LECTURES VAGABONDES

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Tim Sliders : Timeville / Un temps de lecture agréable.


                J’ai commencé ce roman de Tim Sliders : Timeville, paru en 2012 aux éditions du Fleuve Noir, dans l’avion du retour d’Egypte. Et me voilà plongée dans un bien plaisant voyage ! Non pas dans l’espace… mais dans le temps. Direction les années 8O.

                David Cartier a réussi sa vie : il est le roi de la cuisine moléculaire, ouvre des tonnes de restaurants dans les villes les plus branchées du monde et s’apprête à refaire sa vie avec une magnifique pin-up : Victoria. Dans quelques heures, il aura divorcé d’avec sa femme Anna, une brillante chirurgienne dont il a deux enfants : Agathe et Tom. Alors qu’il se repose sur son canapé, deux cambrioleurs – Pierrot et Willy – l’assomment… et lorsque David se réveille, c’est dans une bien curieuse maison et dans une bien curieuse ville : Timeville. Retour dans les années 80 ! Au début, c’est la crise : pas de téléphone portable, pas d’internet, seulement trois chaines à la télé… Quant  aux fringues et à la coiffure, n’en parlons pas ! Toute la petite famille, très désunie, en passe de  se décomposer, se retrouve pour une cohabitation forcée et n’espère qu’une seule chose : retourner en 2012.

                Avec Timeville, Tim Sliders nous offre un roman jubilatoire et très divertissant, même si l’intrigue finit par s’essouffler quelque peu, même si elle comporte de nombreux pans inaboutis qui paraissent donc être finalement inutiles : de simples bouche-trous destinés à combler des faiblesses très sensibles. A la base, chaque personnage de la famille Cartier va vivre à sa manière ce retour dans le passé.

                David se retrouve à la tête d’un petit restaurant minable qu’il a du mal à faire tourner. En face de lui, se trouve un concurrent féroce : le pas très recommandable Patrick Housset. Anna travaille bel et bien dans un hôpital, mais non pas en tant que chirurgienne, puisqu’elle n’est qu’infirmière. Elle noue une idylle avec le très brillant professeur Lowe. Agathe, au lycée, est capable de prédire l’avenir, et monnaye sa science… jusqu’au jour où elle décide de se lancer dans la carrière de chanteuse sous le pseudonyme de Lady Agathe. Mais ses chansons ne sont pas dans le ton du moment : c’est un échec. Quant au petit Tom, il s’amuse follement avec les rubiscubes et les goldoracks en plastique.

                Bien évidemment, la ficelle de l’anachronisme est amusante et Tim Sliders ne s’en prive pas… Pour notre plus grand plaisir, nous découvrons la future Mylène Farmer alors femme de ménage dans un hôpital, Jean-Jacques Goldman encore inconnu auquel Agathe fredonne les paroles de ses prochains tubes… qui accrochent bien évidemment l’oreille de la future star de variété. Cependant, Tim Sliders a embarqué dans son intrigue des personnages inutiles qui ne sont là que pour amuser la galerie, pour remplir le vide d’une intrigue qui peine à prendre son essor. Les deux cambrioleurs – Pierrot et Willy – sont donc du voyage : mais ils ne servent qu’à faire sourire le lecteur : alors que Patrick Housset vient de recruter une équipe pour faire des casses dans la ville, ils font capoter son projet en mettant sur pieds le gang des postiches (dont on connaît l’histoire, nous, lecteurs de 2012 !)… S’ensuit un règlement de compte entre ces différents personnages et l’affaire se terminera là, en queue de poisson. Le voisin des Cartier est bien étrange : Vincent Quaid épie notre petite famille… On finit par apprendre que ce dernier vient de 2007 et qu’il est coincé en 1980 depuis cinq ans. Point final. C’est bien mince ! On attendait autre chose de ce personnage louche ! Par ailleurs, David Cartier aperçoit dans Timeville son père, sa mère, son frère – décédé depuis d’un cancer du poumon -  et lui-même, David Cartier, adolescent amoureux de la jeune Anna… tels qu’ils étaient en 1980. Mais Tim Sliders ne ménage aucune rencontre entre tous ces personnages, ce qui fait que le lecteur se demande pourquoi l’auteur a introduit la famille de David rajeunie dans le roman. Surtout que très vite, la consigne est claire : il ne faut pas agir sur les faits par peur de tout dérégler en 2012. Ainsi, David ne cherchera pas à rencontrer son frère Paul pour l’inciter à arrêter de fumer, et de retour en 2012, il constate que son frère est bel et bien décédé d’un cancer du poumon.

                Alors, pourquoi ce retour en 1980 ? On s’y attend tous : David se rend vite compte qu’il aime toujours sa femme, Anna… et vice-versa. L’idylle avec le professeur Lowe aura été de courte durée… et de retour en 2012, le couple annule le divorce dans une scène digne de la série Sous le soleil : au moment de signer le papier, dans le bureau du juge… gros smack !  Bref, vous imaginez la suite : on déchire les papiers, on les envoie en l’air, etc...

                Alors, bien sûr, Timeville est loin d’être un grand roman, à 2000 années-lumière de trouver un jour sa place dans le rayon Littérature. Mais franchement, cette lecture m’a amusée, éclatée. Peut-être parce que je me sens concernée par les années 80 – et leur univers impitoyablement flashy - auxquelles je reste attachée en dépit de tout. Je crois que si c’était possible, j’y retournerais ! Mais il y a des choses de ma vie auxquelles je toucherais, c’est sûr, contrairement aux personnages du roman.

                Alors, même si Timeville comporte des faiblesses, même s’il laisse une impression de voyage inabouti, je conseille ce roman pour son côté divertissant, farfelu, déjanté. Maintenant, je vais me plonger dans un roman plus sérieux, plus consistant… Les vacances sont terminées. Atterrissage en douceur après une parenthèse égyptienne très agréable… Des vacances comparables au roman de Tim Sliders : j’ai aimé cette semaine passée à l’hôtel club Marmara de Taba et j’ai adoré rencontrer toutes les merveilles de la mer rouge. Mais… je crois que je préfère louer une voiture et découvrir le pays en autonomie et en immersion totale, comme je le fais d’habitude. Disons que pour une semaine, le club vacances, c’est bien, mais pas pour plus longtemps… On aime les voyages – comme les lectures – qui ont un peu plus de consistance !



02/06/2013
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