LECTURES VAGABONDES

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Michel Peyramaure : La Divine (le roman de Sarah Bernhardt)/Pas si divin, ce roman.

 

 

          On connaît tous, de réputation, la plus fameuse actrice de théâtre du XIXème siècle, actrice nommée Sarah Bernhardt. Michel Peyramaure, romancier féru d’Histoire, a décidé de consacrer à ce destin de femme hors du commun une œuvre intitulée La Divine (le roman de Sarah Bernhardt), œuvre qui parait en 2002 aux éditions Robert Laffont. 

 

          Le roman déroule les 79 ans d’existence de l’actrice Sarah Bernhardt en une succession de 26 chapitres titrés. L’ensemble est composé des récits de différentes personnes qui ont jalonné la vie de l’artiste, notamment sa bonne, madame Guérard, son amie et ennemie Marie Colombier, ou encore le célèbre dramaturge Victorien Sardou. Chacun apporte son témoignage et son point de vue sur la vie, les comportements, les faits et gestes de la fantasque Sarah Bernhardt.

          Sarah Bernhardt nait dans la seconde partie du XIXème siècle (1844) et meurt en 1923. Elle est la fille d’une courtisane, Julie Bernhardt. Elle aurait pu suivre le même destin que sa mère et sa tante Rosine, mais elle se prend de passion pour le théâtre et devient très vite une actrice remarquée et remarquable. Elle est, en effet, dotée d’un charisme et d’une voix hors du commun. Mais quel portrait de Sarah Bernhardt le roman propose-t-il ?

          Un portrait assez riche et foisonnant de Sarah Bernhardt se dégage de l’ensemble du livre. Tout d’abord, elle est une personne assez délurée et fantasque. Elle se prend de passion pour les animaux et possède à domicile une ménagerie comportant, entre autre, un singe, des perroquets, ou encore des serpents. Débordante d’énergie, elle enchaine les histoires d’amour et les amants avec enthousiasme ; elle aura deux maris et un fils qui se prénomme Maurice et qui, tout en adorant sa mère, la ruine car il dilapide l’argent et se trouve sans cesse entre deux dettes.

          Cette énergie débordante l’emmène aux quatre coins du monde où elle est connue et acclamée. Elle s’offre des tournées en Amérique, mais aussi en Asie dans une époque où voyager est sensiblement plus difficile et fatigant que de nos jours.  Par ailleurs, elle se lance aussi dans d’autres formes d’art que le théâtre ; elle aime la peinture et la sculpture. A la fin de sa vie, elle se sent attirée par un tout nouveau domaine : le cinéma. Puis, également à la fin de sa vie, l’actrice qui souffre depuis longtemps du genou, se fait amputer d’une jambe ce qui ne l’empêchera pas de continuer à hanter les scènes de théâtre.

          Par ailleurs, sa spontanéité lui fait prendre des risques. Si elle s’entoure d’une troupe bien à elle, elle n’hésite pas à délaisser la comédie française qui lui ouvre ses portes, pour se lancer dans des projets audacieux, comme celui de monter la difficile pièce de Musset : Lorenzaccio. Ainsi donc, Sarah Bernhardt est-elle une artiste complète qui côtoie l’intelligentsia de l’époque : elle croisera les chemins de Proust, Victorien Sardou, Edmond Rostand, ou encore Victor Hugo.

          Enfin, Sarah Bernhardt a aussi des côtés humanistes. Pendant la guerre de 70 contre la Prusse, elle se bat pour faire du théâtre de l’Odéon une salle d’hôpital. Pendant la guerre de 14-18, elle joue devant les soldats, pour les réconforter alors que la vie sur le front est si dure. 

 

          Comme on peut le constater, La Divine (le roman de Sarah Bernhardt) est un roman intéressant et instructif au niveau du portrait de cette femme hors du commun que fut Sarah Bernhardt. Cependant, il est loin d’avoir passionné la lectrice que je suis. Si le roman est polyphonique, les différentes voix sont indifférenciées et manquent singulièrement de relief. Toutes font plus ou moins le panégyrique de Sarah Bernhardt. Même son ennemie Marie Colombier qui a écrit sur Sarah un pamphlet intitulé Sarah Barnum chante les louanges de l’actrice ! Par ailleurs, le récit manque aussi de rythme à cause d’une narration assez plate.

          A l’heure où les biopics sont à la mode au cinéma, mais aussi en littérature, nous sommes face à un roman sérieux et intéressant sur Sarah Bernhardt, mais qui manque singulièrement de peps. Dommage pour un personnage aussi sulfureux que cette grande et inoubliable actrice !



18/10/2020
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