LECTURES VAGABONDES

LECTURES VAGABONDES

Richard Montanari : Déviances / Détour mortel !

 

C’est dans Déviances que le lecteur découvre la première enquête des inspecteurs Jessica Balzano et Kevin Byrnes et je dois dire que c’est peut-être la meilleure des trois que j’ai lues. Déviances, donc, est écrit par Richard Montanari et paraît en 2006 aux éditions du Cherche Midi.

 

Pour la première fois, Jessica Balzano et Kevin Byrnes vont mener une enquête très spéciale qui les emmène sur les traces d’un tueur qui sème la terreur dans les familles catholiques de Philadelphie : le tueur au rosaire. En effet, l’ancien coéquipier de Byrnes – Jimmy Purify -  est malade et décèdera d’ailleurs, au cours du roman. Mais qui est le tueur au rosaire ? Nous sommes au début de la semaine sainte lorsque sa première victime est découverte :

Tessa Wells est élève à Nazarène, une école catholique de Philadelphie. Elle est découverte dans une cave sordide ; ses mains ont été vissées l’une à l’autre par un boulon, dans un geste de prière, elles tiennent un rosaire auquel  manquent des rangs de perles ; soin vagin a été cousu. La seconde victime est découverte dans la foulée : elle a été assassinée dans les mêmes circonstances et elle a des caractéristiques communes avec la première victime notamment le fait qu’elle fréquentait une école catholique. Très vite les soupçons portent sur un médecin psychologue qui connaissait les victimes pour avoir travaillé dans les écoles qu’elles fréquentaient. Le docteur Parkhurst est très vite inquiété d’autant plus que le loustic a entretenu des relations avec des adolescentes… sans doute Tessa Wells fut l’une de ses maîtresses. Cependant, la piste s’écroule assez vite car l’homme est retrouvé pendu dans sa résidence secondaire alors qu’une nouvelle victime est retrouvée. Nul doute, les assassinats ont à voir avec les croyances catholiques et Jessica finit par découvrir que le tueur s’inspire des mystères douloureux du rosaire dans la présentation des scènes de crimes : il devrait donc y avoir 5 victimes, puisqu’il y a 5 mystères. Comment arrêter le tueur avant qu’il ne frappe à nouveau dans cette semaine sainte qui va bientôt commémorer la crucifixion de Jésus ? Difficile à faire ! Une quatrième victime, Bethany Price est retrouvée avec une couronne de barbelés sur la tête. La cinquième victime est une droguée qui saura résister à l’injection de paralysant de son agresseur. Elle réussit à sauter de la fourgonnette qui l’emmènait vers le calvaire. Cependant, le point commun entre les victimes est établi : toutes ont tenté de se suicider ; toutes ont atterri aux urgences de l’hôpital Saint-Joseph ; toutes ont été soignées par le docteur Patrick Farrell que Jessica fréquente alors qu’elle est séparée de son mari : Vincent Balzano. Patrick devient le principal suspect et tout un faisceau de présomptions l’accablent. Jessica est désemparée et c’est lorsque Patrick vient quémander un entretien chez elle que le tueur s’empare de sa petite fille, Sophie… pour un dénouement hyper dramatique et haletant qui innocentera Patrick : car le tueur, s’il est lié à Jessica pour des raisons professionnelles – sa femme a perdu leur unique enfant dans la voiture qu’elle conduisait – n’est pas son amant, mais un ambulancier de Saint Joseph nommé Andrew Chase. L’épilogue verra mourir cet assassin fou de douleur qui cherchait un moyen de ressusciter son enfant mort… mais pas comme on le croit. Quant à Kevin Byrne, qui a risqué sa vie pour sauver celle de Jessica et de Sophie, il finit par sortir du coma. En route pour de nouvelles enquêtes noires, mais passionnantes ! Désormais, le tandem est scellé !

 

Premier thriller selon la chronologie et sans doute celui que je préfère. Déviances est en effet un petit bijou de noirceur, même si, finalement, on retrouve les mêmes ficelles du suspense que dans Funérailles et dans Psycho.

Il faut dire que dans Déviances, les scènes de crimes sont particulièrement macabres. Tout droit inspirées de la religion catholique, ces scènes rivalisent, sur le plan de l’horreur, avec celles du chef d’œuvre de David Fincher : Seven. Les jeunes filles sont assassinées selon un rituel de mutilation barbare et plus on évolue, plus l’horreur se fait sentir.

Ensuite, il faut dire que le réseau des suspects est assez serré. On suspecte d’abord le médecin psychiatre des écoles catholiques, Brian Parkhurst, puis le petit ami de Jessica, Patrick. Cependant, quand on prend quelque distance avec l’intrigue, on se dit que celle-ci est peu plausible. En effet, on navigue beaucoup trop et toujours dans la mouvance de Jessica Balzano. Et je ne parle pas seulement de Patrick, son petit ami, mais aussi du véritable assassin qu’elle a connu dans son poste précédent. Par ailleurs, on adhère assez peu au mobile du meurtrier : Andrew Chase a perdu sa petite fille, morte à la naissance ; sa vie n’a plus de sens. Il est persuadé qu’en assassinant des jeunes filles selon les scènes des Mystères douloureux du rosaire de sainte Marie, il va réussir à ressusciter son enfant, à Pâques. Cependant, cet homme bouleversé et meurtri ne correspond pas à cet aspect « serial killer » qu’on trouve dans les scènes de crime. Dès le départ, on est convaincu, à raison, que le meurtrier est un détraqué perverti par la religion.

Et quid de l’inspecteur Byrne ? On le voit très peu, dans cette enquête car le bonhomme est pris dans une affaire parallèle qui n’a rien à voir avec celle du tueur au rosaire. Ce n’est qu’à la fin, pris par une de ces visions dont il est victime, qu’il se précipite chez Jessica pour sortir la jeune femme et sa fille du mauvais pas dans lequel elles se trouvent.

Bref, si finalement, on trouve de nombreux défauts à l’intrigue de Déviances, on a envie de dire que ce sont eux qui font aussi le suspense du roman : on palpite davantage lorsque le suspect est aussi un personnage important et bien propre sur lui qu’on rencontre par ailleurs dans le roman. Même si la thèse d’un tueur totalement parachuté et inconnu de tous est la plus plausible.

Quant à l’atmosphère très noire du roman, elle est fort présente : Philadelphie et ses bars louches, ses quartiers glauques, ses dealers, ses caïds. Avec Déviances, on n’est pas déçu !

Je crois bien que j’ai épuisé des Montanari de la médiathèque de Villeneuve d’Ascq ! Mais peu importe ! J’irai ailleurs pour en dénicher d’autres. Pour Montanari, je suis prête à dévier de mes habitudes de lecture !  



11/05/2020
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 37 autres membres