Philip Teir : La guerre d’hiver/Une guerre qui manque d’éclat
Certes, il s’agit d’une coïncidence, mais voilà qu’à la fin de l’hiver, je m’octroie une lecture de circonstance puisque je propose de parcourir le roman que Philip Teir a fait paraître en 2015 aux éditions Albin Michel : La guerre d’hiver.
Le roman présente le parcours de quatre personnages d’une même famille vivant en Finlande à Helsinki ou en Angleterre à Londres : les Paul. Les parents, Max et Katriina Paul ont une soixantaine d’années et deux filles : Helen, mariée à Christian et mère de deux enfants : Amanda et Lukas ; Eva, artiste peintre vivant à Londres. Pendant un hiver, nous allons partager la vie menée par ces quatre personnages en pleine crise. Max, éminent sociologue, écrit une biographie de Edvard Westermarck, autre sociologue de la fin du XIXème siècle qui s’est intéressé à la question du mariage dans diverses cultures. Cependant, son étude peine à avancer et Max finit par douter de l’intérêt d’un tel ouvrage. En attendant, il revoit une de ses anciennes étudiantes, Laura Lampela, qui, devenue journaliste, propose d’écrire un article sur son travail. Il accepte. Alors que la femme de Max, Katriina, se rend à Manille pour le travail, Max couche avec Laura. C’est alors que Katriina décide de divorcer d’avec Max. Pendant ce temps, Helen, la fille ainée de Max et de Katriina, mène une vie qui ronronne avec son époux, son travail d’enseignante, ses deux enfants. Cependant, Christian, l’époux d’Helen, rencontre un certain Michaël qui bouleverse sa vie car ce dernier réveille en lui une espèce de fureur de vivre qui secoue la routine conjugale. Quant à Eva, elle vit à Londres et entretient une liaison adultère avec Malik, son professeur. Cependant, elle est aussi attirée par un certain Russ, altermondialiste engagé. Les deux jeunes gens se rapprochent lorsqu’Eva tombe enceinte de Malik et décide d’avorter. Cependant, alors que sa grand-mère est souffrante, que Max et Katriina annoncent leur décision de divorcer et de vendre le cagibi - nom donné à la maison de famille des Paul - Eva revient à Helsinki et trouve l’inspiration pour sa future œuvre artistique. Côté sentiment, elle épouse Russ après l’hiver et le printemps : l’épilogue se déroule en Juin et nous quittons la famille Max réunie à l’occasion de ce mariage.
Philip Teir est un écrivain finlandais et La guerre d’hiver possède cette lenteur et cette propension à s’attacher aux moindres détails du quotidien, deux caractéristiques de la littérature scandinave dont j’avoue que je ne suis pas fan. Mais voyons d’abord le titre du roman ; La guerre d’hiver oppose la Finlande et la Russie à la fin de 1939 et au début de l’année 1940, entre novembre et mars. Cette guerre dure donc une bonne saison, saison hivernale. Le roman de Philip Teir se déroule, de la même manière, le temps d’un hiver et propose d’observer une famille constituée de trois couples principaux, trois couples en crise, plus ou moins en guerre, donc. Max et Katriina s’apprêtent à divorcer tandis que leurs filles vivent, soit dans la monotonie d’un mariage sans histoire, soit dans l’instabilité d’une relation adultère.
Le principal intérêt de ce roman est d’offrir une discrète satire d’une famille bourgeoise d’intellectuels ou d’artistes confrontés aux difficultés de la vie et de l’amour : mariage, divorce, adultère, rencontres. Ainsi, l’ensemble est globalement plaisant et amusant ; Philip Teir aborde les petits évènements du quotidien de manière humoristique : les repas où les tensions et les malentendus font jour, les rencontres avec leurs non-dits et leurs possibles, la bizarrerie des rapports humains (par exemple, Eva se lie d’amitié avec Sarah, la femme de Malik, son amant).
Cependant, La guerre d’hiver, c’est aussi un roman peu marquant : le livre, une fois refermé, s’oublie vite car les personnages et leurs histoires manquent de relief ; par ailleurs, les difficultés sentimentales des individus, voilà un thème battu et rebattu en littérature et la manière dont Philip Teir l’aborde n’a rien de bien original : il s’agit de considérer le mariage et les tentations qui le menacent et le remettent en question.
Il est vrai que cette année, le printemps a du mal à s’installer et l’hiver refuse de se faire oublier, contrairement au roman de Philip Teir. Ah ! Si seulement le contraire avait été vrai !
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