Richard Osborne : Basic instinct / Roman basique
On se souvient tous du film qui, en son temps, a défrayé la chronique : le très sulfureux Basic Instinct, film réalisé en 1992 par Paul Verhoeven. Voilà qu’au hasard d’une boîte à livres qui trainait sur le chemin de mes vacances, je trouve ce roman que Richard Osborne a écrit à partir du scénario du film signé Joe Eszterhas. Ce roman parait en 1992 aux éditons Presses Pocket.
Nous sommes à San Francisco, Californie. Johnny Boz, ancienne vedette richissime du rock’n’roll, est assassiné de plusieurs coups de pic à glace alors qu’il faisait l’amour avec une beauté blonde. Les enquêteurs Gus Moran et Nick Curran sont chargés de l’affaire qui les mène très vite sur la piste d’une romancière, maîtresse de Johnny Boz : Catherine Tramell. La jeune femme est la dernière personne avec laquelle Johnny a été vu vivant ; cependant, elle nie avoir tué son amant. Le problème, c’est que le scénario de son dernier roman colle en tout point avec la manière dont Johnny a été assassiné. Par ailleurs, autour de Catherine Tramell, il y a décidément beaucoup de morts : ses parents ont trouvé la mort dans un accident de bateau – et elle a hérité d’eux une somme pharaonique – son fiancé est mort des suites d’un combat de boxe, son professeur de psychologie à l’université de Berkeley a également été assassiné, dix ans plus tôt, à coups de pic à glace. Par ailleurs, la jeune femme est amie avec une vieille femme qui a assassiné toute sa famille. De son côté, Nick Curran trimbale aussi quelques casserole. Il a tué accidentellement un couple de touristes lors d’une arrestation qui a mal tourné. Le problème, c’est que notre policier était sous l’emprise de cocaïne, qu’il avait un penchant certain pour la boisson. Par ailleurs, il est également affecté par le suicide de son épouse. Voilà pourquoi, au moment où il est chargé de l’enquête sur Catherine Tramell, Nick est suivi par la psychologue Beth Garner, chargée de faire un rapport psychiatrique au service de l’inspection générale ; la jeune femme est accessoirement sa maîtresse. Cependant, la sulfureuse Catherine Tramell obsède bientôt Nick qui la rencontre plusieurs fois et s’étonne de la somme d’information que la jeune femme détient sur son passé. Notre policier comprend que la romancière – qui écrit un nouveau roman et se sert de la personnalité de Nick pour dresser le portrait de son héros – a eu accès à son dossier psychiatrique. Fou de rage, il menace Nilsen, de l’inspection générale, qu’il soupçonne d’avoir vendu son dossier après l’avoir extorqué à Beth Garner. Quelques heures plus tard, Nilsen est assassiné et Nick est soupçonné du meurtre. Il est placé en congé forcé jusqu’à la fin de l’enquête. Cependant, le collègue de Nick, Gus Moran, s’inquiète pour son partenaire et ami : son attirance pour Catherine Tramell ne lui inspire pas confiance ; voilà pourquoi il continue l’enquête sur elle et tient Nick au courant de ses découvertes. De son côté, Nick est irrésistiblement attiré par la belle blonde et succombe à ses charmes tandis que Roxy, la maîtresse de celle-ci, jalouse, prend, un soir, Nick en chasse à bord de sa voiture et meurt, accidentée. Cette perte affecte Catherine qui montre enfin sa vulnérabilité et avoue à Nick qu’autour d’elle, la mort rode, lui enlevant toutes les personnes qu’elle aime. Elle lui révèle également qu’au cours de ses études à Berkeley, elle a été l’objet de harcèlement de la part d’une fille qui fut son amante d’un soir : Lisa Obermann. Nick enquête donc sur Lisa Obermann et découvre que cette dernière n’est autre que la psychologue Beth Garner. Celle-ci nie partiellement les faits : c’est Catherine, et non elle, qui a eu un comportement déviant et harceleur. Cependant, Gus Moran se rend à un rendez-vous concernant le passé de Catherine Tramell et se fait assassiner à la sortie de l’ascenseur. C’est Beth Garner qui a fait le coup, assurément. Un pic à glace, une perruque blonde et un vêtement taché du sang de Gus sont retrouvés dans l’escalier d’où elle est sortie comme par magie. Nick et Catherine peuvent enfin s’aimer comme ils le veulent… mais la belle blonde est-elle vraiment innocente ? Un pic à glace traine sous le lit qui accueille leurs ébats amoureux.
On retrouve avec plaisir - mais aussi avec une certaine déception – ce roman qui a été inspiré par le film culte de Paul Verhoeven : Basic Instinct. Il est à noter qu’il s’agit-là d’un roman écrit à partir du scénario du film et non le contraire, comme c’est souvent le cas. J’ai personnellement beaucoup plus apprécié le film.
Certes, le roman de Richard Osborne est tout à fait fidèle au scénario du film qu’il reprend dans le même ordre. On retrouve donc toutes les scènes cultes du film et je pense notamment à celle du célèbre interrogatoire de Catherine Tramell qui se met à fumer alors que c’est interdit et qui joue des jambes sous sa mini-jupe pour affoler les enquêteurs qui lui font face.
Cependant, le revers de la médaille, c’est que le roman ne contient aucune surprise.
Par ailleurs, ce roman est également très court et ne développe pas les scènes du film – film plutôt long quant à lui : 2 heures 10. En réalité, s’il n’y avait pas le film qui trottine en permanence dans la tête du lecteur et accompagne la lecture du roman, celui-ci serait insignifiant. Ainsi, sur le personnage de Catherine Tramell vient se greffer le visage de la sulfureuse Sharon Stone tandis que le très sexy et impétueux Michael Douglas incarne le détective Nick Curran.
Par conséquent, le roman Basic Instinct aurait pu avoir de l’intérêt s’il avait développé la personnalité contrastée de Catherine Tramell : à la fois provocante et provocatrice, inquiétante, mystérieuse et fragile. Mais il n’en est rien. Bref, on attendait du roman un supplément par rapport au film : un autre regard sur les personnages ou une autre construction, par exemple.
En résumé, lire Basic Instinct le roman n’offre qu’un intérêt très limité. Si le film est érotique et sulfureux, le roman l’est beaucoup moins et s’avère être relativement plat. On préfèrera, par conséquent, regarder une énième fois Basic Instinct le film.
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