Meg Cabot : Embrouilles à Manhattan /Et hop ! On se débrouille pour lire ce roman !
Même si la plupart du temps, je suis brouillée avec les romans « pour nous les filles », j’avoue que le roman Embrouilles à Manhattan de Meg Cabot, paru en 2006 aux éditions Marabout, s’est débrouillé- je ne sais comment – pour me séduire !
Kate Mackenzie travaille à la gestion du personnel au New York Journal. Elle vient de rompre avec son petit ami, Dale, qui n’arrive pas à s’engager définitivement avec elle par un mariage en bonne et due forme. Au journal, Kate se trouve prise dans un épineux problème : elle doit signifier à Ida Lopez, employée au restaurant du journal, son renvoi. En effet, Ida a refusé de servir un rab de pâtisserie à Stuart Herzog, avocat et fiancé à Amy Jenkins, la responsable « gestion » à la direction des ressources humaines du New York journal. Cependant, tout le monde, au journal, aime Ida et ses pâtisseries ! L’affaire est portée en justice car Ida a été licenciée du jour au lendemain, au mépris de toutes les règles. Pour sa défense, Stuart engage son propre frère, Mitch, qui est aussi son associé principal au cabinet d’avocats. Lors de sa première entrevue avec Mitch, Kate tombe sous son charme ! Après une bonne dose de petites embrouilles sans gravité, inutile de dire que tout se dénouera pour le mieux et ce, pour tous les personnages… enfin, presque !
La grande originalité du roman Embrouilles à Manhattan est sans doute sa forme, amusante et inédite. En effet, Meg Cabot n’a pas opté, ici, pour une narration classique puisque le roman est intégralement composé de mails échangés entre les différents personnages, de messages laissés sur les répondeurs des uns et des autres, de notes de services, ou encore, d’extraits du journal intime de notre héroïne, Kate Mackenzie. Ainsi, Meg Cabot renouvelle de manière amusante le style du roman épistolaire très prisé au XVIIIème siècle. C’est en effet à travers tous ces échanges électroniques que le lecteur suit le cheminement de l’intrigue qui part dans plusieurs directions, qui saute parfois du coq à l’âne, mais qui évite à coup sûr l’ennui généré par une intrigue ciblée sur les amourettes d’une employée de bureau new-yorkaise. En effet, les textes échangés sont plutôt courts et se savourent comme des petites confiseries à l’heure du thé, petites douceurs parfois bien acidulées.
En effet, Meg Cabot, tout en respectant les stéréotypes des héroïnes de romans pour filles, a réussi à glisser une petite satire du monde du travail et de la famille. Kate et Jen passent leur temps à échanger des mails sur la messagerie interne du journal ; bien évidemment, il y est question de leurs histoires de cœur, mais aussi de cancans, notamment sur Amy Jenkins, leur chef. J’avoue que cette petite satire est un peu stéréotypée car toutes les employées de bureau ne passent pas leur temps à se faire les ongles, à cancaner, à échanger des mails sur la messagerie interne de la boîte. Non. Pas toutes. Mais certaines… un peu quand même, et c’est bien évidemment celles-là qui nous amusent. Et puis, au sein d’une boîte, il y a aussi des cheftaines imbuvables qui se croient sorties de la cuisse de Jupiter parce que dans leur carnet d’adresse figure le nom de certains messieurs très en vue : c’est le cas d’Amy Jenkins, fiancée à Stuart Herzog, un avocat très hype… mais pas très apprécié de toute sa sainte famille. Son frère, Mitch, le déteste et réciproquement. D’ailleurs, seule Margaret Herzog, la mère, semble apprécier Stuart et sa fiancée pète-sec, Amy. Les deux sœurs, la très dépassée par ses enfants Stacy et la marginale Janice passent leur temps à se moquer de leur frère Stuart et à décrier leur futur belle-sœur, Amy. Petites embrouilles familiales en vue chez les Herzog !
Et puis, même si on retrouve les personnages stéréotypés de ce genre de roman soap, je dois dire qu’ils sont ici, bien croqués et amusants. Kate est gaffeuse, mais très jolie et Mitch tombe immédiatement sous son charme. Bien sûr, notre avocat n’est pas aussi psychorigide que son frère Stuart ! Il a le sens de l’humour et un passé non conventionnel : bref, nos deux héros ont un charme fou ! Tout le monde se rend bien compte que Dale, l’ex-petit ami de Kate, est un gros naze… sauf cette dernière. Et c’est sans compter la charmante Dolly, une extravagante amie de Mitch qui héberge un certain temps Kate, lorsque cette dernière est dans l’embarras. Bref, avec toute cette smala, on ne s’ennuie pas ! Le roman regorge de petites embrouilles très amusantes entre tous les personnages. Par exemple, Dale, l’ex-petit ami de Kate, finalement encore un peu amoureux de cette dernière : le loustic vient vomir les chansons débiles de sa composition dans le bureau de notre héroïne alors que le beau Mitch est à l’écoute ! Par exemple, encore, lorsque Kate doit sauver la mise de Dolly, déjà fiancée à un homme riche qu’elle ne veut pas perdre alors qu’elle se trouve au lit avec un beau sportif ! Inutile de le dire, ce roman est exclusivement réservé au pur divertissement et n’a aucune prétention intellectuelle. Pourtant, je dois le dire, toutes légères voire bêbêtes que puissent être toutes les historiettes qui jalonnent Embrouilles à Manhattan, elles nous font passer un bon moment de pur amusement parfois quelque peu enfantin dans le style « je regarde s’envoler les bulles de savons parce que c’est rigolo ».
Mais inutile de nous embrouiller davantage dans un long article ennuyeux et plombant, totalement à côté du style d’Embrouilles à Manhattan. Il s’agit un bon roman « pour filles » (plutôt à réserver aux filles – on l’aura compris ) qui peuvent, sans souci, se débrouiller pour lire cette petite bluette amusante et sans prétention.
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