LECTURES VAGABONDES

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Oyinkan Braithwaite : Ma sœur, serial killeuse / Un roman qui va te « killer »

         J’adore les histoires de serial killer. Voilà pourquoi je me suis jetée sur ce roman, malgré sa couverture un peu trop flashy qui n’augure pas d’une grande œuvre impérissable. Oyinkan Braithwaite écrit Ma sœur, serial killer en 2017 ; le roman paraît en 2019 aux éditions Delcourt.

       

      Nous sommes au Nigéria, non loin de Lagos. Korede est infirmière dans un hôpital. Elle a une sœur – Ayoola - un peu particulière puisqu’elle a la fâcheuse tendance à assassiner tous ses petits amis. Puis, affolée, elle appelle sa sœur qui vient l’aider à faire disparaître les cadavres encombrants. Le dernier en date, c’est un certain Femi. Mais auparavant, il y a eu Somto et Peter. Korede, accablée par le remords, se confie à un patient plongé depuis plusieurs semaines dans le coma. Ce patient s’appelle Muhtar. Par ailleurs, Korede est amoureuse d’un médecin qui travaille auprès d’elle à l’hôpital : Tade. Mais ce dernier n’a d’yeux que pour Ayoola, ce qui déchire et affole sa sœur. Mais Ayoola est très volage et Korede compte sur cette particularité qui, peut-être, fera capoter sa liaison avec Tade. D’ailleurs, celle-ci est partie faire un tour à Dubaï en compagnie du richissime Gboyega, qui mourra là-bas d’une intoxication alimentaire. Et puis, un jour, Muhtar se réveille et déclare à Korede qu’il se souvient de ce qu’elle lui a confié pendant son coma. Il lui promet de garder le secret. Tade, de son côté, décide de demander Ayoola en mariage. Korede fait son possible pour retarder cette décision. Mais un jour, arrive ce qui devait arriver : Ayoola tente d’assassiner Tade. Mais c’est elle qui se retrouve poignardée. Dans un réflexe de défense, Tade lui a assené un coup de couteau. Ayoola explique alors à sa sœur que Tade la prenait pour une folle, une meurtrière. C’est alors que Korede décide de protéger sa sœur et d’accuser Tade. Son choix l’amène à rompre avec Muhtar.

 

      Avec Ma sœur, serail killeuse, Oyinkan Braithwaite signe un roman très court mais très bien mené et très prenant.

      Ainsi, Ma sœur, serial killeuse est construit comme un vrai thriller, même s’il s’avère être beaucoup plus complexe et toucher aussi à d’autres genres littéraires. Le suspense nous maintient en éveil et en appétit tout au long de cette belle histoire d’amour, de complicité, de secret entre deux sœurs. Par exemple, lorsque Muhtar sort du coma et qu’il annonce à Korede qu’il se souvient de tout ce qu’elle lui a raconté pendant cette longue période de sommeil, on se demande s’il va dénoncer Korede et sa sœur. Lorsqu’Ayoola et Tade entament une liaison, on se demande si et/ou quand Ayoola va le poignarder.

      Mais Ma sœur, serial killeuse, c’est aussi un beau portrait de femme, assez complexe. Car Korede est une femme meurtrie. Meurtrie d’abord par sa sœur, la si belle Ayoola ; Korede, quant à elle, est plutôt laide. Cette sœur à laquelle elle vient en aide après un meurtre, lui a ravi l’homme dont elle est tellement éprise : le beau docteur Tade. Cependant, Korede pourrait aussi bien briser la vie d’Ayoola car elle connaît son secret : lorsqu’elle est en proie à une crise de violence, Ayoola se transforme en meurtrière. Cependant, elle n’en fera rien, et, les liens du sang et du secret étant les plus forts, elle se rangera du côté de sa sœur lorsque l’heure de faire un choix sonnera. Bien plus, Korede prend sur elle tous les remords que sa jeune sœur n’éprouve guère après un meurtre. Voilà pourquoi elle a besoin de se confier à un homme qui gît, inerte, sur un lit l’hôpital, dans le coma. Voilà pourquoi, aussi, elle intéresse à Femi, le dernier petit ami qu’Ayoola a assassiné ; elle sympathise avec lui outre-tombe.

Enfin, petit à petit, le lecteur découvre tous les secrets qui lient les deux sœurs et qui expliquent pourquoi Korede se range du côté d’une jeune sœur qui lui pourrit la vie et qui manque de l’envoyer en prison. Car c’est dans le sang que s’est soudée l’union des deux sœurs. Leur père était un homme violent, qui n’hésitait pas à lever la main sur ses filles. Un jour, il décide de donner sa fille Ayoola à un riche seigneur qui la convoite alors qu’elle n’a que 14 ans. Korede le frappe, il tombe par terre et meurt. C’est ainsi, dans le sang paternel que les deux sœurs se lient. Par ailleurs, les accès de violence du père ont sans doute déterminé les accès de violence d’Ayoola. La violence est inscrite dans les gènes familiaux.

      Ainsi, Ma sœur, serial killeuse est un roman que vous ne regretterez pas d’avoir choisi si vous avez quelques heures devant vous. Il est court, et se lit, par conséquent, très vite. Il vous tiendra en haleine tout en questionnant un lien fondamental de la famille : la sororité et l’hérédité. Car oui, ce roman va te killer ta race !



10/02/2025
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