LECTURES VAGABONDES

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Romain Puértolas : Tout un été sans Facebook / Bonne lecture d’été

       

     Même si je n’ai pas apprécié L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikéa de Romain Puértolas, je me suis laissée tenter par Tout un été sans Facebook, que le même auteur fait paraître en 2017 aux éditions Le Dilettante.

 

              Nous sommes à New York, Colorado. Attention, cette petite ville n’a rien à voir avec la grosse pomme située sur la côte est des États-Unis. Là, il n’a a rien, pas même de réseau pour capter Facebook. C’est dans ce trou du cul du monde qu’Agatha Crispies travaille dans la police. Autrefois, elle travaillait à New York (la mégalopole qu’on connaît tous) mais elle a été mutée à New York Colorado par sanction. Dans ce New York-là, il n’y a quasiment rien à faire. Voilà pourquoi elle s’occupe d’un club de lecture tandis que d’autres collègues s’adonnent au tricot ou aux fléchettes. Or, voici qu’un meurtre horrible est commis : Peter Foster est retrouvé mort dans son appartement, le corps criblé de coups portés par des aiguilles à tricoter. Bientôt, c’est un homme non identifié qui est retrouvé mort au bord d’un lac, le corps criblé de coups portés par des fléchettes. Enfin, la voisine de Peter Foster est retrouvée pendue dans son appartement. Agatha Crispies mène l’enquête avec des méthodes quelque peu hasardeuses. Ainsi soupçonne-t-elle à peu près toutes les personnes qu’elle croise, y compris Jacob Delafon, le bûcheron qui deviendra son amant d’un soir. Un jour, alors qu’elle enquête avec son coéquipier aux alentours du lac où on a retrouvé le second cadavre, elle est agressée par des membres du Ku Klux Klan et découvre que le shérif MacDonald fait partie de ce groupe raciste. Bientôt, Agatha soupçonne MacDonald d’être le meurtrier. Mais ce dernier renverse l’accusation et confond Agatha qui, parce qu’elle veut retourner enquêter au NYDP, avait besoin de meurtres à élucider dans cet autre New York où rien ne se passe jamais. Alors, pour sauver sa peau, Agatha tue le shérif MacDonald. Facilement disculpée lors de son procès, Agatha retrouve ses fonctions au sein du NYDP.

 

              Avec tout un été sans Facebook, Romain Puértolas signe un roman amusant, truculent, de bien meilleure facture que L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikéa.  

              D’abord, le roman pourrait se classer dans le genre policier sauf qu’il se joue sans cesse des codes du genre. Il foisonne de clins d’œil à la littérature - policière ou non - ou encore aux séries policières à la mode en ce moment. En effet, puisqu’Agatha Crispies est aussi la fondatrice au club de lecture de New York Colorado, ses goûts en matière de lecture sont évoqués : elle déteste l’Ulysse de Joyce, elle regarde d’un œil critique le comportement de Scarlett, l’héroïne d’Autant en emporte le vent. Mais bien évidemment, c’est aux incontournables du genre policier que Romain Puértolas fait souvent référence : Agatha Christie, en tête. D’ailleurs, la chute du roman, inattendue en ce qui concerne la meurtrière est un bel hommage aux dénouements déroutants de la star du genre. Parmi les plus fameux, on trouve le dénouement du Crime de l’Orient Express, ou encore de celui des 10 petits nègres.

              Mais avant toute chose, quand on lit ce roman, on s’amuse. L’enquête est farfelue, menée de manière hasardeuse par ce pied nickelé d’Agatha Crispies. Dès qu’elle croise un personnage, elle le soupçonne d’avoir commis le meurtre. Ainsi, dans la liste des suspects, on trouve même un écureuil radioactif.

              Outre l’enquête amusante, l’enquêtrice, Agatha Crispies est aussi un personnage truculent. Elle passe son temps à manger des donuts, et tout comme Columbo, se balade dans une voiture improbable : une voiture publicitaire ornée d’un énorme donut géant sur le toit.

              Enfin, le roman propose aussi la chronique d’un coin perdu de l’Amérique où il ne se passe rien et où même internet n’arrive pas à passer. Du coup, pas de Facebook, mais des activités ludiques destinées à égayer le quotidien vide du commissariat de New York Colorado. On tricote, on joue aux fléchettes, on lit.

J’ai donc passé un bon moment de lecture avec Tout un été sans Facebook. Je m’excuse auprès de romain Puértolas qui demande à ses lecteurs de ne pas dévoiler le nom du meurtrier ; je l’ai fait. Mais si on ouvre la dernière page de roman, vous tomberez alors sur une belle surprise que je ne dévoilerai pas !



28/08/2022
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