Anya Ulinich : La folle équipée de Sashenka Goldberg / prévoir un équipement anti-ennui
Il est des jours où je doute de ce que j'écris… assez rarement, je dois dire, lorsque je formule un avis sur un livre. C'est pourtant le cas aujourd'hui, pour la première fois, sur ce blog, à l'occasion de la lecture de ce roman paru en 2008 : La folle équipée de Sashenka Goldberg d'Anya Ulinich, proposé par ma bibliothèque sur le présentoir « œuvres à découvrir ».
Par ailleurs, on peut lire une petite note sur l'auteure, à l'intérieur du livre : « Anya Ulinich a été sélectionnée en 2007 par la National Book Fondation comme l'un des cinq auteurs de moins de trente-cinq ans les plus prometteurs. »
Il est vrai que le titre a également provoqué chez moi le désir de découvrir ce livre, tant il est vrai que j'aime les romans d'initiation dans lesquels le héros largue les amarres pour partir à la découverte de ce qu'on veut : du monde, de la vie, de lui-même…
Disons quand même que cette œuvre tient la promesse du scénario suggéré par le titre et la quatrième de couverture… Sasha Goldberg vit dans une petite ville assez immonde de Sibérie : Asbestos 2. Elle mène une vie plutôt morne entre l'école et les cours de peinture, une mère assez exigeante, un père qui se fait la malle sans crier gare pour aller refaire sa vie aux USA, un petit ami, Alexeï duquel elle tombe enceinte à l'âge de 16 ans : elle donne naissance à une petite fille : Nadia…. Et puis, un jour, Sasha abandonne cet univers glauque dans lequel elle ne trouve pas véritablement sa place : elle s'inscrit sur un site de rencontres qui permet à des Américains d'entrer en contact avec des filles de l'Est et part avec Neil, de 20 ans son ainé : direction : Phoenix, Arizona. Cependant, Sasha ne restera pas bien longtemps avec son cow-boy dégarni. Elle va donc mener son petit chemin, entre diverses villes des USA (et quelques retours en Sibérie), diverses expériences, diverses rencontres.
Cependant, l'ensemble n'a rien de bien palpitant et je me suis sacrément ennuyée à lire cette « folle équipée » qui n'a de folichon que le titre. Qu'ai-je donc à reprocher à ce premier roman d'Anya Ulinich ?
Pas grand-chose, sinon sa totale fadeur et peut-être aussi, son manque de précision. En effet, on ne voit pas nettement où l'auteure a vraiment voulu en venir avec cette histoire qui est aussi un peu la sienne. Bien sûr, on sent qu'Ulinich a voulu montrer la démarcation qui existe encore à l'heure actuelle (et peut-être plus que jamais) entre le monde post-soviétique et le monde américain…. sans toutefois renvoyer les deux pays dos à dos. En effet, si Sasha ne trouve pas sa place en Sibérie, elle ne découvre pas pour autant le grand bonheur aux USA. Elle galère pas mal, à la recherche de l'endroit, de l'être, de la vie, qui va lui convenir. Ce schéma-là, il est clair qu'on le sent, mais de manière diffuse, mal dessinée, mal marquée : en effet, on n'arrête pas de se perdre dans une succession de petites scènes insignifiantes qui noient bien souvent la trame générale.
Par ailleurs, le personnage de Sasha est également imprécis : le lecteur a la sensation d'être en face d'une sorte de fantoche pour lequel il ne ressent pas grand-chose. Cependant, par ci, par là, quelques traits saillants tentent péniblement de lui donner un côté trash et underground et sont plaqués sur un ensemble inconsistant : Sasha porte donc des dreadlocks, c'est une fille-mère, elle fume de l'herbe… Par ci par là, également, des thèmes - censés être profonds et toucher à la problématique générale du roman - sont lancés, mais... sans suite : par exemple la relation de Sasha à la judaïcité.
Pour le reste, je dois quand même dire qu'Ulinich n'écrit pas mal… son style est certes, classique, sans grande saveur, mais l'ensemble est fluide et glisse bien ; on se laisse très vite bercer par le cours vaguement ennuyeux de cette eau tiède et tranquille qui nous est donnée à lire. La construction du roman est également correcte, même si je n'ai pas tellement compris l'intérêt de ces chapitres consacrés à d'autres personnages que Sasha, et par conséquent, déconnectés de la folle équipée de l'héroïne.
Bref, beaucoup d'ennui… et la sensation d'avoir eu entre les mains un roman qui aurait pu être exaltant, mais qui s'avère être totalement inabouti…. Et une question : suis-je vraiment passée à côté de cette première œuvre d'une écrivaine très prometteuse ?
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