Sophie Kinsella : Lexi Smart a la mémoire qui flanche /je n’ai pas flanché !
Voici un livre « pour nous les filles » que j’ai trouvé assez plaisant à lire – une fois n’est pas coutume – à cause de sa thématique centrale plutôt originale : l’amnésie ; d’ailleurs, tout est dans le titre amusant de l’œuvre : Lexi Smart a la mémoire qui flanche, écrit par Sophie Kinsella en 2008 et paru aux éditions Belfond.
Lexi Smart est une fille assez banale : 25 ans, de physique moyen pour un boulot moyen et un petit ami moyen : tous les vendredis soirs, c’est la fête pour Lexi et ses copines, mais en cette soirée de 2003, tout bascule : Lexi se fait renverser par une voiture et se retrouve à l’hôpital.
Mais qui est donc cette femme que Lexi voit dans la glace en se réveillant ? Une magnifique blonde, mince, au sourire parfait ! Dotée d’un mari riche et séduisant ! Pour Lexi, la vie s’est arrêtée sur le trottoir d’une avenue, en 2003 ; pourtant, elle a visiblement, en 5 années, fait un sacré chemin qu’elle a totalement oublié. Il va lui falloir retrouver la mémoire, mais bien plus encore, accepter la personne qu’elle est devenue : une self made woman que tout le monde appelle le Cobra, qui s’habille chez les plus grands couturiers, qui dispose d’un appartement haut de gamme en plein cœur de Londres.
On retrouve, dans Lexi Smart a la mémoire qui flanche, tous les ingrédients stéréotypés du best-seller à destination de la ménagère de moins de 50 ans qui a besoin de rêver un peu derrière ses fourneaux. Une héroïne un peu gaffeuse, qui ne se la pète pas, une héroïne toute simple, en fait, mais qui sait aussi être implacable dans son travail, qui regorge du sens de l’initiative, tout en faisant preuve d’un génie hors du commun… et qui possède de jour ce dont elle rêve la nuit. Cette oh ! combien séduisante héroïne vit, bien entendu, des histoires d’amour : ici, point d’histoire de célibatante à la recherche de l’homme idéal : puisqu’évidemment, Eric, le mari-vendeur d’appartements hauts-de-gamme est l’homme idéal… sauf qu’il impose un tas de régimes à la mode à la pauvre Lexi qui ne se souvient plus d’avoir aimé les régimes, qu’il tient un manuel conjugal dans lequel toute la vie sexuelle de Lexi est consignée : notre pauvre héroïne peine à se conformer à cette carte du tendre quelque peu tyrannique. Heureusement, il y a Jon, le bel architecte qui soutient à Lexi qu’ils avaient, ensemble, une liaison et que la jeune femme s’apprêtait à quitter Eric. Bien évidemment, Lexi, amnésique, n’est pas prête à croire n’importe quoi, même si elle se sent d’emblée attirée par cet homme qui semble tout disposé à l’aider à retrouver la mémoire. Car il faut dire que notre héroïne est plutôt seule face à son problème : ses amies déjantées d’il y a 5 ans travaillent désormais sous ses ordres et la détestent. La pauvre Lexi se retrouve seule au milieu d’un monde de requins, à un poste à haute responsabilité auquel elle ne comprend plus rien.
Et le voilà, l’ingrédient miracle qui rend ce livre original et plaisant à lire : l’amnésie. Le lecteur est tenu en haleine par ce fil conducteur qui aurait pu quand même être un peu plus tendu. D’abord, d’une page à l’autre, on change d’héroïne : exit la fille banale et complexée du début ; place à une super vamp un peu paumée… le lecteur a hâte de savoir comment le switch s’est opéré ! Mais pour ça, il lui faudra attendre quand même un peu… Révélation à la fin du roman : final un peu bêta, je vous l’accorde, mais je ne dévoilerai pas les terribles événements qui ont conduit Lexi à devenir une redoutable femme d’affaires.
Autre idée intéressante de Sophie Kinsella : le lecteur s’attend à ce que l’héroïne retrouve la mémoire au cours du roman ! Eh bien non ! Ce qu’elle découvre d’elle-même est du ressort de l’enquête policière sur soi, et notre brave Lexi en sait assez pour décider qu’elle ne veut pas être cette femme à laquelle sa mémoire tourne le dos. Et comme tout est bien qui finit bien, c’est entre les bras de Jon qu’elle se pose, finalement… toute confiante. A eux deux, ils sauront peut-être revisiter un passé qui n’a de toutes manières, plus guère d’importance.
Alors non, je n’ai pas flanché à la lecture de ce roman qui m’a bien diverti dans cette période plutôt déprimante d’entrée en hiver. Et puisque les fêtes approchent et que cette auteure – Sophie Kinsella - est appréciée d’un large public féminin, je le conseille pour se faire plaisir entre Noël et nouvel an.
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