Lorenzo Marone : La tentation d’être heureux /Malheureuse tentation
Avec un tel titre - La tentation d’être heureux - Lorenzo Marone nous promet un programme auquel tous, nous souscrivons. Reste à savoir si la promesse de ce grand bonheur est tenue par ce roman que l’auteur fait paraitre en 2016 aux éditions Belfond et qui s’intitule donc : La tentation d’être heureux.
Nous sommes à Naples, en Italie. Cesare Annunziata, 77 ans, foncièrement misanthrope, se remet en question. Veuf depuis plusieurs années, il ne se souvient pas vraiment d’avoir aimé sa femme, Caterina, avec laquelle il a eu deux enfants : une fille, Sveva, et un fils, Dante. Cependant, sa fille est malheureuse en ménage, et bientôt, Cesare découvre qu’elle a un amant beaucoup plus vieux qu’elle. Son fils, de son côté, est homosexuel et n’a jamais osé l’avouer à son père. C’est lors d’un diner en famille que Cesare avoue à Dante qu’il a instinctivement découvert ses préférences sexuelles et que ces dernières n’ont aucune importance à ses yeux. Mais qu’est-il en train d’arriver à notre misanthrope ? Depuis peu, un couple a emménagé dans l’appartement d’à côté, et de violentes disputes éclatent régulièrement. Emma, la jeune femme, est battue par son mari. Elle se rapproche de Cesare qui veut l’aider à se défaire de cet époux violent. Un jour, le drame se produit : Emma a été rouée de coups et décède à l’hôpital où Cesare l’a emmenée. Profondément ébranlé et rongé par la culpabilité, Cesare est victime d’un infarctus. Il va être opéré et c’est sur son lit d’hôpital alors qu’il égrène mentalement tous les petits plaisirs de la vie que nous laissons Cesare, bien décidé à être heureux.
La tentation d’être heureux est un roman assez décevant. Certes, il se laisse lire avec facilité mais il manque de force, de profondeur, et reste bien trop léger et inconsistant, vu la gravité du sujet.
En effet, le sujet abordé dans ce roman, c’est la vieillesse, sujet classique : ni très gai, ni très accrocheur dans une société encline au jeunisme. C’est donc Cesare, 77 ans, qui est le héros de ce roman.
Cesare, donc, est un personnage à la fois ronchon et misanthrope, peu sympathique, de prime abord. Mais au fil de l’histoire, il devient sensible à cause principalement d’une rencontre avec une femme battue : Emma. Ainsi devient-il en même temps sympathique. Cependant, le caractère de ce personnage n’est pas fouillé et jamais on a l’impression d’être face à un héros âgé car il ne suffit pas de balancer quelques vieux souvenirs pour brosser le portrait d’un vieil homme. Jamais dans le roman, on ne ressent l’expérience d’une vie.
Autre sujet douloureux abordé dans le roman, celui des femmes battues. De la même façon que Cesare, Emma, la femme battue, est un personnage inconsistant. Elle mange une fois avec Cesare avant de mourir sous les coups de son mari et c’est à peu près tout. Le sujet des violences conjugales n’est pas du tout traité et Emma n’est que le prétexte qui déclenche la remise en question qui va s’effectuer en Cesare.
Par ailleurs, le roman tente de faire le bilan d’une vie ; un bilan bien maigre puisqu’il il se borne à constater qu’il faut tout faire pour être heureux dans la vie. Ainsi, Cesare constate qu’il est resté toute sa vie avec une femme qu’il n’aimait pas vraiment ; qu’il a passé son temps à aimer des femmes de manière platonique dont l’une, Emma, était la sœur de son épouse ; et que, par conséquent, il faut quitter la personne avec laquelle on vit si on n’est pas heureux et savoir se contenter de petite choses, de petits plaisirs. Et le roman se termine sur une très lourde énumération de tout ce qu’a aimé Cesare dans la vie, les petites choses – surtout – comme les grandes choses, et ce, à l’heure où il s’apprête à subir une lourde opération dont il ne sait s’il s’en tirera.
Enfin, on rencontre, dans le roman, le fils homosexuel de Cesare. Lors d’un repas, il cherche à faire son coming-out, sujet à la mode s’il en faut ! Encore une fois, le sujet n’est qu’effleuré et traité de manière stéréotypée. En effet, ce fils a un petit-ami artiste : pour faire plus conventionnel, il aurait pu tout aussi bien être coiffeur ! De toute manière, l’un comme l’autre sont des personnages inconsistants et inexistants.
En bref, on l’aura compris, La tentation d’être heureux est un roman inconsistant, avec des personnages inconsistants qui entretiennent les uns avec les autres des relations inconsistantes. Autant dire que la morale finale qui se veut être une ode à la vie, tombe totalement à plat ! En tout cas, le roman La tentation d’être heureux flirte dangereusement avec la tentation qu’éprouve lecteur de jeter cette lecture-pensum à la poubelle, ce qui ferait un heureux de plus sur terre !
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