LECTURES VAGABONDES

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Sébastien Japrisot : L'été meurtrier / tout simplement mortel !


On connaît tous le célèbre film de Jean Becker : L'été meurtrier avec dans le rôle de Pin-Pon, le très tendre Alain Souchon et dans celui d'Eliane, la sulfureuse Isabelle Adjani. On connaît moins le livre de Sébastien Japrisot qui porte le même titre (Japrisot a d'ailleurs travaillé à l'adaptation cinématographique de son roman).

Si le film est agréable, le roman le dépasse de très loin ! Nous sommes ici face à une vraie tragédie montée sous forme de procès. Chapitre 1 : le bourreau. Pin-Pon rencontre Elle-Eliane : il sent instinctivement le danger qu'elle représente pour lui, mais ne peut s'empêcher de foncer tête baissée dans l'engrenage fatal de la passion. Chapitre 2 : la victime. Eliane prend la parole : l'envers du décor se dessine. Chapitre 3 : le témoin. La « tante sourdingue », entre souvenirs et impressions apporte un nouveau regard sur la famille Montecciari… et ainsi de suite jusqu'au dernier chapitre : l'exécution. Le roman progresse donc sous forme de kaléidoscope : les différents personnages apportent, chacun leur tour, leur témoignage et par là même, une pièce supplémentaire au puzzle qui peu à peu se construit, un acte supplémentaire au procès… mais au procès de qui ? Car il est clair que les héros sont tous deux d'innocentes victimes manipulées par le passé : une véritable tragédie, donc, où seule la fatalité est coupable.

Mais ce n'est là qu'une des nombreuses qualités de ce roman.

En effet, Japrisot a travaillé la voix de chacun de ses personnages : l'écriture n'est pas la même lorsque Elle, Pin-Pon ou « Eva Braun » prennent la parole… et à travers leur voix, c'est aussi leur caractère qui se dessine : l'un sera plutôt naïf, l'autre plutôt nostalgique…  c'est donc un véritable chant polyphonique qui nous est donné à lire.

Par ailleurs, l'histoire se démultiplie : chacun a en effet un passé, des souvenirs personnels, des secrets qu'il livre au lecteur, des petits bouts de vie éparpillés autour de la trame principale et qui accroissent la densité de l'ensemble…

A souligner également, le contraste entre la noirceur de cette tragédie et la lumière qui se dégage de chacun. Le tout sur fond de Provence années 60.

Ainsi, même si on connaît par cœur le film, le roman est à découvrir sans crainte d'être déçu, sans crainte d'une impression de déjà vu, car il contient des dimensions que Jean Becker n'a pas traduites.

J'ai lu L'été meurtrier il y a bien longtemps déjà, mais ce roman m'a tellement éblouie qu'il est absolument inconcevable de ne pas le voir figurer parmi les perles rares !

 



18/01/2009
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