LECTURES VAGABONDES

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Véronique Olmi : Le premier amour / Amours secondaires

     

        Ah ! Le premier amour ! Thème si cher à nos cœurs car on en a tous un, planqué tout au fond de nos cœurs. C’est sans doute pour cette raison que le premier amour est aussi un thème battu et rebattu en littérature. Est-ce que Véronique Olmi apporte quelque chose de nouveau ou de différent au traitement de ce sujet ? C’est ce que nous allons voir après avoir présenté Le premier amour, roman que Véronique Olmi a fait paraitre en 2009 aux édition Grasset.

 

          Alors qu’elle prépare le repas du 25ème anniversaire de son mariage avec Marc, Emilie découvre dans le journal qui emballe la bouteille de champagne une petite annonce qui va bouleverser sa vie : «Emilie, Aix 1976. Rejoins-moi au plus vite à Gênes. Dario ». Dario, c’est son premier amour et aussitôt elle laisse tout en plan et prend la voiture direction l’Italie. Sur sa route, elle se remémore le passé familial, souvent difficile car Emilie a une sœur mongolienne qui se prénomme Christine. Les souvenirs de sa grande histoire d’amour avec Dario remontent aussi à sa mémoire et l’enchantent. Sur sa route, elle rencontre des gens, elle en observe d’autres. A Aix, elle passe voir sa sœur qui vit dans un hôpital psychiatrique, et retrouve sa fille Zoé qui ne comprend pas l’escapade de sa mère. Enfin, elle passe la frontière et se retrouve à Gênes. Là, elle a la surprise de rencontrer non pas Dario, mais son épouse Giulietta. C’est cette dernière qui a rédigé l’annonce et qui l’a postée dans le journal. Pourquoi donc ? Parce qu’elle sait qu’Emilie a beaucoup compté pour Dario et parce que ce dernier est devenu amnésique à la suite d’un mystérieux accident. Giulietta est convaincue que la présence d’Emilie pourrait aider Dario à retrouver la mémoire. Pourtant, ce dernier ne reconnait pas son premier amour. Les différentes tentatives des deux femmes sont vaines. Mais la situation va se dénouer grâce à Daniele Filippo, l’associé de Dario. Il vient annoncer aux deux femmes la raison de l’amnésie de ce dernier : il avait noué des relations complices avec une petite fille prénommée Malika. Mais un jour, au volant de sa somptueuse voiture de sport, Dario a percuté la petite qui décède dans les heures qui suivent. Issue d’une famille immigrée misérable, elle n’a pu être conduite à l’hôpital, ni être ensevelie correctement. A la suite de ce drame, Dario sombre dans le mutisme. C’est lourde de ce secret qu’Emilie rentre en France aux côtés de son époux Marc. Lorsque Dario décèdera, la petite Malika sera ensevelie à ses côtés.

 

          Avec Le premier amour, Véronique Olmi signe un assez joli roman qui se conçoit dans une première partie comme un roadbook à travers la France. Alors, Emilie revisite le souvenir de son premier amour pour Dario, un premier amour lumineux pour ce ragazzo dont toutes les filles étaient amoureuses. C’était un amour d’été qui s’est terminé avec le départ de Dario en Italie. Mais parallèlement à cette idylle, de dures réalités familiales se rappellent à elle, notamment l’existence d’une sœur mongolienne : Christine. Sur son chemin, à Aix, elle lui rend visite et mesure alors le temps qui passe : sa sœur a désormais les cheveux gris.  

          La seconde partie confronte Emilie au présent et à la fuite du temps. Son premier amour lui échappe désormais. Dario n’est plus le même homme car il ne garde désormais aucun souvenir d’Emilie et de cet amour d’été. En effet, Dario semble amnésique. Alors, Emilie va, avec lui, se rendre dans des endroits qu’il affectionne pour l’aider à retrouver la mémoire : une petite chapelle, une route à travers la campagne. Mais à Emilie, ces lieux ne disent absolument rien. Ils ne font pas partie de son histoire mais appartiennent à Dario, exclusivement. Lorsqu’elle découvre la raison de son amnésie, elle se rend compte également que cette dernière n’a rien à voir avec elle. Ainsi, ses retrouvailles avec Dario se résument à une confrontation avec ce qu’on perd : les êtres dont on se sépare meurent en quelque sorte. Certes, ils continuent à vivre dans le souvenir, mais la mémoire les a transformés, idéalisés ; ils n’ont plus rien à voir avec la réalité et la personne qu’ils sont dans le présent.

          Mais, si Le premier amour est un joli roman, assez poétique dans l’écriture, quelque chose ne colle pas dans le récit mené. En effet, on ressent comme une distorsion entre la première et la seconde partie, qui confrontent, l’une, le présent et l’autre, la mémoire, le souvenir et le passé magnifiés par ces derniers. Emilie se retrouve là face à un homme qu’elle ne reconnait plus. Mais au lieu de creuser les sensations et les émotions provoquées par cette confrontation, Véronique Olmi se complait dans le factuel, l’anecdote. Elle ne fait que survoler le thème de la mort du passé. Son personnage, Emilie semble étrangère à elle-même et n’éprouve que très peu d’émotions à l’idée que son bel amour d’adolescence n’existe plus que dans une mémoire qui l’embellit et l’idéalise. Elle s’ennuie, elle a envie de rentrer auprès de son mari. Bref, la mise au point intérieure que le personnage est censé faire n’est presque pas évoquée. Emilie se retrouve donc face à un couple en perdition, à une femme – Giulietta - qui affronte la maladie de son mari, sans que le rapport entre les deux femmes soit établi.

          Ainsi, Le premier amour laisse au lecteur une sensation d’inachevé, de superficialité, la sensation que le roman n’apporte rien, qu’il est inutile. C’est bien dommage, en réalité et peut-être Véronique Olmi nous racontera un jour un second amour qui nous éblouira.



18/12/2023
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