Sarah Addison Allen : La reine des délices / Totalement écoeurant !
Fichtre ! J’espère bien que les Mayas se sont trompés dans leur prévision de fin du monde, car sinon, cela voudrait dire que… la dernière lecture de ma vie sera ce pitoyable roman que Sarah Addison Allen a publié aux éditions Belfond en 2009 : La reine des délices !
Josey mène auprès de sa mère, Margareth, une existence assez peu épanouie, puisque cette dernière est plutôt autoritaire et peu amène. Un jour, elle découvre, dans la penderie, la présence de Della Lee Baker : la jeune femme s’est réfugiée dans cet endroit sûr car elle en a assez d’être battue par son compagnon : Julian. Celle-ci pousse Josey à vivre son amour avec Adam, le postier dont cette dernière est éperdument amoureuse ; mais Josey est timide et Adam semble d’humeur plutôt égale, lorsqu’il la croise. Cependant, Josey a une amie, Chloé, qui vient de rompre avec Jake, son petit-ami ; en effet, celui-ci l’a trompée. Mais Chloé aime toujours Jake qui aime toujours Chloé… Alorsss ! Josey et Adam vont-ils s’aimer ? Chloé et Jake vont-ils se remettre ensemble ?
Inutile de dire que l’ensemble de l’intrigue de La reine des délices est extrêmement poussive et sans intérêt aucun. Sarah Addison Allen s’avère être, en effet, incapable de faire jouer les différents ressorts dramatiques qu’elle annonce pourtant. Tout d’abord, l’héroïne, Josey, est censée être plus ou moins boulimique : elle compense son mal de vivre en mangeant des sucreries. Cependant, mis à part le fait que l’auteure déclare son héroïne comme aimant les friandises, on ne trouve nulle part trace de ce mal de vivre. Et quid de l’émancipation de Josey ? En effet, l’héroïne, vivant une existence confinée sous la coupe d’une mère autoritaire, est censée se libérer de toutes ces entraves et découvrir la liberté, l’amour, etc… et bien oui, à la fin du roman, Josey file le parfait amour avec Adam… après un parcours fait de rencontres et de discussions banales qui conduisent à un premier baiser, et plus. Emancipation ! Quel grand mot ! La mère, Margareth, est un personnage tellement secondaire qu’on se demande comment il peut à ce point influer sur la vie de l’héroïne !
En réalité, l’auteure aligne péniblement les scènes dialoguées sans intérêt aucun. Josey discute avec Della Lee, Josey discute avec Chloé, Josey construit un bonhomme de neige avec Adam…. etc… Aucune intrigue digne de ce nom ne se dégage réellement de ce roman où aucun portrait n’est vraiment dressé. Inutile de dire qu’on s’ennuie vraiment, à lire La reine des délices. Inutile de dire qu’on a vraiment l’impression de perdre son temps, à lire La reine des délices.
Alors, bien sûr, l’auteure insère, ça et là, quelques rebondissements qui restent par la suite inexploités. On découvre que Margareth, la mère de Josey, a eu un amant, un amour qu’elle retrouve à la fin du roman. On découvre que le défunt père de Josey avait de nombreuses maîtresses parmi lesquelles la mère de Della Lee qui s’avère être la demi-sœur de l’héroïne. On découvre qu’Adam a un super secret, une douleur enfouie : il a été victime d’un accident de ski qui fait qu’aujourd’hui, il a une patte folle. Fichtre ! Quel secret inavouable et passionnant à découvrir pour le lecteur ! J’avoue que j’ai eu du mal à me remettre de cette révélation ! Bref, vous aurez compris qu’il y a dans ce roman, ces secrets enfouis qu’on découvre et qu’on oublie aussitôt après, tant ils sont insignifiants. Arghh ! Le coup du passé trouble ! On pensait que ça ne marchait plus depuis Delly ! Mais on s’est trompé !
Enfin, le presque pire, dans tout ça, c’est qu’à la fin, Adam révèle à Josey que Della Lee est sa sœur. La lectrice que je suis se souviens qu’une des précédentes découvertes du roman, c’était le fait que Della Lee était la sœur de Josey. Donc, si Della Lee est la sœur de Josey et celle d’Adam, les deux tourtereaux sont donc liés par la consanguinité ! Mais peu importe ! Il semble bien que Sarah Addison Allen ait oublié le micmac familial du départ, car la fin est très claire : Josey et Adam vont se marier… et il n’est point question de cette sœur trouble qu’ils ont en commun ; quand l’auteure elle-même oublie ce qu’elle a écrit 100 pages avant : no comment. On se dit qu’on ne pourra pas aller plus bas ! Mais…. Si ! On peut y aller, et avec La reine des délices, on y va !
Enfin, la cerise sur le gâteau de ces délices jusqu’à présent plutôt écœurants : le surnaturel. Balancé sans vergogne, à la fin : ben oui, depuis le début, le lecteur ne comprend pas ce que vient faire Della Lee dans la penderie de Josey ! Il y a tant d’endroits où aller pour fuir un compagnon violent ! Eh bien, Della Lee s’est en fait suicidée : dans la penderie, c’est son fantôme qui officie ! On avait bien besoin de ce nouveau rebondissement totalement idiot et parachuté pour être vraiment persuadé que La reine des délices est un très mauvais roman « pour-nous-les-filles ». Entre l’ennui, la bêtise et la médiocrité qui sont les maîtres-mots de ce roman, le lecteur a toutes les bonnes raisons d’être pris de violentes coliques… Pourquoi Della Lee serait-elle un fantôme ? Et pourquoi pas ? De toutes manières, ce personnage, comme tous ceux qui hantent cet indigent roman, est accessoire, n’apporte rien à une intrigue inexistante, sinon la possibilité pour Sarah Addison Allen de lancer des discussions du style : « Adam est un garçon super, tu devrais te mettre avec lui »/ « Tu es sûre ? C’est vrai qu’il me plait ».
Je n’ai en effet, pas rendu-compte des personnages totalement accessoires qui peuplent ce roman. Donc, pour la forme, je pioche : Julian, le compagnon violent de Della Lee ; il sort avec Chloé qui s’est séparée de Jake. Mais c’est un violeur impénitent. Donc, il va essayer de violer Chloé avant de se faire serrer par les flics. M’enfin, tout cela n’empêchera pas Chloé de se remettre avec Jake, le seul homme qu’elle aime depuis le début du roman. Donc, je dois dire que le lecteur se fiche bien de ce que la Chloé fait avec qui, vu que dès le départ, il connaît la fin. Même chose pour la Josey… Alors, c’est quoi, l’intérêt de ce roman ?
A l’avant-veille du début des fêtes de fin d’année, lire ce roman indigeste, voire incomestible, c’est vraiment inconcevable ! Inconcevable donc doit s’avérer être la tentation de cette lecture indigente : La reine des délices. Préférons-donc les vrais délices de Noël ! Car vraiment, La reine des délices, c’est une sorte de lecture de fin du monde, mais certainement pas une lecture de fêtes : petit papa Noël, quand tu descendras du ciel, oublie de mettre La reine des délices de Sarah Addison Allen dans nos petits souliers ! Ti ringrazio tanto !
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