LECTURES VAGABONDES

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Virginie Grimaldi : Le premier jour du reste de ma vie/Pas même un reste pour chien !

         Qu’on ne se laisse pas abuser par ce titre plutôt sympathique : il provient d’un écrivain anglais – dont j’ai oublié le nom - et non de l’auteure. En réalité, ce titre est la seule chose qui vaille dans ce gros navet ; peut-être également le point final, signifiant la délivrance. Reste l’article à torcher et enfin, je pourrai glisser cet opus dans la poubelle de l’oubli. Le premier jour du reste de ma vie est écrit par Virginie Grimaldi en 2015 et paraît aux éditions City.

 

          Marie est mariée à Rodolphe et mène une vie sans grand intérêt auprès de lui et de ses deux filles, Justine et Lily. Un jour, ces dernières conseillent à leur mère de prendre son envol, de quitter un mari qui la trompe et ne la respecte pas. Marie profite du quarantième anniversaire de Rodolphe pour le quitter. Elle embarque aussitôt pour une croisière réservée aux célibataires et qui va l’emmener faire le tour du monde. En route, elle rencontre une sexagénaire, Anne, et une jeune fille, Camille avec lesquelles elle se lie d’amitié. Les deux femmes ont également besoin de faire le point sur leur vie. Anne s’est séparée de Dominique, mais elle aimerait le récupérer. Camille, après avoir perdu tous ses kilos et subi des humiliations de la part des garçons, souhaite enchainer les relations amoureuses lors des escales afin d’acquérir de l’assurance et de séduire son collègue Julien. En ce qui concerne Anne, Marie a un plan d’enfer pour le reconquérir : envoyer à Dominique une carte postale de chaque escale avec une lettre sur chacune afin qu’à la fin du voyage, ce dernier soit en possession d’une déclaration d’amour et d’une demande en mariage. Hélas, pas de nouvelles ! En plus, sa carte bleue est bloquée et il semble que Dominique soit l’instigateur de cette mésaventure. Camille enchaine les amourettes. A chaque escale, elle rencontre un garçon. Cependant, la jeune femme apprend par Julien qu’elle est renvoyée de son travail. Heureusement, les trois jeunes femmes ont de la ressource et décident de monter un site de vente en ligne sur lequel on pourrait acheter les pulls et autres vêtements que fabrique Marie, inlassable tricoteuse. Cependant, même si la croisière est réservée aux célibataires et que les relations amoureuses sont interdites, les trois amies vont être malgré tout frappées par la flèche de Cupidon : Marie rencontre un homme qui, au départ se montre désagréable avec elle : il s’appelle Loïc et, dès lors qu’ils font connaissance, vont être irrésistiblement attirés l’un vers l’autre. Camille rencontre William à Auckland, en Nouvelle-Zélande. Ce qui devait ne durer qu’une journée va s’avérer plus durable : Camille décidera, à la fin de la croisière, alors que le bateau fait escale à Alexandrie, de retourner à Auckland pour y retrouver William. Quant à Anne, la croisière s’arrêtera pour elle à Phuket, en Thaïlande, où Dominique l’attend. Surprise ! Il vient pour répondre oui à l’originale demande en mariage de sa dulcinée. Enfin, les trois amies se retrouvent lors de ce mariage. Marie vit en Bretagne et fréquente assidûment Loïc, Camille file de parfait amour avec William à Auckland.

 

          Si ce résumé ne vous enlève pas l’envie de lire ce livre, voici quelques compléments car il est vrai que j’ai rarement lu un livre aussi insipide, aussi débile.

          Il se base, en effet, sur de la philosophie de comptoir. On y trouve pêle-mêle des filles qui ont besoin de faire le point, qui décident de reprendre leur vie en main, qui renaissent après de grosses galères sentimentales, et qui déclarent haut et fort que l’amitié, c’est mieux que l’amour, tout en tombant pour la vingtième fois amoureuses.

          De plus, le roman accumule des scènes improbables. Un exemple parmi tant d’autre : à Los Angeles, Camille se fait draguer par Georges Clooney dans un bar ; elle part avec lui et on la reverra quelques heures plus tard, en train de raconter cette aventure à ses copines : en fait, elle n’est pas partie avec le beau Georges mais avec son sosie qui, par-dessus le marché est gay ! On se demande vraiment pourquoi un gay draguerait une fille inconnue dans un bar et l’emmènerait chez lui passer la soirée !

          Quant aux escales touristiques dans les grandes villes du monde, ce sont des cartes postales : les trois copines font de la plongée dans les Caraïbes, elles visitent les plus endroits les plus célèbres des villes, elles se donnent des sensations fortes en parapente, en hélicoptère et autres activités à la mode. Et bien sûr, c’est toujours super !

          Quant aux différents rebondissements, ils sont sans intérêt et imbéciles. Par exemple, dans la cabine voisine de celle de Marie se trouve Francesca. Marie la prend pour la petite amie de son Loïc bien-aimé, alors qu’en fait… elle n’est qu’une collègue ! Ouf ! Quel suspense ! Et puis, cette Francesca a décidé de mettre des bâtons dans les roues de deux octogénaires qui se sont rencontrés sur le navire – il est interdit d’établir des relations amoureuses sur cette croisière, je le rappelle. Ainsi, à cause de la méchante Francesca, Marianne et Georges doivent débarquer. Mais les trois amies parviennent à régler la situation avec le capitaine et les deux tourtereaux pourront terminer la croisière sans souci. Avouons que tous ses rebondissements sont bien faibles !

          Ajoutons à tout cela des situations débiles. Par exemple, lorsque les filles contractent la grippe sur le navire, elles vont passer la journée – car la grippe ne dure qu’une seule journée, c’est bien connu ! – à  cocooner chez l’une et chez l’autre et s’amuseront à écrire des listes de corvées, d’idées, d’affaires et autres choses qu’elles ont décidé d’abandonner sans regret. Ensuite, elles brûlent ces listes, comme des adolescentes attardées. A soixante ans, Anne est quand même un peu « space » !

          Pour terminer, j’ai presque honte d’avoir lu ce livre et d’écrire cet article qui est la preuve que je suis allée jusqu’au bout de cette lecture. Et il n’y a rien à attendre, bien évidemment, de l’écriture qui est plate comme un trottoir de rue. En plus, on compte plusieurs pages où sont recopiées les paroles de différentes chansons de Jean-Jacques Goldman, ce grand philosophe. En effet, c’est par l’intermédiaire des chansons de notre Jean-Jacques Goldman national que Marie et Loïc se déclarent leur amour car tous deux sont fans du chanteur. Et il faut donc se taper ces textes insipides qui, ainsi étalés et sans l’artifice de la musique, se dévoilent dans toute la splendeur de leur nullité.

          Pardon pour Jean-Jacques Goldman qui n’a rien à faire dans ce roman car il n’a commis aucun crime et ne mérite pas d’être ainsi puni !

          Car Le premier jour du reste de ma vie, c’est assurément le premier roman que je conseillerais à mon pire ennemi ! Il serait ainsi bien puni !



02/10/2022
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