Brigitte Bardot : Initiales B.B./La « B.B. song »
Eh non ! Ce n’est pas pour Brigitte Bardot que Serge Gainsbourg a composé cette chanson – B.B. song - mais pour Jane Birkin. En tout cas, ce titre colle à la peau des mémoires que notre B.B. nationale a rédigées en 1996 – Initiales B.B. - et qui parait aux éditions Grasset.
Depuis sa naissance le 18 septembre 1934 et jusqu’à son dernier film, intitulé Colinot trousse-chemise, en 1973, la star des années 50-60 déroule pour nous sa vie de femme et d’artiste. Après 48 films, elle s’apprête à se lancer dans ce qui désormais sera le but de sa vie : la défense et la protection des animaux. Que peut-on retenir de cette vie trépidante ? Tout commence par une enfance heureuse entre ses parents, sa sœur – Mijanou – ses grands-parents, sans oublier les nourrices et les gouvernantes auxquelles la petite fille est très attachée – Dada et la « Big ». Très vite, Brigitte se passionne pour la danse, art dans lequel elle excelle. Elle est d’abord repérée pour des photos de mode - notamment dans Elle -, et rencontre le cinéaste Marc Allégret puis son assistant qui sera aussi son premier grand amour - Roger Vadim – qu’elle épousera. Ses premiers films ne sont certes pas des chefs d’œuvre… mais Vadim est là, et la révélera dans Et Dieu créa la femme. Le film fait scandale et inaugure le mythe B.B. c’est lors de ce tournage qu’elle rencontre Jean-Louis Trintignant qui sera le grand amour de sa vie. Dès lors, B.B. se trouve happée dans un tourbillon qui ne s’arrêtera jamais plus. Elle tourne des films, elle chante : son premier succès, on le connait tous : La Madrague. Elle apparait aussi dans ces émissions musicales spécialement dédiée aux fins d’années. Elle rencontre Gilbert Bécaud avec lequel elle aura une brève aventure. Bientôt, sur le tournage de Babette s’en va-t-en guerre, elle rencontre Jacques Charrier qui deviendra son second mari et le père de son unique enfant : Nicolas. La jeune femme vit alors une période noire au cours de laquelle elle fait des tentatives de suicide. En effet, avec Charrier, ce n’est pas l’amour fou et elle ne se sent pas la fibre maternelle. Et puis, sans arrêt, elle est la proie des paparazzis qu’elle exècre. Sa carrière prend une nouvelle direction lorsqu’elle rencontre Henri-Georges Clouzot avec lequel elle tourne le chef d’œuvre : La vérité. Elle y joue un personnage tragique, bien loin des allumeuses ou des belles blondes un peu naïves qui sont ses rôles habituels. La vérité prouve que Brigitte Bardot est une actrice à part entière. Avec Jean-Luc Godard, elle se frotte au cinéma de la Nouvelle Vague du début des années 60 et tourne Le mépris. Et les tournages s’enchainent et les amants se suivent. Parmi les plus connus, on compte : Sacha Distel, Samy Frey, Bob Zagury, tous plus beau les uns que les autres… mais pas Alain Delon ! La rencontre avec ce dernier se passe assez mal : Brigitte n’apprécie guère ce bel homme égocentré. Pourtant, plus tard, lors de vacances à la Madrague où Delon est invité, elle évoque fugacement un petit regret : celui de ne pas avoir eu de liaison avec lui. Elle se marie une troisième fois avec un play-boy : Gunter Sachs. Ce fut, là encore, un mariage malheureux car Gunter n’est jamais là. Brigitte non plus d’ailleurs : les tournages l’emmènent aux quatre coins du monde – on retiendra le Mexique qu’elle adore et où elle a tourné Viva Maria avec Jeanne Moreau. Elle possède 3 maisons : l’appartement parisien de la rue Paul Doumer, Bazoches qui se situe à la campagne, là où vivent une partie de ses animaux, et La Madrague, à Saint-Tropez, que tout le monde connaît. En hiver, elle loue un chalet pour faire du ski à Méribel. Sur les pistes, elle croisera même Valéry Giscard D’Estaing en skieur émérite ! Et n’oublions pas la chanson ! Sa rencontre avec Gainsbourg – qui sera son amant – est féconde en succès : Bonnie and Clyde, Comic strip…. Et puis, elle se consacre aussi aux animaux et part en croisade contre les abattoirs et leurs pratiques barbares. A partir de 35 ans, B.B. multiplie les fêtes où elle s’étourdit, prend des amants plus jeunes qu’elle : Patrick, Christian, Laurent. Ces amours sont des échecs et ne lui apportent rien de bon : tous ces hommes sont des sortes de gigolos qui tirent parti de la célébrité de Brigitte et du confort matériel qu’elle leur offre. Et puis, la vie d’actrice l’insupporte de plus en plus ; Brigitte la trouve futile et n’a qu’une seule envie : se consacrer aux animaux. Elle claque donc la porte du show-biz et se lance dans une nouvelle vie.
Avec Initiales B.B., Brigitte Bardot offre d’elle un portrait sincère et contrasté, quoiqu’attendu.
Si l’étiquette d’allumeuse et de briseuse de couple lui colle à la peau, on retrouve, dans ses mémoires, les raisons qui lui ont valu cette réputation. Certes, elle se révèle être beaucoup moins perverse que ce qu’on dit d’elle. Car Brigitte Bardot est une amoureuse passionnée qui a cherché toute sa vie un amour absolu et qui, à chaque fois, a été déçue. La responsabilité de ces échecs sentimentaux, elle l’impute à sa carrière d’actrice qui empêche toute stabilité. Il est vrai que cette vie passée sur des plateaux de tournage l’emmène aux quatre coins du monde. Mais peut-être que cette instabilité, c’est son karma ! et quoiqu’elle fasse, elle retombe toujours dans les mêmes travers, avec le même type d’homme volage.
Cependant, l’actrice rêve d’une vie plan-plan. Certes, je pense néanmoins qu’une telle vie l’aurait rendue malheureuse. On dit bien que l’herbe est toujours plus verte chez le voisin. On est toujours attiré par ce qu’on n’a pas.
Mais le grand amour de Brigitte Bardot, on le sait tous, ce sont les animaux. Avec eux, pas de triche ! Ils nous donnent leur affection sans conditions et sans jamais nous trahir. En réalité, cet attachement aux animaux cache la misanthropie fondamentale de Brigitte Bardot. En effet, l’actrice a une conception très négative de l’humanité. Elle déteste les foules, les touristes, les paparazzis. C’est une femme entière : soit elle aime, soit elle déteste. Avec elle, il n’y a pas d’entre deux.
Ainsi, elle a aussi des opinions tranchées. On la sait plutôt très à droite, voire à l’extrême droite, et ne fait pas dans le politiquement correct. Elle assume des idées qu’on peut qualifier de populistes, en opposition avec la bien-pensance actuelle.
Autre trait de caractère remarquable : malgré sa misanthropie, Brigitte Bardot ne supporte pas la solitude. Elle s’entoure de ses grands-parents, des nourrices qui ont bercé son enfance et qui logent chez elle, ou pas loin de chez elle. D’ailleurs, elle est toujours accompagnée de tout un staff avec lequel elle se déplace et vit. Ce staff est composé de coiffeuses, doublures, maquilleuses, qu’elle appelle « mes amazones ».
Mais finalement, que pense d’elle le lecteur qui achève la lecture de ces mémoires ?
Brigitte Bardot parait assez narcissique. Elle déteste ou elle encense les gens, comme je l’ai déjà dit. Mais, lorsqu’elle tresse ou non des lauriers à telle ou telle personne, du haut de sa superbe, on a l’impression qu’elle lui fait un grand honneur. Certes, on aurait aimé trouver dans ces mémoires les portraits des gens qu’elle a fréquentés, notamment pour les plus connus d’entre eux. Mais visiblement, Brigitte ne s’intéresse pas vraiment aux gens qu’elle a rencontrés, qui semblent, par-là, interchangeables et sans saveur. Notre BB nationale est davantage occupée à parler d’elle que des autres. Par ailleurs, j’aurais assez aimé avoir la sensation de plonger dans l’ambiance des années 60 ; ce n’est pas vraiment le cas.
Ainsi, ces mémoires ne sont pas sans intérêt, mais elles sont un peu longuettes et répétitives. A ne parler que de soi, à décréter qu’on aime ou qu’on n’aime pas sans justifier, sans argumenter, on finit assez vite par tourner en rond. Dommage !
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