LECTURES VAGABONDES

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Sophie Kinsella : Confessions d’une accro du shopping/Des confessions plutôt catholiques

 

                Non, cet article n’est pas autobiographique ! Quoique… Enfin ? J’espère être un peu plus intelligente que toutes ces nanas qui hantent les romans « pour nous les filles », et même les meilleurs, comme ceux de Sophie Kinsella. Et oui, une fois n’est pas coutume, j’ai pris plaisir à la lecture de cette bluette sans prétention que Sophie Kinsella nous a concoctée en 2000 et qui paraît en France aux éditions Belfond (2002). Son titre ? Confessions d’une accro du shopping.

 

                Rebecca Bloomwood travaille dans un magazine financier : Réussir votre épargne. Et qui s’en douterait ? Totalement incompétente dans le domaine de la finance, elle rédige néanmoins des articles destinés à donner aux lecteurs des conseils pour gérer leur budget.

Cerise sur le gâteau, Rebecca est toujours à découvert, et passe son temps à inventer de fausses excuses pour ajourner ses remboursements sur les comptes de diverses cartes de crédit ; il faut dire que Rebecca est une accro du shopping. Au moindre prétexte, elle pousse la porte de magasins de vêtements, chaussures, accessoires, maquillage, décoration… et fait valser les livre-sterling. Elle aura tout essayé pour changer : dépenser moins, gagner plus… ce qui s’avère bien compliqué ! Elle tentera même de sortir avec le cousin de sa colocataire, Suze - un dénommé Tarquin – lorsqu’elle découvre qu’il est millionnaire ; mais l’affaire capote. D’ailleurs, Rebecca n’aime pas Tarquin. Elle est secrètement attirée par Luke Brandon, directeur de Brandon communication. Des circonstances professionnelles sont à l’origine de plusieurs rencontres qui n’aboutissent à rien de très concluant. Et puis, un jour, c’est le drame : assaillie par les demandes de remboursement émanant des banques, humiliée à la caisse d’un grand magasin au moment de payer – ses cartes sont désormais bloquées – Rebecca largue les amarres pendant quelques jours qu’elle passe chez ses parents. Là, elle apprend qu’à cause de conseils plutôt foireux qu’elle leur a prodigués, ses voisins ont perdu 20000 livres en placement chez Flagstaff Life. Alors, Rebecca se rebelle et écrit un article sulfureux qu’elle publie en free-lance dans un magazine à scandales : le Daily World. L’article fait mouche et la télévision s’en mêle. Lors d’une émission télévisée, elle se retrouve face à … Luke Brandon – il s’avère que la société Flagstaff Life fait partie de ses clients. Ce dernier s’incline face à Rebecca. Enfin, la vie sourit notre héroïne : la télévision l’adopte et … Luke est dans ses bras ! Ah oui, j’oubliais ! Désormais, plus de problème de découvert !

 

                Ce roman de Sophie Kinsella ne propose rien de bien révolutionnaire, pourtant, j’ai pris un certain plaisir à la lire, et pas seulement parce que la problématique « accro du shopping » me concerne. Tout d’abord, notre héroïne, Rebecca Bloomwood est, bien évidemment, une working girl qui sévit dans une capitale branchée : elle est, en effet, journaliste et travaille à Londres. Tête de linotte, elle est dépensière et adore tous les « trucs de filles » : les vêtements de marque, le maquillage, les bains moussants, les cafetières design. Et bien évidemment, elle craaaaaque devant les soldes, les promesses de chèque cadeaux, les échantillons gratuits… ! J’avoue quand même que Sophie Kinsella arrive à nous faire rire de ce stéréotype de fille : Rebecca accumule les gaffes car si elle dépense beaucoup, elle ne comprend rien aux abstractions du monde de la finance, des banques, et de l’épargne, éléments qu’elle est sensée bien connaître, vu son métier, ce qui offre quelques scènes assez savoureuses, même si on est bien conscient que Sophie Kinsella use et abuse de la ficelle de celle « qui s’y croit », « qui s’imagine déjà » et qui se retrouve dans des situations épineuses par manque de chance. Toutes ces délicieuses petites scènes contiennent souvent les mêmes ingrédients : ceux de la mauvaise rencontre, du mensonge malencontreux, ou encore du malentendu.

                Je dois dire aussi que le « happy end » est vraiment cousu de fil blanc. On n’y croit pas beaucoup ! Comment une gentille écervelée comme Rebecca, suite à un article miraculeux, peut-elle, par un enchainement de circonstances, se retrouver chroniqueuse dans une émission culte à la télévision ? Sans doute parce qu’il faut bien que notre héroïne, malmenée pendant presque tout le roman, ait sa revanche sur la vie, l’argent et les banquiers ! Et puis, n’est-elle pas la mieux placée pour donner des conseils sur la conduite à suivre lorsqu’on est poursuivi par son banquier ? Tout sauf prendre la fuite et se mettre la tête dans le sable, profère-t-elle avec aplomb alors que son banquier la poursuit dans les studios télé où elle sévit. Mais je pense aussi que Sophie Kinsella exagère sciemment cet happy-end pour nous amuser. Pour terminer le portrait de notre héroïne, bien évidemment, notre Rebecca « super connasse » n’a pas de fiancée… mais elle a des copines avec lesquelles elle parle chiffons. Pas de fiancé, certes, mais elle est amoureuse… et puis, bien sûr qu’il existe, le prince charmant : il s’appelle Luke, et il est millionnaire.

                Mais si j’ai apprécié Confessions d’une accro du shopping, ce n’est pas pour ces raisons. Le plus amusant, c’est sans doute cette petite satire aigre-douce de la société de consommation. En effet, Rebecca ne sait pas résister aux offres promotionnelles destinées à attirer les consommateurs : il est très drôle de voir notre héroïne acheter pour une belle somme des crèmes hydratantes – qu’elle avait déjà – pour obtenir la petite trousse cadeau « Clarins » dans laquelle se trouve un minuscule rouge à lèvres d’une couleur « pas terrible ». Et puis, si les banques exigent de Rebecca le remboursement de ses dettes, elle reçoit aussi de leur part, dans la même journée, de nouvelles offres de crédit « pour se faire plaisir ». Toutes ces pratiques de marketing, nous les connaissons bien… et nous nous faisons parfois avoir par ce doux chant des sirènes qui font de la dépense excessive de l’argent, un acte banal et décomplexé. 

                 Allons donc, il me semble que Confessions d’une accro du shopping comporte une suite… et même des suites. Alors, sans doute, à bientôt pour la suite des aventures de Rebecca Bloomwood. En attendant, nul doute que j’aurai, d’ici-là, bien fait valser la carte bleue !



16/03/2020
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