Killian Arthur : Glory boom / An unglorious boom.
On connaît tout Mickaël Vendetta, Paris Hilton, ou encore Kim Kardashian… Mais pourquoi sont-ils connus ? Pour quel talent ? Aucun, car ils n’en ont aucun… Leur notoriété s’est construite sur du vide. Pur produit de notre époque où tout et rien est médiatisé, où une crotte de chien en forme de petit Jésus peut faire le buzz sur you tube pendant plusieurs jours, où des individus lambdas sans talent artistique deviennent des stars de téléréalité dont la vie artificielle alimente les journaux et émissions « people » à qui mieux-mieux. C’est de ce phénomène typique de ce début de XXIème siècle dont Killian Arthur a voulu traiter dans son roman paru en 2011, Glory boom.
Avril Alken, 27 ans, n’a aucun talent particulier, aucune raison d’être célèbre ; pourtant, célèbre, il l’est ! Il fait partie de ces quelques personnalités, rescapées des émissions de téléréalité qui font la une des journaux people, le buzz sur You tube, et des milliers d’amis sur facebook et autant de followers sur Tweeter. Bien évidemment, être célèbre sans rien faire, ce n’est pas donné à tout le monde ! Avril est né avec une cuillère d’or dans la bouche : des parents issus de la jet-set qui restent très distants avec lui, et le grand jeu dans une émission de téléréalité - Spoiled (gâté pourri) – réservée aux enfants de star. Ensuite, il a suffi à Avril d’être là où il faut quand il faut avec qui il faut ; traduire : dans les endroits branchés au moment où les paparazzis sévissent et si possible en compagnie de jet-setters en vue. C’est ainsi qu’Avril se trouve embringué dans une fausse histoire d’amour (une fausse paparazzade) avec la très hype Jessica Simpson. Mais ce qui le tracasse vraiment, c’est une lettre de menace de mort qu’il vient de recevoir ; quelques jours de parano bien trempée plus tard, le garde du corps d’Avril résout l’affaire : il s’agit d’une blague d’un gosse un peu trop branché sur les faits et gestes de la jet-set. C’est alors que la vie commence à bien sourire à Avril : il rencontre Mya, une jeune étudiante aux beaux-arts, et est en passe de signer un contrat pour une nouvelle émission de téléréalité. Cependant, la poisse le rattrape : nouvelle menace de mort, et Mya qui veut faire un break pour se consacrer à ses examens semestriels. Avril se retrouve seul face à une situation angoissante ; c’est alors que tout part en vrille…
Avec Glory Boom, Killian Arthur signe un de ces romans branchés sur les phénomènes inhérents à notre époque : la célébrité à la portée du pire abruti sorti des émissions de téléréalité. Bien évidemment, on n’échappe pas à la peinture du monde de la jet set, des people bling bling dont les frasques et les déboires alimentent la presse à scandale et à potins divers. Dans ce monde, bien évidemment, on tapote sur son I Phone pour modifier toutes les cinq minutes son statut facebook, on sniffe des lignes de coke, on boit des mojitos dans des boîtes branchées, on descend dans les hôtels chics, on voyage aux quatre coins de la planète (mais pas chez les zoulous, nan ! Seulement à Paris, Miami, New York, Las Vegas, Londres… M’enfin ! Dans des grandes villes où la civilisation des boutiques de luxe est bien implantée). Quoi de neuf, docteur, depuis American Psycho de Brett Easton Ellis qui m’avait déjà bien gonflée ? Rien. En guise de satire d’un milieu social particulier, Killian Arthur accumule les stéréotypes convenus : cette faune jet-setteuse vit dans l’artifice et la superficialité. Eh bien ! Je n’ai lu à son propos que des romans creux et superficiels. A croire que le seul intérêt de la vie de ces gens se trouve dans les magazines qui trainent dans les salles d’attente des dentistes ! Au moins, on ne s’ennuie pas lorsqu’on lit que Paris Hilton fait un procès à son copain qui a publié sur You Tube leur dernière sex-tape ! Par contre, on s’ennuie quand même à lire Glory Boom qui déroule une vie faite de drogue, de sexe et de vidéos déconnectées du réel, mais somme toute très répétitive. Ce n’est pas parce qu’Avril Alken a du fric et qu’il se paie de la coke, des putes et des hôtels de luxe, que ses journées sont plus passionnantes à raconter et à lire que celles d’une prof qui corrige des copies, fait du jooging et les soldes sur zalando ou modz, va voir ses parents, fait la cuisine, etc…
Bien évidemment, pour combler le vide de son roman, Killian Arthur a inséré une pseudo-histoire policière : Avril est victime de menaces de mort. Pour le coup, ni suspense, ni rebondissements ne sont ménagés. Avril se tape une grosse parano à Las Vegas, et, comme un charme, Miles, son garde du corps, vient lui livrer le pot-aux-roses dans une scène dialoguée très lourde et très longue dont le lecteur se fiche, vu que cette histoire de menace de mort ne l’a jamais pris aux tripes.
Allons donc. Tout n’est pas totalement à jeter dans ce roman qui se veut hype et moderne, mais qui a surtout un sacré goût de déjà vu. La fin ? Eh bien ! Certes, elle est confuse, mal amenée, maladroitement et lourdement justifiée par l’auteur qui, de crainte que le lecteur soit un crétin sans référence culturelle, a jugé bon de dérouler la liste de ses sources d’inspiration.
« Même moi j’ai trouvé ça ringard ! criait Rudolph dans l’écran de la calculatrice. Tu nous auras tout fait ! Hollywood stories, Entourage, Bodyguard, Las Vegas parano, Américan Psycho, Tueurs-nés, Le sixième sens, Fight club, Hamlet ! C’est que du remake, ton histoire ! »
Certes, je n’ai aimé aucune des œuvres qui ont inspiré Killian Arthur dans l’écriture de Glory Boom, sauf peut-être Tueurs-nés. Il est donc normal que je reste négative dans l’appréciation du roman ! Cependant, la chute de ce dernier est là pour symboliser cruellement l’idée de la folie qui sévit dans le monde des jet setteurs, mais aussi l’idée de la non existence de tous ces gens qui ne se prennent pourtant pas pour de la crotte de chien. En effet, de manière assez lourdingue, Killian Arthur introduit des indices qui laissent à penser qu’Avril est en réalité un détraqué, un mythomane dangereux… Et c’est bien ainsi que se termine le roman : Avril Alken n’existe pas, pas plus que presque tous les personnages qui peuplent le roman. Avril est en réalité le vulgaire chauffeur d’un jet-setteur dénommé Max. Il est gravement schizophrène… L’histoire qu’il nous a racontée n’était que le fruit de son imagination malade… Bref, Avril n’existe pas, il n’est rien. C’est bien ce que Killian Arthur voulait nous dire sur ce monde de strass et de paillettes : à toutes ces stars de pacotille qui vivent dans les foutaises, le virtuel, le mensonge, à tous ces êtres qui ne correspondent à rien de réel, à toutes ces personnalités entièrement mises en scène, aux vies scénarisées par les sociétés de production télé et la presse people, correspond le néant, le rien : Avril Alken n’existe pas. Il est le fruit d’une imagination malade. Finalement, même si l’ensemble est lourdement amené, j’aime cette manière métaphorique de signifier la non-existence de ces êtres illusoires fabriqués par les médias : elle est, somme toute, efficace et prenante.
Allons donc : voilà-t-y pas que je suis partie des grandes starlettes préfabriquées comme Paris Hilton ou Kim Kardashian, sortes de poupées gonflables que personne ne prend au sérieux sauf les crétins… et que je termine dans le sordide d’un prolo qui se prend pour ce genre de starlette : une sorte de FX (snif et paix à l’âme du pathétique François-Xavier de Secret Story) dont tout le monde se fout (sauf sa famille et ses proches) qui recherchait de manière illusoire l’amour et la reconnaissance de tous les crétins addicts à cette foutaise d’émission : secret story.
Glory Boom se termine donc sur une note pathétique quand même bien sentie. Il n’y a rien de pire que de vouloir être célèbre alors qu’on ne sait rien faire ; toutes ces célébrités inutiles et préfabriquées, fausses, ont autant d’intérêt que le papier hygiénique du matin : on prend, on espère que ça va pas craquer, et puis on jette parce que ça pue et parce qu’on va pas faire collection de ce genre de truc ! C’est ainsi. Quelques mois de gloriole, et puis place à un autre. Et c’est aussi ce que je dis pour Glory Boom : place à un autre roman, qui, je l’espère, sera un peu plus consistant.
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