Stephen McCauley : sexe et dépendances / aucun risque de dépendance...
Quelle déception que ce roman de Stephen McCauley : sexe et dépendances écrit en 2006 et paru aux éditions Flammarion ! Pourtant, la jaquette du livre augurait bien avec cet extrait d’article du Los Angeles times dans lequel on peut lire : « humour féroce et parfois décapant / œil acéré pour les faiblesses humaines / un satiriste du calibre d’Evelyn Waugh et d’Oscar Wilde ». Par ailleurs, j’ai découvert le nom de Stephen McCauley à la fin d’un des tomes des Chroniques de San Francisco d’Armistead Maupin. Depuis, je m’étais promis de découvrir cet auteur que j’aurais peut-être mieux fait de laisser tranquille.
William Collins, agent immobilier à Boston, est homosexuel et adepte des rencontres faciles qu’on fait sur internet. Un jour, il décide qu’il en a assez de perdre son temps dans le sexe, rien que le sexe… il fait vœu de chasteté. Cependant, le sevrage s’avère très difficile et tous les soirs, William trouve une bonne excuse pour se rendre à un de ces fameux rendez-vous-sexe. Un jour, à l’agence, notre héros rencontre Charlotte et Samuel, un couple décidé à acheter un appartement en centre ville. Très vite, William est fasciné : il voit en Charlotte et Samuel un modèle de vie réussie et équilibrée. Mais peu à peu, la façade se lézarde.
J’avoue que tout au long de la lecture de ce roman, j’ai eu du mal à en voir l’intérêt… à partir de là, c’est l’ennui qui guette.
Certes, l’auteur a un certain sens de l’humour et s’attache à faire toute une galerie de portraits de l’intelligentsia et des jeunes cadres dynamiques de Boston, apparemment bien dans leur peau et sûrs d’eux-mêmes, mais en réalité truffés de névroses et de problèmes psychologiques. Certes, on sent que Stephen McCauley s’inscrit dans une certaine veine de littérature gay and lesbians, comme Armistead Maupin… Cependant, sexe et dépendances n’a pas la truculence des chroniques de San Francisco et bien vite, au lieu de m’amuser, la lecture de ce livre m’a profondément ennuyée.
D’abord, contrairement aux œuvres d’Armistead Maupin, riches en rebondissements, il n’y a ici, aucune intrigue digne de ce nom… aucune intrigue sinon celle, très lente et poussive de l’achat et de la vente de quelques appartements, prétexte à dresser des portraits qui se veulent hauts en couleur mais qui ne le sont pas vraiment car ils restent figés : on connaît les tares des personnages parce que le narrateur les expose de manière directe. Ce n’est pas l’intrigue qui les met en exergue. Entre autres : l’artiste-peintre adepte de yoga qui ne paye jamais son loyer, l’intellectuelle féministe et dépravée qui fait des promesses d’achat et se rétracte à la dernière minute, le stewart dépressif et terrorisé par l’avion depuis les attentats du 11 Septembre.
Par ailleurs, si Stephen McCauley est, tout comme Armistead Maupin, un militant de la cause homosexuelle et une figure notoire de la culture gay, je pense que son livre n’est pas pour faire taire les préjugés des hétérosexuels sur les homosexuels, car on est face ici, à un héros qui a une passion pour le ménage, un maniaque de la propreté et du repassage, qui par ailleurs, ne pense qu’au sexe… et même s’il a un petit ami régulier, on dira que le couple est très libre. Autour de lui, gravite un bon nombre d’homosexuels : il faut vraiment être passionné par la question pour s’intéresser à tous ces personnages qui ne nous apprennent rien sur le fait d’être homo, puisque tous s’affirment en tant que tel et n’ont aucun problème avec la question… D’ailleurs, ce seraient plutôt les hétérosexuels qui auraient des problèmes, puisque Stephen McCauley affirme à un moment que tous les hétéros sont des homos refoulés. Je sais bien que c’est un vœu pieu des homosexuels… m’enfin !!!
Ainsi, dans le roman, on retrouve l’homme marié en goguette avec… des hommes (bien sûr ! c’est le cas le plus commun !), le divorcé qui assume désormais pleinement son homosexualité (là aussi, on sait bien que c’est souvent pour ça que les hommes divorcent !)… Par contre, aucun homo n’est bouleversé par une femme… Quel dommage ! Pourtant, ça existe aussi… même si c’est la honte pour un homo d’avoir parfois des envies de monsieur tout le monde !!!
Bref, le sujet de l’homosexualité traité par Stephen McCauley ne m’intéresse absolument pas : de la même façon, les tribulations d’un homme ou d’une femme hétéro qui ne feraient que coucher à droite et à gauche sans trop savoir pourquoi, simplement parce que c’est cool, me m’intéresseraient pas. Je pense en effet que chez l’homme, l’envie de sexe est un peu plus complexe que l’envie de bouffer tout et n’importe quoi parce qu’il est midi.
Enfin, Stephen McCauley ne fait que renforcer l’idée qu’être homosexuel, c’est faire partie d’un clan à part, d’une tribu particulière qui affirme haut et fort des mœurs et des désirs autres que ceux des hétérosexuels… c’est d’ailleurs ce qu’on peut reprocher à toutes ces tentatives d’affirmation d’une culture gay différente qui surfe sur le stéréotype de l’homo accro à la baise avec n’importe quel être doté d’un membre viril… Il ne faut pas s’étonner ensuite que l’homophobie ait la vie dure, car promouvoir des valeurs claniques, tribales, c’est ouvrir la porte à l’incompréhension et à l’intolérance, c’est aussi cultiver soi-même (un comble !) l’exclusion.
A découvrir aussi
- Daniel Pennac : Chagrin d’école/lecture chagrine.
- Gaël Chatelain : les solitudes additionnées / roman à soustraire.
- Federico Moccia : J’ai envie de toi/J’ai pas envie de donner envie de lire ce roman.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 38 autres membres