LECTURES VAGABONDES

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M. J. Arlidge : Il court, il court, le furet…/Pour courir encore et encore…

     

 

  Si vous n’avez pas encore lu le très sombre et haletant premier roman de M. J. Arlidge, Am Stram Gram, il est temps de vous y mettre, car pour savourer totalement Il court, il court, le furet, mieux vaut connaître la flic qui n’a pas froid aux yeux, Helen Grace, et sa collègue, Charlie. En effet, Il court, il court, le furet s’inscrit dans la prolongation d’Am Stram Gram. Ce second roman de M. J. Arlidge parait en 2016 aux éditions Les Escales Noires.

 

          Helen Grace reprend du service après l’éprouvante enquête qu’elle vient de mener et qui a conduit à révéler son douloureux passé, puis à la mort de sa sœur, Marianne. Nous sommes toujours à Southampton où des meurtres affreux sont commis : des hommes, clients de prostituées, sont assassinés de manière sanglante : leur thorax est ouvert et on a découpé leur cœur qui est ensuite envoyé à leur famille ou sur leur lieu de travail. Le premier à avoir subi ce doux châtiment s’appelle Alan Matthews, marié, père de quatre enfants, très impliqué dans l’église assez rigoriste de son quartier. La nouvelle cheffe d’Helen – celle qui prend la place du ripoux Withaker – se nomme Ceri Harwood et compte bien travailler avec la journaliste Emilia Garnita. Afin de retrouver la prostituée qui assassine ses clients, Tony est envoyé en infiltration ; en effet, toutes les victimes ont un point commun : toutes étaient inscrites sur un forum pornographique où sont échangés des avis sur différentes prostituées ; une certaine Angel y est particulièrement louée pour ses compétences multiples. Tony rencontre donc Melissa dont il tombe amoureux, lors même qu’il est marié avec Nicola, une épouse impotente qu’il aime, mais qui ne peut plus le satisfaire. Malheureusement pour lui, Melissa l’entraine sur une fausse piste destinée à masquer un meurtre qu’elle a commis : Anton Gardiner, un mac particulièrement violent, est retrouvé dans un cinéma désaffecté ; on retrouve le sang de Melissa sur la scène de crime. Alors que l’enquête piétine et que les meurtres s’accumulent, Ceri Harwood retire l’enquête à Helen. Quant à Charlie, sa collègue, elle est également tentée de tout laisser tomber car elle veut prendre un nouveau départ avec son mari et fonder une famille (ce qui est incompatible avec son dangereux métier). Mais peu importe : Helen veut coincer la meurtrière et se lance à corps perdu dans des recherches qui l’amènent sur la piste d’une des filles d’Alan Matthews, la première victime. En effet, ce père s’avère avoir été un homme violent et sa fille, Ella, s’est vengée des sévices qu’il lui a fait subir en l’assassinant. Mais désormais, c’est à son propre bébé - une petite fille née d’un viol – qu’Ella va s’en prendre. Heureusement, Helen arrive à temps et sauve l’enfant ; mais, malheureusement, la mère sera abattue par Charlie. Carrie, la sœur d’Ella, se rend sur sa tombe et décide d’adopter l’enfant : sa nièce.

 

          Avec Il court, il court le furet, M. J ; Arlidge signe un thriller noir comme on les aime et où s’accumulent des endroits glauques, désaffectés et des meurtres sordides. S’ajoute à cela l’univers où s’ancre le roman, bien glauque, lui aussi, puisqu’il s’agit du monde de la prostitution. S’ajoute encore à tout cela – comme si ce n’était pas déjà suffisant – le caractère très spécial des personnages œuvrant dans cet univers – pas n’importe qui ! – puisqu’il s’agit de certains hommes mariés, extérieurement bien sous tout rapport, mais qui ont une âme très sombre puisqu’ils vont voir des putes. Et puis n’oublions pas que le personnage principal – l’enquêtrice Helen Grace – a, elle aussi, un lourd passé bien sombre : violée, elle a tué sa sœur dans le précédent roman – Am stram gram – elle est masochiste et s’offre les services d’un dominateur professionnel. Enfin, elle a des points communs avec la meurtrière qui a, elle aussi, été violée, qui a une petite fille dont la sœur va s’occuper ; de la même manière, Helen souhaite s’occuper de Robert, son neveu, et par conséquent fils de sa sœur – assassinée par elle ! Quel embrouillamini ! Mais on finit par s’y retrouver quand même !

           Alors même si M. J. Arlidge en fait un peu trop dans la noirceur, qu’il met la dose d’assaisonnement bien glauque pour séduire les lecteurs amateurs de policiers horrifiques, je dois dire qu’on se laisse encore avoir par la tension qui existe dans cette intrigue rondement menée. Il faut dire que l’auteur maitrise aussi parfaitement la ficelle bien connue qui consiste à construire le roman sur une succession de petits chapitres courts qui font alterner les avancées de l’enquête et le choc des meurtres sordides qu’on trouve à foison. Bref, du suspense, il y en a !

          Alors, si Il court, il court le furet utilise et surutilise les ficelles convenues du thriller noir et horrifique, on en redemande ! A quand le prochain roman, M. J. Arlidge ?



22/05/2022
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