LECTURES VAGABONDES

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Harlan Coben : Sous haute tension / Attention, basse tension !


                Pour le titre de l’article, j’ai hésité entre celui proposé ci-dessus et un truc sur le mode « deux de tension », tant l’intrigue que propose ce roman d’Harlan Coben – Sous haute tension, paru en 2012 aux éditons Belfond – est, non pas vraiment poussive, mais inintéressante au possible et par conséquent, très propice à la mise du lecteur en état de catalepsie totale.

                Miron Bolitar est agent spécialisé dans la gestion des carrières de sportifs de haut niveau. Il reçoit la visite de Suzze T, ancienne gloire du tennis, à présent enceinte de son mari, Lex Ryder, musicien du groupe HorsePower. Suzze est dans tous ses états : son mari l’a quittée à cause d’un message posté sur son compte Facebook, message qui met en doute sa paternité. L’ex-tennis-woman demande à Miron de retrouver son époux et de découvrir l’auteur du message. Mission accomplie très vite. Mais voilà que Suzze est retrouvée morte : overdose. Miron pense qu’il s’agit d’un meurtre car Suzze est clean depuis longtemps, et qui plus est, toute à la joie de devenir bientôt mère. Jamais elle ne se serait droguée si on ne l’avait pas forcée. Miron poursuit donc son enquête à la fois sur l’auteur du message et sur la mort de Suzze, double enquête qui l’entraîne sur la piste du leader du groupe HorsePower, Gabriel Wire et dans un réseau de drogue chapeauté par un certain Herman Ache. Il finit par découvrir le motif de l’assassinat de Suzze : elle venait de découvrir un secret très bien gardé depuis fort longtemps.

                Avec Sous haute tension, Harlan Coben nous offre un roman-thriller prodigieusement ennuyeux.

                D’abord, le problème posé au départ est totalement cucul et dénué d’intérêt : une nana lourdée par son mec à cause d’un message sur Facebook : non, mais allo, quoi ? Je sais bien qu’il est des auteurs qui veulent faire dans la modernité et dans les « nouveaux » problèmes qui se posent à la société, du fait de ses innovations technologiques sans lesquelles nulle vie n’est plus possible !!! Facebook, Twitter…. J’avoue que le point de départ ne m’a semblé ni palpitant, ni problématique, ni épineux, à l’image de tous ces gadgets qui polluent la vie de certains qui ne savent plus discerner le réel du virtuel au point de laisser ce dernier supplanter le premier… selon moi, le petit message posté sur Facebook qui inaugure la roman est un non-problème qui peut se résoudre en deux minutes, avec une bonne explication entre ces messieurs-dames, si seulement ils avaient seulement 2 de QI. Mais passons ! Lex a planté Suzze, son épouse enceinte dont il est amoureux, à cause d’un message posté sur Facebook. Allons-y pour la suite…. Fort mal engagée, je dois dire, avec des personnages plutôt cons-cons. Peut-être bonifieront-ils avec le temps ?

                Pas vraiment. Harlan Coben nous entraîne dans une histoire compliquée, à dormir debout… « Eh bien, me direz-vous, vous aimez les romans de Guillaume Musso ? Les trucs alambiqués, à dormir debout, ça ne vous fait pas peur ! ». Malheureusement, si. Ça me fait peur, car l’ensemble est mal mené, et indigeste au possible. Je passe sur la résolution de l’intrigue : il s’agit d’un secret qu’il ne fallait pas découvrir et dont je tairai la teneur, car il serait trop long à exposer… et surtout, je n’ai pas envie de me ridiculiser en me lançant dans cette improbable narration qui finirait par ressembler à un sac de nœuds qu’on s’évertue patiemment à détricoter en espérant enfin en venir à bout.

                Mais n’allons pas trop vite ! Avant d’arriver à bout de cette intrigue, il faut patiemment se farcir toutes les scènes inutiles qui jalonnent l’enquête. Miron Bolitar est un dur à cuire, et il faut bien le montrer – et Harlan Coben ne fait pas dans la délicatesse, sur ce point, mais plutôt dans la super lourdeur - à l’aide d’un tas de scènes inutiles et affligeantes. Par exemple, au début, notre héros se lance à la recherche de Lex, le mari de Suzze. Il le retrouve très vite dans une boîte branchée. Cependant, le videur ne veut pas laisser entrer Miron qui se fiche bien de cet avis. Après une discussion avec Lex, Miron se retrouve face au videur. S’ensuit une scène de castagne très longue… et bien évidemment, Miron s’en sort et le videur va à l’hosto. A quoi sert cette scène ? A mettre un peu d’adrénaline dans un roman qui n’en a pas ? A combler le manque d’inspiration ? Peut-être simplement la violence est-elle une recette qui marche, et qu’il faut donc ménager quelques scènes de ce type pour satisfaire les lecteurs qui veulent quelques hectolitres d’hémoglobine dans leur lecture ? Selon moi, on aurait pu se passer de cette scène qui n’apporte rien à l’intrigue… comme tant d’autres du même acabit. Il faut dire que lorsque Miron décide de rencontrer tel ou tel suspect, Harlan Coben ne connaît pas la technique du sommaire et nous inflige la conversation des personnages de A à Z. Même si au départ, il s’agit de se saluer, de prendre des nouvelles de mémé, du temps qu’il a fait hier dans le coin… Fichtre ! Quel pensum que tous ces dialogues mal écrits, insignifiants, sans tenue, noyés dans tout un tas de réflexions sans intérêt !

Enfin, je soulignerai le caractère stéréotypé des ficelles mises en œuvre pour la résolution de l’intrigue : une rock-star, de la drogue, du sexe, de la violence. Un enquêteur musclé, un dur à cuire relou qui aime dire « connard, enculé, pédé, si tu veux revoir ta mère, t’as intérêt à tout me dire, fillette ». On nage en pleine série américaine actuelle. Beurk.

Lire ce roman en Egypte sur un transat face à la mer rouge, ça fait un peu mieux passer la pilule de l’ennui. Dire que c’est une amie qui m’a filé ce roman ! Tandis que je m’enfile sa soupe indigeste, elle lit le dernier Musso : Demain, sur une plage de Marrakech, au Maroc. Je l’embrasse très fort depuis l’Egypte et je la remercie, car je voulais découvrir cet auteur, Harlan Coben, dont j’avais entendu parler. Alors tant pis si pour une fois la haute tension n’a pas fonctionné entre nous ! Pour le coup, nous étions plutôt sur le mode alternatif...



22/07/2013
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