LECTURES VAGABONDES

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Nikki Gemmell : La mariée mise à nu/Reste donc habillée, ô maumariée !

         Enième roman sur la sexualité féminine écrit par une femme à destination d’un public plutôt féminin avec tout ce que ce type d’ouvrage comporte de stéréotypes volontairement trashs. Le genre culmine avec Fifty shades of grey de E.L James. Mais avant ce grand succès international, parait en 2006 aux éditions du Diable Vauvert La mariée mise à nu de Nikki Gemmell.

 

          Un manuscrit est découvert. Il s’agit du journal intime d’une femme mariée, mère d’un enfant, mystérieusement disparue. Au début, c’est le bonheur d’une lune de miel à Marrakech avec un mari tendre et aimant nommé Cole. Cependant, au niveau sexuel, ce n’est pas l’extase. Au fil du temps, le soupçon s’installe : la mariée soupçonne Cole d’entretenir une liaison avec sa meilleure amie, Théo.Notre héroïne décide d’écrire un livre dans le genre d’un manuscrit qu’elle a trouvé chez elle et qui raconte la vie intime et les désirs frustrés d’une femme mariée plusieurs siècles auparavant. A la bibliothèque, elle rencontre un homme qui lui plait immédiatement : Gabriel. Progressivement, les liens entre eux se resserrent. La mariée découvre que cet homme est vierge, ce qui l’excite. Elle lui apprend l’amour tandis qu’il lui apprend le plaisir. Cette liaison durera un certain temps : le temps de mettre en péril le couple de la mariée qui se rend compte qu’elle tient à son mari. D’ailleurs, cette liaison extra-conjugale réveille la sexualité du couple, du moins pour un certain temps. Et puis vient le temps de la maternité et du bonheur plein. Et c’est alors qu’elle devient mère et découvre une nouvelle forme d’amour que le manuscrit s’achève.

 

          Pour commencer, voici une petite mise au point sur les caractéristiques formelles de La mariée mise à nu. Le roman se présente sous la forme de petits chapitres appelés « leçons » ; chaque leçon comporte un titre formulé comme une sorte d’adage (par exemple : leçon 47 « Toutes les filles savent danser et doivent apprendre à le bien faire »). Cependant, on ne voit jamais le rapport entre l’objet de la leçon et le contenu du chapitre. Quant à l’héroïne du roman, c’est la mariée, mais sa vie n’est pas racontée sous la forme traditionnelle du journal intime ou autre forme autobiographique puisque l’ensemble est rédigé au moyen du « vous » ; ainsi, l’héroïne, c’est « vous », lecteur. Et tant pis pour vous si vous ne vous reconnaissez pas dans l’histoire de cette mariée obsédée sexuelle – c’est mon cas ! Alors, qu’est-ce qui cloche dans cette histoire de mariée mise à nu ?

          En écrivant ce roman, Nikki Gemmell a pour objectif de montrer les désirs et les frustrations d’une femme mariée ; car derrière des apparences bien lisses d’un couple pétri d’amour et de bonheur se cachent tant de non-dits qui rongent le cœur et le corps de notre mariée !

          Le début du roman sonne plutôt juste et emporte l’adhésion de la lectrice que je suis. Le bonheur de la jeune mariée est exposé de manière nuancée ; les germes de la désillusion, de l’incompréhension, de la frustration sont palpables au sein de chaque instant passé ensemble. La difficulté de l’entente sexuelle se ressent dès le départ dans ce couple si banal.

          Et puis, après la lune de miel vient le quotidien…. Et alors, le roman tourne à l’eau de boudin. La mariée qui ne jouit pas avec son mari tombe amoureuse de Gabriel… un homme mûr et pourtant encore puceau ! Mais où Nikki Gemmell a-t-elle  dégotté l’idée d’un tel personnage ! Dans ses fantasmes, sans doute. Car on a du mal à croire à la virginité de cet homme qui cède pourtant à cette héroïne handicapée du plaisir. Si vraiment un tel homme – encore vierge à plus de 30 ans - existe, c’est qu’il a un problème psychique et me semble bien parti pour rester puceau jusqu’à sa mort !

On passera sur le fait que, bien entendu, la mariée découvre le plaisir avec Gabriel : la différence entre Cole – le mari – et Gabriel – l’amant – c’est que le deuxième se laisse mener, dominer par la femme. Il faut donc croire que là se trouve la clef du plaisir féminin : bof. Y a-t-il une recette ?

          Mais le plus incompréhensible, c’est l’attitude de la mariée après sa rupture avec Gabriel. Elle se donne à un chauffeur de taxi et lui demande d’amener des copains pour la petite sauterie. C’est ainsi que la mariée se livre à une partouze qui la laisse pantelante… et elle s’y livre plusieurs fois de suite. Je me garderai bien de juger l’attitude de l’héroïne (qui me paraît inconcevable, irréaliste, pas du tout crédible) ; mais au niveau littéraire, j’ai bien l’impression qu’il y a volonté, de la part de Nikki Gemmell, de faire du sexe trash avec quelques gros mots… Il faut bien vendre du papier !

          On ne comprend pas plus le revirement momentané qui se produit dans le couple de la mariée. Après toutes ses aventures extra-conjugales, notre héroïne prend enfin son pied avec Cole : elle le dirige dans les opérations et le plaisir est désormais au rendez-vous. Le dialogue s’invite dans le couple et dans le lit. Bref, tout change ! Il me semble pourtant que lorsque certains rapports s’établissent entre des gens, il est difficile de les modifier !

         Bref, l’âme d’une femme ne se met pas si facilement à nu ! On a du mal à concevoir comment une femme sage et conventionnelle se livre tout à coup à des orgies sexuelles hors-normes ! Ce roman, selon moi, est à ranger du côté de la mauvaise littérature pseudo-féministe qui considère que la libération de la femme passe forcément par une sexualité débridée et que le mariage est forcément une aliénation. Pour moi, cette dictature d’une pseudo pensée féministe pétrie d’idées extrêmes a fait long feu et ne propose, au niveau littéraire, que des romans-navets prétentieux.



27/04/2020
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