LECTURES VAGABONDES

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Honoré de Balzac : Eugénie Grandet/Un grand Balzac ?  

 

          Décidément, ces derniers temps, Balzac n’a pas vraiment la côte avec moi. Si j’ai préféré Eugénie Grandet à la cousine Bette, je ferai à Balzac, pour ce roman qu’il a écrit en 1834 et qui fait partie des scènes de la vie provinciale, les mêmes reproches.

 

          Nous sommes à Saumur sous la Restauration. Eugénie Grandet, une jeune fille à l’âme pure, grandit dans une famille dirigée d’une main de fer par son père, homme très avare qui a fait fortune sous la révolution. Deux familles cherchent à faire une alliance avec ce très beau parti qu’est Eugénie : les Cruchot, notaires, et les des Grassins, banquiers. Cependant, c’est dans le dénuement le plus complet que vit Eugénie qui passe sa vie à broder en compagnie de sa mère. Un jour, son cousin, le beau Charles Grandet, débarque à Saumur.

Son père, Guillaume Grandet est ruiné et s’est suicidé. Une idylle se noue entre Eugénie et son cousin. La jeune fille donne tout ce qu’elle a d’argent à son cousin pour qu’il puisse faire fortune aux Indes. De son côté, le père Grandet cherche à tirer parti du malheur de son frère en le faisant déclarer en faillite et en ne payant pas les créanciers. Lorsqu’il découvre qu’Eugénie s’est dépouillée pour aider son cousin, le père Grandet entre dans une rage folle et traite sa fille comme une véritable paria, ce qui affecte profondément son épouse - et mère d’Eugénie - qui se consume de chagrin à l’idée de savoir sa fille nourrie au pain sec. La pauvre femme finit par mourir et le père Grandet parvient à manipuler sa fille pour qu’elle renonce à l’héritage de sa mère. Un jour, bien des années plus tard, Eugénie reçoit une lettre de son cousin qui a fait fortune en Inde et l’informe de son intention d’épouser une demoiselle d’Aubrion qui lui permet de devenir comte. Devenue riche après la mort de son père, Eugénie décide d’épouser le président de Bonfons alias le fils Cruchot, tout en restant chaste et fidèle au souvenir de son seul amour : son cousin. Elle lave l’infamie qui pèse sur ce dernier en payant finalement ce que devait feu son père aux créanciers, permettant ainsi à cousin d’épouser mademoiselle d’Aubrion. Devenue veuve, Eugénie continue  à mener une vie monastique teintée de générosité puisqu’elle emploie sa fortune à des œuvres charitables.  

 

          Avec Eugénie Grandet, on retrouve la pâte habituelle de Balzac. Un départ très statique, qui décrit minutieusement les lieux et les personnages. Dans ce roman, c’est l’avarice qui est mise en scène dès le départ avec une demeure très austère et mal entretenue. Puis, Balzac introduit le personnage responsable de cette situation : le père Grandet. J’ai quand même eu l’impression que l’auteur exagérait cette obsession de Grandet pour l’argent, surtout au moment où il met sa fille au régime sec pendant des années parce qu’elle a osé disposer librement de son pécule qu’elle a donné à son cousin !

         Face à ce monde obsédé par l’argent, le personnage d’Eugénie s’inscrit en opposition. Elle vit dans le dénuement le plus complet et l’accepte parce qu’elle porte en elle d’autres valeurs, notamment celle de l’amour inconditionnel et impérissable. A l’amour pour ce cousin finalement bien ingrat, elle sacrifiera toute sa vie, refusant de s’attacher à un autre, allant jusqu’à permettre à ce fat d’épouser la comtesse d’Aubrion parce que c’est ce qu’il veut.

Alors, certes, on est sensible à la qualité de l’écriture, à cette vision désabusée du monde que porte Balzac : dans un XIXème siècle gouverné par l’argent et l’opportunisme, un cœur pur est forcément perdant et finit sacrifié. Mais j’avoue que cette tendance qu’a Balzac à entrer dans les détails des manœuvres financières de Grandet, finit par être insupportable car les passages incriminés sont quand même très ennuyeux.

         Ceci dit, je n’en ai pas fini avec ce cher Honoré qui, je suppose, entretenait des rapports bien ambigus avec l’argent – sans doute une certaine fascination car vraiment, il est trop au courant de ces affaires-là pour être honnête. Je ne m’avoue pas vaincue et espère pouvoir renouer avec l’enthousiasme que j’ai éprouvé à la lecture de certains autres romans de ce grand écrivain.



23/09/2019
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