LECTURES VAGABONDES

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Lolita Pille : Bubble Gum /Ca va chier des bulles

          Je ne mange jamais ni chewing-gum, ni bubble gum : je n’aime pas ça. Je n’ai pas plus aimé le roman de Lolita Pille intitulé Bubble gum, paru en 2004 aux éditions Grasset.

 

          Manon déteste sa vie de serveuse dans un trou du monde appelé Terminus.  Avec  quelques économies, elle se lance à Paris. Son rêve ? Devenir une actrice célèbre et adulée. En attendant, la vie est dure pour Manon. Mais, un jour, en compagnie de sa collègue qui collectionne les coups d’un soir avec des vedettes qu’elle ne reverra plus jamais ou qui feront semblant de l’oublier, elle est invitée à la grande première d’un film. C’est là qu’elle rencontre Derek, un milliardaire qui passe sa vie dans des hôtels huppés et qui mène la vie de perdition d’un jet-setter dépressif. Plus rien ne l’amuse dans ce monde de drogue, d’apparences ;

Derek passe son temps à se biturer. Pour s’amuser, il décide de réaliser le rêve d’une starlette en herbe et de la détruire. Il jette son dévolu sur Manon. Il la prend en main, la relooke, lui fait passer des shootings, et enfin, lui fait tourner un film d’après une œuvre de Tchekhov. Manon vit son rêve mais n’est malgré tout pas heureuse. Elle tombe dans l’enfer des promotions de films, des soirées trop arrosées, de la drogue. Elle voudrait atteindre le firmament. Un jour, mystérieusement, elle se réveille dans une suite vêtue de la robe rouge ringarde qu’elle avait sur le dos lorsqu’elle a rencontré Derek. Par ailleurs, elle est jetée manu militari de la suite où elle dormait. En sortant, dans les rues de Paris, elle découvre que toutes les affiches à son effigie ont disparu de la ville. Plus un seul magazine people ne parle d’elle. En réalité, c’est Derek qui a tout fomenté. Toute la carrière de star de Manon n’est que supercherie. Il a embauché des figurants d’un bout à l’autre de l’histoire, jusqu’au film tourné sans pellicule. A chaque fois que Manon passait devant une affiche la représentant, celle-ci était illico presto décollée. Manon n’a pas encore découvert le stratagème de Derek. Désormais, celui-ci veut pousser Manon au suicide. Comment faire ? La mettre au courant du rêve cauchemardesque dont il est l’instigateur et elle, la victime. Entre temps, il ne reste plus à Manon qu’à reprendre sa vie de serveuse. Sauf qu’elle est vite renvoyée. Sa vie, elle la gagne désormais dans des boîtes pornographiques dont la spécialité est la fellation. Mais un jour, Stanislas, une connaissance de Derek, vient la chercher et la trainer dans la suite où Derek est en train de s’abrutir de musique, d’alcools et de coke. Là, Manon, armée, tue Derek, lui aussi armé, avant de découvrir que derrière le plan de son pygmalion, s’en cachait un autre. Stanislas, un comparse des bamboulas noctambules de Derek a monté un film, un vrai alors que tout devait être faux. Il en a fait une émission de téléréalité intitulée : DEREK LE MILLIARDAIRE. Manon est juste devenue une star de téléréalité.

 

          Que dire de ce roman épuisant à lire tant on s’ennuie ! J’ai beau chercher, je ne trouve pas grand-chose de positif à dire sur Bubble Gum.

          Tout d’abord, parlons des personnages principaux : Derek et Manon. Derek incarne le milliardaire qui n’a plus rien à attendre de la vie. Il s’ennuie profondément et pense avoir tout vécu. Il passe son temps dans les boîtes de nuit, à se défoncer. Manon incarne la jeune fille qui, du fond de son trou médiocre, cherche à devenir une star. Quoi de plus stéréotypé que ce genre de personnages ? Tous deux sont croqués sans finesse, tous deux sont excessifs et hystériques.

          Que dire de l’intrigue ? On n’y croit pas une seconde. Déjà lorsque le méchant Derek trouve cette idée saugrenue – briser le rêve d’une fille pour qu’elle devienne une lavette – pour sortir de son ennui, on tique. Bien plus quand on a la révélation du stratagème mis en œuvre par cet improbable pygmalion : engager un énorme bataillon de figurants pour faire croire à la naïve Manon qu’elle devient une star, imprimer des séries de magazines bidons, décoller les affiches de publicité la concernant juste après son passage…. Là, on nage en plein délire.  Quant à la fin, le piégeur se fait piéger par une immense entreprise de téléréalité qui a tout filmé à l’insu des protagonistes, on se demande si on n’irait pas faire un petit tour en hôpital psychiatrique.

          Reste le fond de l’histoire : certes, Lolita Pille cherche à critiquer le monde interlope de la jet-set et sa superficialité, la télévision poubelle, la machine à fabriquer des stars artificielles. Mais l’ensemble ne colle pas et de ce type de critiques regorgent les livres de Brett Easton Ellis ou de Frédéric Begbeider… et ces derniers tiennent sur ces sujets des propos plus nuancées, plus ironiques, et plus humoristiques.

          Alors vite, on mâche ce Bubble gum sans saveur et on le recrache vite-fait/bien fait. A moins de le laisser bien gentiment dans ce paquet et de donner ce dernier à son pire ennemi !

 



18/06/2018
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