LECTURES VAGABONDES

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Mary  Beth Keane : La cuisinière / Bonne cuisine

         

      En ces temps de pandémie, de virus covid 19 et de ses formes mutantes, voici un roman qui devrait nous parler, puisqu’il parle de maladie contagieuse, de transmission et par extension, de vaccin à inventer. Ce petit bijou d’actualité s’intitule La cuisinière, est écrit par Mary Beth Keane, et paraît en France en 2014 aux éditons Presses de la cité.

 

                Mary Mallon est un jour arrêtée brutalement par la police et emmenée de force à l’hôpital Willard Parker, New York. Son crime ? Avoir causé la mort de plusieurs personnes chez lesquelles elle travaillait. Mary est cuisinière et œuvre dans des maisons bourgeoises. Cependant, là où elle passe, certains trépassent. Notamment des enfants : le petit Kirkenbauer (auquel elle était très attachée) et la petite Bowen. Mais Mary n’est pas une criminelle comme les autres. En réalité, elle serait porteuse saine du virus de la fièvre typhoïde et contaminerait les gens par l’intermédiaire de la nourriture qu’elle cuisine. Le docteur Soper est particulièrement coriace et envoie la jeune femme sur l’île de North Brother, au large de New York où elle est condamnée à vivre dans une maisonnette construite exprès pour elle. Alors commence pour Mary une lutte pour sa liberté. L’avocat O’Neil se charge de sa défense au procès que malheureusement le jeune femme perdra. S’ensuit alors une longue période d’exil où Mary dépérit. Certes, elle se lie d’amitié avec le jardinier, mais son amant, Alfred, ne lui écrit presque jamais et un jour, alors qu’il lui rend visite sur l’île, il lui annonce qu’il va épouser une certaine Liza. Et la vie passe pour Mary, dans la solitude et la certitude d’une énorme injustice. Car la jeune femme n’est pas convaincue de trimbaler les germes de la fièvre typhoïde. Par ailleurs, il existe d’autres porteurs sains répertoriés qui n’ont jamais été ennuyés par personne. Et puis, un jour, le ministre de la Santé change et décide de libérer Mary. Aussitôt, Alfred, qui n’a finalement pas épousé Liza, souhaite retrouver son ancien amour. Mais Mary veut être libre et travaille d’abord pour une blanchisserie tenue par un chinois puis dans une boulangerie. Par la suite, elle travaillera aussi à son compte. Bizarrement, entre temps, Alfred a disparu. En réalité, il a été pris dans l’incendie d’une écurie et s’en est tiré difficilement. Désormais, il ne boit plus mais se drogue pour supporter la douleur d’une peau brûlée. Après une tentative de recherche de travail infructueuse du côté du Minnesota, il décide de revenir à New York où il retrouve Mary : nos deux amants se remettent en couple. Pendant plusieurs années, la vie va, presque droite. Certes, Alfred est dépendant de la drogue, mais Mary subvient aux besoins du ménage : elle est désormais cuisinière dans une maternité pour riches. Mais un jour, les choses se précipitent : alors qu’elle est arrêtée puisqu’à l’hôpital, il y a eu des cas de fièvre typhoïde et des morts, Alfred décède brutalement. Désormais certaine d’être porteuse des germes de la fièvre typhoïde, Mary termine sa vie sur l’île de North Brother, rongée par la culpabilité.

 

                La cuisinière, c’est un roman épatant, basée sur une histoire vraie ; celle de Mary Mallon surnommée aussi dans son temps la femme la plus dangereuse des États-Unis.  

                Ainsi, le roman dresse-t-il le portrait d’une femme, de cette femme qui a existé : Mary Mallon. C’est tout d’abord une femme courageuse et passionnée. Elle travaille comme cuisinière et possède un certain talent. Seule, elle subvient à ses besoins et, lorsqu’après son isolement sur l’île de North Brother, elle retourne à la vie normale, elle officie comme blanchisseuse avant de retourner à sa passion : la cuisine. Mary est aussi une femme déterminée : convaincue par le fait qu’elle n’est aucunement malade, assurée du fait que la société agit contre elle avec injustice, elle se bat pour retrouver sa liberté. Enfin, elle est une femme amoureuse et même si Alfred, son amant, boit, est professionnellement instable, puis finit par être accroc à la morphine, elle reste avec lui et l’aime comme au premier jour. Son regret ? Ne pas avoir eu d’enfant : raison pour laquelle elle est si attachée au petit Kirkenbauer, cet enfant qui mourra de la fièvre typhoïde.

                Cependant, la roman relate une histoire faite des petits riens de l’existence. On pourrait donc s’ennuyer d’une telle lenteur dans l’intrigue ! Il n’en est rien. La cuisinière, c’est un roman passionnant, qui se lit comme un thriller haletant.

                Enfin, le roman nous interroge sur la maladie, à une époque où la recherche médicale est en pleine effervescence. C’est en effet à la fin du XIXème siècle que Pasteur a découvert le vaccin contre la rage. Mary Mallon est soupçonnée d’être porteur sain de la fièvre typhoïde. C’est pourquoi, elle intéresse les médecins qui la prennent en otage pour l’observer et l’étudier. 

                Pour conclure, je dirai que Mary Beth Keane a vraiment bien cuisiné son sujet. Elle nous offre, avec La cuisinière,  un roman passionnant, drôlement bien mitonné. 



26/01/2025
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