Ch’onMyonggwan : Une famille à l’ancienne/Une famille peu fréquentable
Aujourd’hui, je vous propose de faire une incursion en Corée du sud, pays à la littérature assez méconnue. Voyons donc si le roman Une famille à l’ancienne de Ch’on Myonggwan paru en France en 2016 aux éditions Actes Sud vaut la peine d’un petit détour.
Nous sommes en Corée du Sud, dans un quartier populaire de Séoul. Là vit une famille de pieds nickelés qui compte d’abord Maman, veuve et mère de trois enfants ; l’ainé se nomme O’le Marteau : il a trempé dans le commerce de la drogue, violé une femme et a effectué, pour ce, plusieurs années de prison ; la fille se prénomme Miyon : elle se prostitue et compte à son actif plusieurs mariages ratés ; elle est également mère de la délurée Mingyong. Le narrateur, quant à lui, est revenu vivre auprès de sa famille après l’échec de son film ; ses projets cinématographiques sont désormais tournés vers la pornographie. Toute cette petite famille vit en communauté, les uns s’accommodant tant bien que mal des autres. Un jour, Mingyong disparait alors que plusieurs meurtres de jeunes filles défraient la chronique. Notre narrateur, Inmo, se lance à la recherche de sa nièce et du tueur. D’ailleurs, il soupçonne son frère, O’le Marteau, d’être responsable des crimes. C’est pourtant ce dernier qui va retrouver Mingyong et lorsque la police découvre le coupable des assassinats de jeunes filles, il s’avère qu’il en est totalement innocent. Peu après, O’le Marteau qui trempe dans des affaires pas très nettes, doit s’exiler et quitter la Corée du sud. C’est avec Mlle Suja, une coiffeuse dont le narrateur fut épris pendant quelques temps, qu’il part. Cependant, Inmo doit subir le contrecoup des activités louches de son frère et est passé à tabac par un marchand de médicaments et ses acolytes. Laissé en plan en pleine rue, blessé, il est soigné par Kathleen dont il tombe amoureux et avec laquelle il va vivre tandis qu’il poursuit sa carrière dans le cinéma pornographique.
Si la quatrième de couverture annonce un roman génial, totalement novateur dans le panorama de la littérature coréenne, je dois dire que, pour ma part, j’ai trouvé Une famille à l’ancienne de Ch’on Myonggwan décevant. Certes, on a tous les éléments pour la réalisation d’un roman truculent : l’histoire se déroule dans le milieu populaire, les personnages sont des pieds nickelés, partisans de la débrouille, des activités louches ou minables. Pour parfaire le tout, on a aussi une brochette de femmes légères : Miyon a conçu sa fille, Mingyong, avec un représentant de passage dans l’immeuble. Et pourtant, malgré tous ces ingrédients prometteurs d’un bon moment de rigolade, on s’ennuie dans une histoire qui piétine. Certains diront que dans un milieu sans envergure, avec des ratés comme personnages, il est normal de baser l’ensemble sur une absence de perspective d’avenir : l’absence de projet est en effet ce qui caractérise tous nos personnages qui s’enlisent dans un présent englué.
Dans cette famille de pieds nickelés, le plus looser des loosers, c’est le narrateur. Il considère pourtant son frère, O’le Marteau, comme un minable qui passe sa vie à péter et à grossir en s’empiffrant devant la télévision. Cependant, c’est quand même O’le Marteau qui vole la vedette à notre héros narrateur : Inmo. Il réalise, en effet, tous les projets qui tiennent à cœur à notre héros. C’est O’le Marteau qui retrouve leur nièce fugueuse, c’est lui aussi qui sort avec la coiffeuse qu’Inmo convoitait. Enfin, c’est lui qui trouve l’argent qui adoucit la vie de maman et de toute la famille. Pourtant Inmo n’a qu’un seul rêve : mener une vie d’aventurier comme son héros – Hemingway – et, tout comme lui, devenir un génie de l’écriture. Mais faute d’être Hemingway, il écrit des scénarii pour films pornos.
Enfin, j’aurais aimé que ce roman apporte sinon une vision de la Corée contemporaine, au moins, une touche exotique qui fleurerait bon l’Asie du sud-est. Mais inutile d’attendre d’Une famille à l’ancienne le moindre dépaysement : l’histoire de cette famille pourrait se passer n’importe où ; par ailleurs, on s’ennuie vraiment à piétiner dans une intrigue sans grand intérêt.
Ainsi, on évitera le détour par la Corée du sud en ce qui concerne ce roman. Mais j’ai en réserve un autre livre coréen nettement plus appétissant : un roman qui s’intitule : Shim Chong, fille vendue. Le voyage en Corée n’est donc que reporté à un peu plus tard !
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