Laurence Favelelli : Laetitia H. Au cœur du clan Hallyday / Au cœur d’une tempête dans un verre d’eau
Avant de commencer la critique de ce témoignage consacré à Laeticia Hallyday, intitulé Laeticia H. au cœur du clan Hallyday, paru en 2019 aux éditions Michel Lafon, il convient de dire un mot à propos de son auteure : Laurence Favalelli. Cette gente dame travaille auprès du manager Sébastien Farran qui s’occupe alors de JoeyStar. Cependant, depuis 2009 – date à laquelle Johnny Hallyday fut hospitalisé - la carrière de la star bat de l’aile. Alors, en 2012, le directeur artistique de Johnny, Yarol Poupaud, décide d’engager Sébastien Farran, considéré comme plus rock’n’roll. Certes, s’occuper de quelqu’un de très people comme Johnny, ça change profondément du beaucoup moins conformiste JoeyStar. Au départ, Laurence Favalelli est fascinée par le charisme de Johnny Hallyday mais ne trouve pas forcément sa place auprès de lui tandis que son épouse Laeticia semble s’attacher à elle. Voilà pourquoi, en 2015, elle devient agent artistique de Laeticia. En effet, la jeune femme, qui a adopté les petites vietnamiennes Jade et Joy, est partie prenante dans l’association fondée par son amie Hélène Darroze, La bonne étoile, destinée à aider les enfants vietnamiens défavorisés et c’est pour assister Laeticia dans son action caritative que Laurence Favalelli intervient. Cependant, les relations entre les deux femmes sont assez intimes et vont plus loin que la simple relation de travail. Voilà pourquoi, jusqu’en 2019, un an après la mort de Johnny, Laurence Favalelli va vivre dans l’intimité de Laeticia, du couple qu’elle forme avec Johnny, puis, ensuite, elle sera aux premières loges lorsqu’il s’agira de négocier la succession de la star française du rock’n’roll.
Mais revenons un peu en arrière, à l’époque où Laurence Favalelli rencontre Laeticia. C’est à l’heure où émergent les réseaux sociaux que l’épouse de Johnny Hallyday prend une autre dimension. Toujours occupée à pianoter sur son smartphone, Laeticia construit son image sur Instagram. Elle est celle qui aime et supporte son époux, celle qui calme ses excès. Elle est tout amour, tout sourire. Toujours suivie par les paparazzis, elle passe sa vie à prendre des poses pour tous les magazines people de France et de Navarre. Quant à son action caritative au Vietnam, elle la mène de la même manière : sous les téléobjectifs des journalistes de presse-people. Derrière ses lunettes miroir et ce constant sourire, qui est vraiment Laeticia Hallyday ? Même Laurence Favalelli ne saurait le dire.
Cependant, c’est un drôle de couple que celui que forment Johnny et Laeticia Hallyday. On a, en effet, l’impression que l’un et l’autre vivent leur vie en parallèle. Tandis qu’elle construit son image de première supportrice de son mari, de divine protectrice et de garde-fou d’un Johnny un peu trop fou, irraisonnable et excessif, Johnny, de son côté, s’occupe de sa musique et de ses copains. D’ailleurs, notre super star de la chanson française est bien souvent rosse avec son épouse : il l’insulte en public, il la trompe pendant que elle ne quitte jamais son beau sourire
Mais, dès 2016, le vie du couple bascule : Johnny a un cancer. Commence alors une grande bataille contre la maladie que Laeticia va mener aux côtés de son époux. Certes, Johnny a encore trois ou quatre trucs à faire avant de mourir, notamment chanter auprès de ses copains Eddy Mitchell et Jacques Dutronc dans la tournée des vieilles canailles ; parfois, on remarque sa grande fatigue. Il y a aussi la grande virée à moto dans l’ouest américain avec ses copains de toujours. Laeticia, pendant, cette période, est souvent à bout de nerfs. Quand les choses commencent à se compliquer et que Johnny entre dans les derniers mois de sa vie, peu à peu, le monde autour de lui se rétrécit et ce sont toujours les même personnes qui se retrouvent à manger tous les soirs dans la villa de Marne-La-Coquette. Cependant, depuis déjà longtemps, il y a déjà un malaise entre Laeticia et les enfants légitimes de Johnny, particulièrement avec sa fille, Laura Smet. Alors que Johnny est en train de vivre la dernière journée de sa vie, Laeticia aurait barré la porte de la chambre à Laura et David qui, de ce fait, n’ont pas pu dire adieu à leur père. Cependant, Laeticia jure que c’est Johnny qui n’a pas voulu voir ses enfants avant de mourir.
Puis survient le décès de Johnny qui entraine tout le barnum qu’on sait. Comme lorsqu’il s’agit d’attribuer des places de concert à des amis, c’est la foire d’empoigne pour les places dans l’église de La Madeleine où auront lieu les obsèques du chanteur, pour les places dans les voitures qui vont escorter le corbillard sur l’avenue des Champs-Elysées. Et puis, le tension entre les enfants de Johnny, David et Laura, est visible puisqu’ils refusent de prendre part au cortège et préfèrent attendre le cercueil de leur père sur le parvis de l’église. Par la suite, c’est par leurs propres moyens qu’ils se rendent sur l’île de Saint-Barthélemy où aura lieu l’inhumation.
Après l’enterrement de Johnny, vient l’affaire de la succession de Johnny qui a déshérité ses propres enfants au profit de son épouse et de ses filles adoptives. Laura publie une lettre dans laquelle elle met en cause l’attitude de Laeticia qui, profitant de la faiblesse de Johnny, en aurait profité pour faire le vide autour de lui et installer ses propres pions sur l’échiquier que constitue leur entourage. C’est alors que le monde de Laeticia s’effondre car l’image de bonne fée souriante qu’elle a voulu se construire vole en éclats. D’un seul coup, elle devient une horrible marâtre manipulatrice. Alors, il va falloir se défendre et redorer ce blason terni par le cancanage d’une vilaine fille trop gâtée. Reconstruire cette belle image de l’épouse de Johnny dévouée et aimante, l’image de Laeticia Hallyday.
Comme on le voit, c’est surtout un récit que Laurence Favalelli propose dans ce témoignage. Elle y raconte ce qu’elle a vu, ce qu’elle a vécu au sein du clan Hallyday et ne donne que très rarement son avis sur telle ou telle chose, sur telle ou telle personne. Ainsi, Laeticia H. Au cœur du clan Hallyday ne tombe pas dans les travers de la médisance et du cancanage à tout rompre.
Cependant, on sent une certaine ironie dans le portrait que l’auteure dresse de Laeticia Hallyday. Lors des funérailles de son époux, elle insinue que Laeticia n’est qu’une pâle copie de Jackie Kennedy qui s’est érigée en véritable veuve éplorée lorsqu’il a fallu dire adieu à son mari alors président des Etats-Unis. Par ailleurs, elle copie sans talent Lady Diana lorsqu’elle s’occupe d’œuvres charitables. D’ailleurs, n’a-t-elle pas plus ou moins abandonné son action auprès des enfants vietnamiens qui ne lui apporte que critiques de la part de son public ? (qui pense qu’il y a tant à faire pour les enfants en France ! Alors pourquoi s’occuper des malheurs des petits asiatiques ?) Ainsi se consacre-t-elle plutôt désormais à l’association Le rire médecin qui a pour mission de mettre un peu de gaité dans la vie des enfants hospitalisés. Velléitaire, opportuniste, ne se souciant que de son image, voilà en gros, résumé la personnalité de Laeticia Hallyday. Plutôt rosse, ce portrait, me direz-vous, pour celui qui sait lire entre les lignes. Ainsi, Laurence Favalelli fait bien partie de ceux qui crachent dans la soupe, qui trahissent la main qui les a nourris et qui nourrissent en retour cette littérature qui fait son beurre sur le dos des people, même les moins intéressants.
Du clan Hallyday, l’image que Laurence Favalelli donne n’est guère plus reluisante. On est dans un monde à part, avec ses codes et ses non-dits. C’est aussi un monde artificiel, ou tout n’est qu’image et bling-bling. Enfin et surtout, c’est un monde étouffant et pour toutes ces raisons, Laurence Favalelli a tiré sa révérence et est allée se faire voir ailleurs en 2019. En effet, elle n’avait plus de vie privée et lorsqu’on pénètre dans le clan Hallyday, c’est bien ce qui arrive : on pénètre dans une sorte de cour royale où il faut savoir tenir et garder sa place, où on passe son temps à regarder des stars capricieuses faire leur petit show et à oublier sa propre vie et son entourage. Or, Laurence Favalelli est mère de famille et souhaite pouvoir se consacrer à ses enfants.
C’est au cœur de mes vacances d’été, dans une de ces ruches à bouquins qui fleurissent dans tous les villages du sud de la France que j’ai trouvé ce témoignage. J’ai assez aimé cette petite virée au cœur de la planète people même si je ne suis pas une inconditionnelle de Johnny Hallyday et encore moins de Laeticia qui, selon moi, n’a pas de talent particulier sauf celui d’avoir épousé une superstar de la chanson. C’était, disons-le, distrayant comme lorsqu’on lit Voici dans le cabinet du dentiste pour patienter. Divertissant, donc, mais insuffisamment intéressant pour renouveler l’expérience. Je m’en vais donc remettre Laeticia H. Au cœur du clan Hallyday dans la petite boîte où je l’ai pris, la boîte dans laquelle les gens déposent les bouquins qu’ils considèrent comme bons à mettre au rebut.
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