeck ! En tout cas, côté sexe, Marco-Patrick assure toujours… c'est un homme ! Il y a bien longtemps que les hommes sont libérés, qu'ils n'ont aucun complexe, qu'ils vont aux putes et qu'ils ont des orgasmes infaillibles et transcendantaux. C'est bien connu ! On pardonnera cependant à l'écrivaine Josiane Balasko de sombrer ainsi dans le stéréotype, la caricature grossière et la psychologie calibrée à la louche BEP : je suis persuadée qu'elle a voulu faire exactement le contraire de ce que je lui reproche et simplement ajouter sa petite note de musique à l'émancipation de la femme…Je pense cependant que ce roman a l'effet inverse de celui recherché, car Josiane Balasko conçoit sans doute beaucoup trop la chose en rivalité avec les hommes.  

Il me reste à ajouter que cet ouvrage est peut-être même dangereux à lire car à vouloir traiter de manière aussi bâclée de sujets tabous comme celui de la prostitution masculine ou des désirs féminins, on finit par enfoncer tous les stéréotypes possibles dans la tête des gens. Par exemple, celui de l'importance capitale de la taille et grosseur des attributs masculins dans la réussite des rapports sexuels ! ?… Point de salut en dessous de 18 centimètres !

Si vraiment Josiane Balasko pense que le principal intérêt d'un homme réside dans ses parties génitales, je lui suggérerai plutôt quand même de filer au plus vite dans le premier sex-shop parisien ouvert : elle trouvera sans doute là-bas tout ce qu'il lui faut pour moins cher… un engin sur mesure, tout à fait adapté pour des pratiques hygiéniques hebdomadaires… En tout cas, que l'écrivaine Josiane Balasko arrête de nous casser les pieds, à défaut d'autre chose, avec des ouvrages sans intérêt ! et qu'elle retourne plutôt brouter les gazons maudits : la belle affaire ! Quant à moi, je m'arrêterai également là, sous peine de sombrer – si ce n'est déjà fait – dans la même vulgarité que Josiane Balasko.  



23/02/2009
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