LECTURES VAGABONDES

       Amateurs de romans noirs avec une touche d’exotisme – on plonge dans l’univers de la pègre chinoise à grand renfort de poignards et de kung-fu – ce roman de Ma Xiaoquan est pour vous ! Il s’intitule Confession d’un tueur à gages et paraît en France en 2002 aux éditions de l’Olivier/Le Seuil. C’est le premier roman signé par cet auteur.

          Chu Xiaolong attend la mort en prison. Il se confesse. Né dans une province pauvre, il perd sa grand-mère - qui est aussi celle qui l’a élevé – et, à 16 ans, il part tenter sa chance en ville. Là, il rencontre celui qui sera son grand ami : Hu Tou - et celle qui sera son grand amour : Su Li. S’il ne veut pas entrer dans le gang pour lequel travaille Hu Tou, gang dirigé par un certain Wang Yichuan, il exécute cependant des missions que son ami lui confie. Cela va de l’intimidation à l’assassinat : celui de Si Yezhu, un malfrat, aura des conséquences tragiques pour Chu Xiaolong car, en guise de représailles, une poignée de ses acolytes assassine Hu Tou. Wang Yichuan, le chef du gang, confie à Chu Xiaolong la mission de venger son ami, ce qu’il fait. Il entre ensuite dans le gang et va bientôt en devenir un maillon fort car Wang Yichuan, qui lorgne sur un poste à l’assemblée populaire nationale, va commanditer l’assassinat de celui qui occupe le poste, un certain Lu Dayou. Après sa mort, Wang Yichuan aura la mainmise sur les plans d’urbanisme de la ville et se lancera dans la construction d’un quartier commerçant destiné à couvrir et blanchir ses activités annexes et peu recommandables. Chu Xiaoquan devient un homme influent. Cependant, il a une idée en tête. Lors d’un retour dans sa province natale, il a appris la vérité sur la mort de ses parents. Son père fut condamné à mort et exécuté pour dissidence, sur les ordres du secrétaire du comité : Huo Guoxiang. Sa mère a confié le petit Chu Xialong aux bons soins de qui voudra avant de se suicider. Pour venger ses parents, Chu Xiaolong assassine le secrétaire du comité. C’est cet assassinat qui lui vaudra d’être arrêté et condamné à mort.

             Confessions d'un tueur à gages, comme on peut s'en douter, est un roman noir qui raconte l’ascension d’un jeune voyou nommé Chu Xiaolong. Ce dernier est devenu un hors-la-loi parce qu'il n'a pas d'autre avenir que celui-là. Orphelin, sans le sou, sans diplôme, il ne peut que devenir un truand s’il veut gagner de l’argent.

             Au départ, Chu Xiaolong exécute des combines qui lui permettent de s’enrichir mais qui ne lui donnent pas de pouvoir. Du pouvoir, il en aura lorsqu’il entrera dans un gang. Contrairement à ce que l'on peut croire, le gang, c’est un endroit où on se tient les coudes, où il y a du respect et de l’amitié. Bien évidemment, c'est aussi un lieu peu recommandable, où règnent les rivalités et les trahisons. Chu Xialong subira donc une trahison : celle de son bras droit, Gong Jianzhang qui a commandité son assassinat. Quant aux rivalités, eIles se jouent surtout entre gangs : on peut citer le gang de Si Yezhu qui s'oppose à celui de Wang Yichuan.

             Confessions d'un tueur à gages, c’est aussi une dénonciation de la corruption des dirigeants chinois. En effet, une fois que Wang Yichuan, chef de gang, a obtenu un poste de pouvoir à la ville, il peut se déployer lui et ses acolytes, et augmenter encore ses affaires et son pouvoir. Retenons que Wang Yichuan et ses hommes sont des mafieux qui tiennent les hauts postes à la ville. La dureté du régime socialiste qui condamne de manière arbitraire des citoyens est aussi montrée du doigts à travers l'histoire des parents de Chu Xiaolong, notamment de son père, condamné à mort pour dissidence.

             Enfin, Confessions d'un tueur à gages, c’est aussi un roman d’action dans la digne lignée des Jackie Chan, avec des meurtres qui se succèdent et des poignards qui volent. Par ailleurs, on est plongé dans le milieu de la pègre chinoise, un milieu violent où toutes sortes de sévices sont accomplis.

             Ainsi, Confessions d'un tueur à gages de Ma Xiaoquan est un roman qui tient un bon équilibre entre l'action, la dénonciation d'un régime et l'itinéraire d'un enfant pas gâté.  Par ailleurs, c'est aussi un roman assez court – on aurait d'ailleurs aimé que certains aspects soient davantage développés, le roman ayant tendance à laisser un arrière-goût de « trop peu ». Roman à emporter partout, donc !