LECTURES VAGABONDES

          Nous reprenons le récit de la vie d’Amenhotep, l’élu des dieux, racontée dans ce second tome de La Trilogie : Le devin d’Egypte. Pauline Gedge l’a écrit en 2008 et le roman paraît en 2010 aux éditions Balland.

          Huy coule des jours heureux et plutôt tranquilles dans son village natal d’Athribis, en Egypte, auprès de son amie d’enfance devenue son scribe : Ishat. Cependant, rappelons que notre héros a un pouvoir divin : il sait lire l’avenir d’une personne en lui prenant la main. Ce don lui a été octroyé après un accident qui a causé sa mort, mort dont il est revenu quelques jours plus tard. Mais en contrepartie de ce pouvoir, Huy est impuissant et ses visions lui occasionnent de sévères migraines. Ainsi, si Huy aime profondément Ishat, il ne peut lui offrir une vie de femme et d’épouse. C’est pourquoi la jeune femme décide d’épouser le meilleur ami d’Huy, Touthmôsis, et de partir vivre auprès de son mari à Héliopolis. A l’occasion de ce mariage, Huy revoie son grand amour : Anoukis. Malheureuse en mariage, la jeune femme n’est plus que l’ombre d’elle-même car elle a sombré dans l’alcoolisme ; d’ailleurs, en ce qui la concerne, Huy a une vision funeste. Pour remplacer Ishat, Huy s’octroie les services d’une autre femme scribe : Thothotep. Les années passent et un jour, Huy est appelé auprès du pharaon pour une mission : il doit livrer son interprétation d’un rêve qu’a fait un de ses fils, Touthmôsis, rêve dans lequel il se voit pharaon à la place d’Aménophis, l’héritier officiel du trône d’Horus. Certes, Huy n’est pas dupe : le pharaon et son fils ont inventé ce rêve pour légitimer la succession de Touthmôsis sur le trône d’Horus. En effet, le pharaon actuel voue un culte spécial au dieu Aton au détriment d’Amon et déplace la capitale de l’Egypte de Thèbes, à Memphis. Or, Aménophis, le successeur légitime de l’actuel pharaon, reste, sur cette question du trône, dans une position traditionnaliste, contrairement à Touthmôsis. Voilà pourquoi la collaboration du devin est nécessaire pour modifier l’ordre de la succession au titre de pharaon. Huy, pris au piège, apporte sa caution au rêve de Touthmôsis, et craint une vengeance du dieu Atoum : et si les dieux allaient s’en prendre à une personne chère à son cœur comme Ishat ? Par ailleurs, Aménophis, le prétendant légitime au trône d’Horus, demande à Huy de lire son avenir et il s’avère qu’il est destiné à s’exiler pour laisser la place de pharaon à son frère. Cet exil ne devrait pas durer très longtemps car Touthmôsis ne devrait régner que dix années, mais c’est son fils, également prénommé Aménophis, qui prendra la succession. Ainsi, Aménophis et sa descendance ne monteront jamais sur le trône d’Horus. Ces prédictions permettent à Huy d’entrer en contact avec Moutemouia, femme de Touthmôsis et future reine, qui craint les positions religieuses de son mari et reste, sur cette question, traditionnaliste. Elle envoie régulièrement son fils, Aménophis, futur pharaon, auprès de Huy pour qu’il prenne part à son éducation. Les années passent, Aménophis grandit et devient pharaon. Cependant, ce dernier demande à Huy et devenir son conseiller et son scribe. Impossible de refuser. Huy doit tourner la page. D’ailleurs, les choses vont dans ce sens car Huy perd ses deux parents, puis reçoit l’annonce de la mort d’Anoukis. Il se sépare de tous ceux auprès de qui il vivait dans son domaine d’Athribis, y compris Thothotep, sa fidèle scribe. C’est sur l’image d’un Huy qui s’éloigne d’Athribis sur son bateau que se referme ce second tome de La Trilogie.

          Dans ce second opus de la saga consacrée au devin Amenhotep, on retrouve Huy (qui deviendra le fameux devin Amenhotep) et Ishat dans, tout d’abord, une première partie poussive, faite des petites choses du quotidien, particulièrement constituées d’allers et retours encre Athribis et Héliopolis. Deux grands événements à  noter, dans cette partie : le mariage d’Ishat et de Touthmôsis, le meilleur ami d’Huy, et les retrouvailles de ce dernier avec son grand amour, la sœur de Touthmôsis, Anoukis, désormais bien dégradée physiquement ; Huy se rend compte qu’il ne l’aime plus et sent que l’avenir de cette dernière est bien sombre. 

          La seconde partie de ce second tome est plus dense. On y raconte le complot du pharaon pour imposer son fils cadet à sa succession au détriment du fils héritier légitime. Derrière le conflit familial, se cache un complot politique et religieux, puisque ce choix du pharaon pour son second fils implique la mise en avant d’un autre dieu – Athon - contre le dieu traditionnel de l’Egypte, Amon. Memphis devient donc la ville impériale et non plus Thèbes. Ainsi, Huy est amené à trahir la tradition et à valider le choix du pharaon ; s’il ne l’avait pas fait, son avenir aurait été compromis. Mais mis à part cette péripétie, pour le reste, cette seconde partie nous fait replonger dans l’évocation du train-train quotidien. Cependant, cette partie se termine sur un espoir pour le troisième opus qui va plonger le lecteur au cœur du pouvoir puisque Huy est appelé à la cour du pharaon pour y devenir conseiller.  

          Ainsi, ce second tome de La Trilogie ne recèle rien de bien passionnant et m’a bien déçue ; le personnage d’Huy n’évolue pas et on s’attarde sur tout un tas de personnages qui ne servent à rien, n’apportent à rien à l’intrigue, et semblent être là pour meubler l’entourage d’Huy. Cet entourage est particulièrement constitué de serviteurs qui servent à faire tourner le domaine que détient Huy à Athribis. Mention particulière pour la scribe qui remplace Ishat, après le mariage de cette dernière, Thothotep. Si des liens de confidences se mettent progressivement en place entre elle et Huy, elle ne sert strictement à rien, finit par épouser un serviteur du domaine et n’accompagne pas Huy dans la suite de ses aventures.

          Conclusion : je suis fin prête pour lire le dernier tome de la saga, tome intitulé Le conseiller du pharaon. Certes, j’espère mieux que ce que j’ai lu dans le second tome… à suivre, donc.