LECTURES VAGABONDES

  Tout le monde connaît la célèbre légende de la comtesse Erzébeth Bathory et de ses obsessions lesbiennes et sanguinaires. Avec Patrick Mc Spare, nous allons nous plonger dans cette effroyable histoire à travers un roman intitulé Comtesse Bathory qui parait en 2013 aux éditions Eclipse.

      La comtesse Bathory vient de perdre son époux : Ferencz Nadasdy et règne désormais seule sur son petit fief de Hongrie : Cachtice. Mais derrière cette maitresse-femme se cache une terrible meurtrière : pour satisfaire ses pulsions érotiques, elle enlève des jeunes filles pour les violenter. Obsédée par la jeunesse, elle finit par les vider de leur sang qui, selon la sorcière Ilona qui la conseille dans ses macabres agissements, serait vecteur de jeunesse éternelle. Un jour, elle retrouve un ancien amant nommé Cadevrius qui revient bouleverser sa vie. En effet, il lui présente une jeune sorcière – prénommée Anna et dont la comtesse tombe immédiatement amoureuse – et lui promet l’immortalité si elle fait allégeance à Satan, ce qu’elle fait. Cependant, plusieurs personnes sont alertées par les enlèvements de jeunes filles et veulent combattre Satan et ses forces obscures. Ainsi, Vincent de Guise, Victoria Caldwell et Janos Trencka se mettent en route pour combattre la comtesse Bathory. Un certain Calvin Hugues poursuit ce même dessein, indépendamment. De son côté, la comtesse est initiée par Cadevrius et dans un rite satanique qui l’emmène dans des temps lointains où elle change de sexe, elle connaît la guerre et le sang ; elle est sur la voie de l’immortalité. Cependant, ces pratiques occultes vont être chamboulées par notre équipe de mercenaires qui parviennent à trouver l’entrée du château via un souterrain. Trenka laissera la vie dans cette première expédition. Quant à Victoria, elle trouvera la mort lors d’une seconde expédition, sous la lame d’une réincarnation de Gilles de Rais. Vincent de Guise, amoureux de Victoria, décide de venger la mort de sa bien-aimée. Il tue Gilles de Rais, puis n’aura de cesse de traquer la comtesse Bathory et son équipe. Alors qu’elle est en guerre contre les Habsbourg, le rival de Cadevrius, Daga Wolf, lui révèle que ce dernier est un imposteur : il n’est qu’un sorcier et en aucun cas les rituels qu’il pratique n’apporteront à Erzébeth Bathory l’immortalité. Par ailleurs, il déclare qu’Anna, dont Erzébeth est éprise, et qui fait de l’ombre à Cadevrius, va être assassinée par ce dernier. Et c’est ce qui se passe. Éplorée, elle tue Cadevrius avant de se faire enlever par Vincent. La dernière scène se situe chez Hoffmann, qui est à l’origine de toutes les tentatives des uns et des autres pour abattre la comtesse. C’est là que Trenka réapparaît pour tuer Vincent et mourir dans un coup réciproque. C’est là aussi qu’on apprend qu’Hoffmann est le père d’une bâtarde conçue avec la comtesse et que ce dernier a subtilisée à sa naissance, faisant croire à la mère que le nourrisson était décédé. Cette jeune fille fut l’une des victimes de la comtesse. Hoffmann est, quant à lui, assassiné par la comtesse. Des années plus tard, alors que qu’elle se voue à l’hégémonie de Satan, la comtesse se retrouve emmurée mais continue de croire en sa future immortalité et en la force de son esprit.

      Inutile d’y aller par quatre chemins. J’ai trouvé ce roman - Comtesse Bathory - extrêmement fastidieux à lire. J’ai mis plus de trois mois à en venir à bout tant il me tombait des mains, tant j’avais l’impression de perdre mon temps dans cette horrible lecture.

      En effet, le roman ne comporte que des scènes d’action, et aucun travail sur les personnages. Il accumule une suite de balivernes où alternent des scènes d’assassinat, de torture, le tout dans d’orgiaques bains de sang. La comtesse Bathory, on le sait, puisqu’elle est un personnage légendaire, est un être sanguinaire et s’en donne à cœur-joie lorsqu’il s’agit de trucider d’innocentes jeunes filles.

      Il ne faudrait certes pas oublier les scènes de sexe qui ponctuent régulièrement le roman. Romantique lorsqu’il s’agit de Victoria et de Vincent, nettement plus bestial lorsqu’il s’agit des autres personnages. S’égrènent alors des scènes de lesbianisme entre Anna et la comtesse, et des scènes de viol ou de sexe sadique lorsque la réincarnation de Gilles de Rais besogne de jeunes et frêles victimes ou même Anna, qui semble apprécier ces pratiques.

      Vient ensuite la face occulte du roman. On est alors confronté à des sorciers et des sorcières qui pratiquent des envoûtements ou des rituels dont le but est de procurer jeunesse éternelle ou encore immortalité à ceux qui s’y vouent. Au cours de ces séances, un pacte avec Satan est scellé et les personnages peuvent voyager dans le temps ou changer de peau. 

      Le roman propose également une veine fantastique où des vampires animés par le pouvoir de Cadevrius sortent de cercueils planqués dans une cave.

Par ailleurs, le roman propose une vision du monde très manichéenne : le clan des bons et des méchants est très marqué et les méchants sont vraiment très très méchants et très très antipathiques. Tous trouveront la mort à la fin du livre, dans un bain de sang grotesque où les zigouillages s’enchaînent à une vitesse effrénée au point qu’on se demande même si Patrick Mc Spare ne se livre pas alors à une parodie. A moins qu’il ne veuille se débarrasser vite fait de tous ces personnages, histoire de conclure.

      Pour terminer, je crois que ce roman plaira peut-être aux inconditionnels du genre gothico-médiévalo-fantastique. A ce titre, je ne suis pas mécontente d’avoir lu Comtesse Bathory car je ne m’étais encore jamais plongée dans ce genre de romans. Mais, ce qui est sûr, c’est que je n’y retournerai pas. Autre point à souligner à la décharge de Patrick Mc Spare, ce truc qu’il a pondu n’est pas trop mal écrit ; le phrasé est plutôt élégant. Est-ce suffisant pour prendre son pied ? La réponse est non, pour ma part.