LECTURES VAGABONDES

LECTURES VAGABONDES

Sébastien Japrisot : Le passager de la pluie / mieux vaut passer son chemin.


Quelle déception que ce Passager de la Pluie de Sébastien Japrisot !

Si L'été meurtrier est à ranger parmi les romans inoubliables, c'est loin d'être le cas de celui-là ! On a effectivement bien du mal à se passionner pour cette intrigue policière confuse et maladroite.

Mardi, 17 heures : Mellie Mau croise un mystérieux passager qui descend d'un car en provenance de Marseille. L'homme la suit. Elle le retrouve sur son chemin à plusieurs endroits et à différents moments de la journée. Et puis, au soir, il s'introduit chez elle, un bas sur le visage, et la violente. Elle s'évanouit sous les coups. A son réveil, elle le sait, elle le sent…il est encore là, en bas, dans le garage. Elle s'empare d'un fusil, tue l'homme et sans plus tarder, se débarrasse du corps en le jetant à la mer, bien décidée à oublier toute cette histoire et à retourner tranquillement à sa vie de couple avec son mari, Tony, pilote à Air France.

Mais dès le lendemain, un mystérieux américain, Harry Dobbs, commence à l'interroger, à la harceler ; il semble déjà tout savoir : tout savoir du passager tué la veille, tout savoir également du meurtre. Qui est-il ? Que cherche-t-il ? C'est alors que commence un duel qui se veut implacable entre Mellie et Dobbs. L'enjeu : l'aveu du meurtre par la jeune femme. C'est alors également que s'installe le désordre dans la narration, les rebondissements artificiels à n'en plus finir, les intrigues secondaires, inutiles et parachutées d'on ne sait où. Dobbs, par exemple, pousse Mellie à la découverte de l'adultère de son mari avec sa meilleure amie, Nicole ; ce qui déclenche une dispute entre les deux jeunes femmes. « Et alors ? » ai-je envie de dire. « Quel rapport avec le meurtre ? » D'autant plus que le personnage de Nicole n'apparaîtra plus ensuite et que Tony, le mari est en déplacement professionnel : c'est un personnage inexistant.

Bref, à la fin, un second meurtre, un autre cadavre, vieux d'un an, est exhumé et permet à cette intrigue déjà incohérente (on trouvera les personnages à Paris, à un moment, au fond d'un bordel de luxe, dans une embrouille avec des mafieux proxénètes… les raisons de ces retrouvailles à cet endroit sont tellement confuses et parachutées que le tout finit par sombrer dans le grotesque) de se dénouer dans une magnifique queue de poisson !

Ajoutons à cela l'absence quasi dramatique de densité au niveau de la construction des personnages : leurs dialogues sont transcrits sous forme théâtrale, avec didascalies à l'appui. Pourtant, aucune vie ne se dégage d'eux : ils se réduisent à un pauvre trait grossièrement tracé : ainsi Dobbs est-il un « félin », un « chat » qui guette sa proie, et Mellie… fragile et forte à la fois.

Je n'ai pas envie d'assassiner davantage l'œuvre de Sébastien Japrisot, d'autant plus qu'il nous a offert l'été meurtrier, qui selon moi, est l'un des meilleurs polars jamais écrits. Cependant, il semble bien qu'avec le passager de la pluie, il ait été en panne d'inspiration totale…. Mais ce n'est là que mon humble avis.



22/02/2009
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 38 autres membres