LECTURES VAGABONDES

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Jeanne Bourin : Le jeu de la tentation/Exquise tentation !

 

          Avec le jeu de la tentation, je poursuis la découverte des aventures de la médiévale famille Brunel déjà rencontrée dans la chambre des dames. Dans ce roman - toujours écrit par Jeanne Bourin - paru en 1981 aux éditions de la table ronde, l’héroïne, c’est la plus jeune des filles Brunel - Marie Brunel.

 

          Nous sommes en 1266 et le temps a passé pour la famille Brunel et son héroïne, Florie. Sa fille adoptive, Agnès Thomassin, est désormais adolescente et est éprise de son cousin germain : Thomas Brunel. Or, les épousailles entre membres d’une même famille sont interdites par la religion. Les jeunes et chastes amoureux se laissent abuser par trois truands lombards très peu recommandables qui les séquestrent et entendent demander rançon à la famille Brunel.

Cependant, ils réussissent à s’échapper mais au cours de leur fuite, Agnès tombe et est piétinée par son cheval. Elle survit mais est très mal en point. Thomas décide de se rendre à Rome afin de demander au pape une autorisation pour se marier avec Agnès. Pendant ce temps, les lombards s’en prennent à Marie Brunel, et font peser sur la famille le spectre du déshonneur. Autrefois, feu son mari, Robert Leclerc, a trempé dans le vice et a fait travailler des prostituées pour gagner de l’argent qu’il vouait au jeu ; cette corruption, les lombards menacent de la dénoncer en faisant paraitre des lettres de Robert. Marie informe son beau-père, Mathieu, de ce chantage. L’homme décide de payer pour la première lettre et de racheter la conduite de son fils en abandonnant tous ses biens afin de devenir pèlerin et vagabond. Marie informe aussi son amant, Côme Perrin, de la manœuvre des lombards et ensemble, ils décident de se rendre à la police. Les lombards seront bientôt définitivement mis hors d’état de nuire. C’est alors que Marie et Côme décident de se marier. Mais c’est sans compter la jalousie de la fille de Marie – Aude - née de son mariage avec Robert. Le jour des fiançailles de sa mère, Aude tente de se suicider et Marie décide de renoncer à son amour, Côme. Le drame frappe aussi ailleurs la famille Brunel : Agnès meurt des suites de l’accident de cheval et Thomas, lorsqu’il rentre, est frappé de douleur et décide de s’enrôler dans la croisade pour délivrer Jérusalem tombée aux mains des Sarrasins infidèles. L’épilogue se déroule en 1271. Thomas revient chez les siens, apaisé. Aude, la fille de Marie a grandi et tombe amoureuse de lui qui est aussi son cousin. L’histoire se répéterait-elle ? En tout cas, les deux amants décident de s’enfuir en Italie où, inconnus, ils pourront se marier. Accablée par le chagrin dû à ce subit abandon filial, Marie peut cependant envisager désormais un mariage avec son toujours bien-aimé Côme.

 

          Quel plaisir de plonger au cœur du Moyen-âge dans ce roman qui fait vivre de multiples personnages ! Si on zoome sur quelques membres de la famille Brunel, Jeanne Bourin n’oublie pas de les placer au cœur d’une grande fratrie qui se déploie et qui comprend aussi des artisans, des serviteurs, des villageois ou encore des paysans. L’ensemble nous fait pénétrer au cœur d’un quotidien du Moyen-âge fait de fêtes locales et populaires comme la Saint-Jean, mais aussi de petits métiers typiques : Marie s’adonne avec passion à l’enluminure dans son atelier qui compte aussi des artisans tandis qu’une autre aile de la famille Brunel fait profession d’orfèvre.

          Cependant, le Moyen-âge, c’est aussi une période particulière au niveau culturel et social et Jeanne Bourin recrée aussi cet univers pétri de religion. En effet, nous sommes encore loin du siècle des lumières et alors, le cours du monde et presque chaque fait et geste dépendaient de Dieu. Ainsi, Mathieu Leclerc, lorsqu’il apprend que son fils était un bandit corrompu, décide de faire vœu de pauvreté et d’arpenter le monde en pèlerin afin de recommander l’âme de son fils à Dieu et d’expier son crime.

          Cependant, le jeu de la tentation montre aussi la modernité du Moyen-âge en mettant en scène des personnages qui ont des préoccupations universelles et étonnamment actuelles. En effet, Marie est une jeune veuve qui souhaite refaire sa vie et se trouve confrontée à son rôle de mère. Comment donc Marie va-t-elle conjuguer son désir d’épouser son amant Côme Perrin et la nécessité d’élever au mieux ses enfants ? En effet, la petite Aude voit d’un très mauvais œil la liaison de sa mère avec le beau mercier.

          Avec Le jeu de la tentation, Jeanne Bourin nous captive encore et toujours et on a hâte de retrouver la famille Brunel dans le dernier tome de leurs aventures, tome intitulé Le grand feu.



03/02/2020
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