Jeanne Bourin : Les pérégrines (tome 2) – Les compagnons d’éternité
Dans le tome 1 de la saga intitulée Les pérégrines, nous avions laissé tous les personnages partis pour la première croisade aux portes de Jérusalem, encore à conquérir. Avec ce second tome, - intitulé Les compagnons d’éternité - nous allons pénétrer dans la ville sainte. Jeanne Bourin a publié ce second tome des pérégrines en 1992, aux éditions François Bourin.
Voilà que Jérusalem est conquise par les chrétiens avec, en tête, Godefroy de Bouillon. Brunissen trouve refuge dans une somptueuse demeure appartenant à des Sarrasins qui ont pris la fuite. Là, elle recueille et soigne Irène, une jeune esclave grecque, et Halid, un sarrasin qu’elle cache. Nous retrouvons également Flaminia qui a épousé Andronic, rencontré à Constantinople. Hors, pour la religion chrétienne d’Occident, un mariage contracté alors que l’un des époux est divorcé est considéré comme péché. C’est pourquoi le père Ascelin ne veut rien avoir à faire avec la jeune fille dont il est pourtant le responsable depuis la mort de Garin le Parcheminier. Flaminia et Andronic s’installent donc à Jérusalem et ensemble, ils ouvrent un atelier de parchemins. De son côté, Brunissen souhaite entrer dans les ordres, mais elle est très attirée par Halid. Un jour, Paschal, le jeune fils d’Andronic, arrive à Jérusalem, porteur de bien mauvaises nouvelles : le père d’Andronic est mort et Icasia, son ex-femme, est dépressive. Paschal accuse Andronic de tous ces maux. Alors, pour se divertir, Andronic va tous les jours à la chasse, délaissant un peu son épouse Flaminia. D’autres pèlerins sont arrivés à Jérusalem, en même temps que Paschal. Alaïs, la jeune sœur de Flaminia et de Brunissen, débarque avec sa petite fille, Berthe. Son amant, Bohémond de Tarente, la délaisse totalement. Il repartira sans elle pour d’autres aventures, ce qui lui portera malheur puisqu’il terminera prisonnier des Sarrasins. De son côté, Alaïs épousera Mathieu le barbier. Landry est aussi de ceux qui arrivent à Jérusalem. Il tombe amoureux de la belle Anthusa, la sœur d’Irène. Mais cet amour n’est pas réciproque et Anthusa épousera Halid, le jeune homme que Brunissen a soigné. Le couple trouvera la mort dans une attaque des chrétiens contre les Sarrasins. Landry, de son côté, épousera Biétrix. Du côté de Flaminia, le malheur frappe également. Andronic, son bien-aimé époux, trouve la mort lors d’une partie de chasse. Désespérée, la jeune femme décide de rentrer à Chartres avec le père Ascelin, son oncle. Mais ce retour ne lui apporte pas la paix. Lorsque Paschal lui apprend qu’Andronic a été en réalité assassiné par Icasia, son épouse, qui s’est arrangée pour droguer le cheval avec lequel il allait à la chasse, celle-ci décide de retourner à Jérusalem auprès de la dépouille de son défunt mari, au grand dam d’Anseau le Bel, l’ancien fiancé de Brunissen, qui était tombé amoureux d’elle. C’est avec Paschal qu’elle entreprend le grand voyage pour la seconde fois. Comme elle veut se consacrer au souvenir d’Andronic, elle devient responsable de ses deux enfants : Paschal et Irène. Enfin, après la mort de Godefroy de Bouillon, c’est Baudouin de Boulogne, son frère, qui est sacré roi de Jérusalem. Il a, en effet, éliminé tous les prétendants qui se disputaient le trône de la ville sainte, notamment Daimbert, qui fut patriarche de Jérusalem, un temps. Si tout le monde trouve sa voie, si la stabilité chrétienne à Jérusalem semble établie, l’ensemble est encore bien fragile.
Dans ce second tome, nous retrouvons les personnages des pérégrines tome premier et suivons leur évolution jusqu’à ce que leur destin soit fixé. Bien évidemment, ce sont principalement les héroïnes féminines qui intéressent Jeanne Bourin, notamment les filles de Garin le parcheminier, décédé sur le bateau qui emmenait les pèlerins vers Constantinople. D’abord, il y a Brunissen, femme de caractère qui souhaite vouer sa vie à Dieu et devenir religieuse. Elle sera cependant tentée par l’amour. Halid, le Sarrasin qu’elle soigne en cachette ne la laisse pas indifférente. Mais Halid est de la religion ennemie… certes, Brunissen est tolérante mais… Elle résistera, cependant - pas difficile ! Halid en aime une autre, ce qui résout la question ! - et accomplira ses vœux. Flaminia a épousé l’homme qu’elle aime et qui appartient, lui aussi à une autre religion – certes, voisine de la catholique, puisque Andronic est un chrétien d’Orient, autrement dit, orthodoxe. Mais son bonheur sera de courte durée, puisqu’Andronic meurt, assassiné par sa première femme, Icasia. Désormais fermée à tout autre homme, Flaminia décide de vivre sa vie dans le souvenir de son défunt mari. Enfin, Alaïs, personnage un peu bâclé, je dois bien dire, malmenée par l’homme dont elle est amoureuse, retrouvera l’amour auprès d’un autre homme, bien gentil, celui-là. Destin banal pour la petite dernière des filles de Garin le Parcheminier, mais tout le monde ne peut pas être exceptionnel. Ces trois destins croisés permettent de faire le tour de ce qu’une femme peut devenir à l’époque de cette première croisade : religieuse à Jérusalem, veuve éternelle, ou bonne épouse et bonne mère… il faut remarquer aussi que nos héroïnes travaillent soit dans l’enluminure, soit dans la parfumerie, soit en tant qu’infirmière.
Autour de nos héroïnes, gravitent d’autres personnages, souvent déjà rencontrés dans le tome 1. Ceux-ci permettent, par le biais de dialogues, de faire le point sur les événements majeurs de cette période de siège, puis d’occupation, de Jérusalem. En effet, une autre ville sera assiégée par les chrétiens : Ascalon. Et puis, il y a des rivalités pour savoir qui gouvernera Jérusalem, Godefroy de Bouillon ayant décidé de limiter son propre pouvoir. L’ambitieux Daimbert fera tout pour assoir son emprise sur la ville sainte, mais c’est le frère de Godefroy de Bouillon, Baudouin de Boulogne, qui sera finalement choisi. Enfin, nombreux sont les Croisés qui décident de rentrer dans leur pays ce qui n’est pas sans inquiéter. Evidemment, pour maintenir la domination chrétienne à Jérusalem, il faut du monde ! Tous ces débats, tous ces enjeux sont évoqués par le biais de dialogues entre le père Ascelin, Mathieu, d’autres… Ce sont souvent des hommes qui sont porteurs de nouvelles…
Cependant, je pense que dans ce seconde tome des Pérégrines, la veine romanesque s’essouffle. Comme je l’ai déjà dit, dans ce tome, les personnages connaissent des malheurs ou des hésitations avant de se caser définitivement. Malheureusement ces aventures se passent alors qu’ils sont installés dans Jérusalem. Tout autour d’eux se déroulent les événements majeurs de cette première croisade, mais personne n’y participe vraiment… comme je l’ai dit, les événements sont racontés et consignés dans les dialogues échangés entre différents personnages. Certes, c’était déjà le cas dans le tome 1, mais les personnages en route pour Jérusalem n’étaient pas statiques – contrairement à ce qui se passe dans ce second tome - et leurs souffrances et leurs doutes étaient en partie ceux partagés par tous les autres pèlerins. Dans ce second tome, les soucis et doutes des personnages leur sont davantage personnels.
Ainsi, la trame historique et la trame intime ne se conjuguent guère, ici.
Bref, je ne sais pas si ce second tome des Pérégrines intituléLes compagnons d’éternité sera un roman qui m’accompagnera pour l’éternité… Je ne pense pas.
A découvrir aussi
- Henri Troyat : La lumière des justes (tome 3) - La gloire des vaincus
- Henri Troyat : Les semailles et les moissons (tome 1) : Les semailles et les moissons.
- Henri Troyat : Les semailles et les moissons (tome 3) – La grive.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 38 autres membres