LECTURES VAGABONDES

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Philippe Séguy : Journal de Joséphine B., impératrice/Un journal assez impérial

       

          En ce mois d’avril 2021, on commémore les 200 ans de la mort de Napoléon 1er. Alors, pour marquer le coup, je vous propose d’aller à la rencontre du grand amour de sa vie : Joséphine de Beauharnais, à travers un journal intime fictif, le Journal de Joséphine B., impératrice, écrit par Philippe Séguy en 2014 et paru aux éditions Flammarion. 

 

          Ce pseudo-journal intime sensément écrit par Joséphine de Beauharnais débute dans le couvent des Carmes transformé en prison à l’heure de la Terreur en 1794. Joséphine y est enfermée et vit dans l’angoisse d’une prochaine exécution. Il n’en sera rien, mais lorsque Joséphine retrouve la liberté, elle est veuve et mère de deux enfants : Eugène et Hortense. Si elle est l’amie et accessoirement la maîtresse de Paul Barras, figure incontournable du Directoire, elle reste toutefois attachée à l’ancien régime dont sa famille est issue et protège le fils de feu le roi Louis XVI. Mais pour mettre à l’abri ses affaires, elle s’unit à un général très en vue : Bonaparte. Très occupé par diverses campagnes militaires, et particulièrement la campagne d’Italie, Bonaparte est toujours en vadrouille et Joséphine profite de son absence pour le tromper avec un certain Hippolyte Charles. Mais peu à peu, les succès de Bonaparte séduisent Joséphine qui s’éprend profondément de son époux, d’abord consul de France, puis empereur. Désormais impératrice, Joséphine s’avère incapable de donner à Napoléon 1er et à la France un héritier. C’est donc par devoir que Napoléon divorce de Joséphine pour prendre comme épouse une princesse autrichienne : Marie-Louise d’Autriche. Cependant, toujours éprise, Joséphine assiste au déclin progressif son ex-époux, Napoléon, très critiqué, empêtré dans des guerres meurtrières. Désormais seul face à l’Europe, Napoléon se voit contraint d’abdiquer alors que les russes occupent Paris. C’est depuis l’île d’Elbe où il est exilé que Napoléon apprend la mort de son ex-épouse, Joséphine.

 

          Avec le Journal de Joséphine B., impératrice, Philippe Séguy offre à son lecteur une plongée dans la passionnante histoire de la France à un moment charnière puisque nous sommes à la fin de la monarchie absolue et de l’ancien régime mis à mal avec la révolution de 1789 et nous assistons aux débuts du règne de la bourgeoisie avec 4 régimes différents : la 1ère république, le Directoire, le Consulat, et enfin, le 1er empire. A ce titre, Joséphine de Beauharnais est un personnage tout à fait emblématique de cette charnière puisqu’elle est issue de l’ancienne monarchie par sa famille, les Tascher de la Pagerie et puisqu’elle reste attachée à cette monarchie par son action auprès du fils du roi guillotiné, Louis XVI ; mais elle est cependant une figure incontournable des nouveaux régimes et notamment du 1er empire par son titre d’impératrice.

          Cependant, le Journal de Joséphine B., impératrice, est aussi un roman ambitieux et parfois compliqué à suivre. En effet, les non-spécialistes de Napoléon dont je fais partie se perdent facilement dans les méandres du quotidien de Joséphine de Beauharnais. De par sa position d’impératrice, la jeune femme assiste à de nombreux diners, bals, cérémonies et autres événements qui jalonnent son quotidien et la font croiser des personnages importants de l’époque, mais aujourd’hui accessoires et tombés dans l’oubli. Ainsi, le journal regorge d’anecdotes qu’on peine à suivre car elles demandent un prérequis : bien connaître l’Histoire et les VIP du début du XIXème siècle.

          Certes, de manière générale, on perçoit bien le portrait d’ensemble que Philippe Séguy propose de l’impératrice Joséphine, femme moderne et complexe qui a su se faire aimer des Français. Joséphine fut une femme sensuelle, qui eut plusieurs amants et ne fut pas totalement fidèle à Napoléon, son époux. Cependant, l’amour qu’elle éprouvera pour lui continuera bien au-delà du mariage : alors qu’elle est divorcée, elle aime toujours et souffre pour l’empereur déclinant dont elle épouse jusqu’au bout le destin. Par ailleurs, elle est aussi une mère et une grand-mère aimante et elle souffre intérieurement de la mésalliance qu’endure sa fille Hortense, épouse de Louis, frère de Napoléon et reine de Hollande. Mais Joséphine est aussi une intrigante qui sait mettre ses affaires en sureté et mener sa barque d’une main assurée : alors qu’elle sort de prison, dépouillée, elle devient la maîtresse de l’homme en vue du Directoire, Paul Barras, puis épouse l’intrépide général Bonaparte. Enfin, Joséphine est aussi une femme aux goûts luxueux : elle aime les belles tenues, elle décore richement la Malmaison, une demeure affectionnée de Napoléon, elle a une passion pour la culture des roses.

          Bien évidemment, le roman offre aussi un portrait indirect de Napoléon. S’il correspond bien à ce que tout le monde connaît de lui (homme intrépide et infatigable, guerrier énergique, conquérant inépuisable), il est aussi un homme sombre, torturé et fragile à l’heure du déclin. S’il aime passionnément Joséphine, il sacrifie cet amour sur l’autel de l’empire français auquel un dauphin est nécessaire et épouse la froide Marie-Louise d’Autriche qui donnera naissance à l’Aiglon.

          Ainsi, j’ai assez aimé le Journal de Joséphine B., impératrice même si je me suis un peu perdue dans l’exhaustivité de l’ensemble. Visiblement, l’impératrice fascine notre romancier Philippe Séguy qui lui a consacré un autre roman intitulé Stanislas ou un caprice de Joséphine.   

 

 

 

 

 

 



30/05/2021
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