Jean-Michel Guenassia : De l’influence de David Bowie sur la destinée des jeunes filles/ De l’influence de Jean-Michel Guenassia sur mes lectures
Avis à tous les fans de David Bowie : ce roman n’est pas pour vous. De David Bowie, il n’est guère question ou si peu ! Cependant, ce n’est sans doute pas une raison pour éviter ce roman que Jean- Michel Guenassia a fait paraître en 2017 aux éditions Albin Michel, roman qui s’intitule De l’influence de David Bowie sur la destinée des jeunes filles.
Paul est un jeune homme particulier : sans être homosexuel, il a l’apparence d’une jeune fille. Par ailleurs, sa mère, Léna, est lesbienne et vit avec Stella. Paul a été malmené à l’école, mais il a un ami : Alex, un homosexuel amoureux de lui. Cependant, très vite, Paul abandonne les études et gagne sa vie en jouant du piano dans le restaurant de Stella : Le petit béret. Plus tard, il étoffera son salaire en testant les menus des différents Mac Donald de Paris. Cependant, sa vie amoureuse n’est pas de tout repos. Il tombe d’abord amoureux d’Hilda, rencontrée au restaurant de Sheila. Mais la jeune fille, exclusivement lesbienne, le repousse avant de partir pour Barcelone. Plusieurs fois, il sera tenté d’aller la retrouver sans jamais mettre ce projet en œuvre. Il rencontré, par la suite, Caroline avec laquelle il aura une histoire épisodique. Elle l’introduit dans une boîte lesbienne : Le Dingo, boîte dans laquelle il boit et prend de la cocaïne. Il y rencontre aussi d’autres filles, notamment, Mélanie, une étudiante en psychologie qui entreprend de le psychanalyser. Pour plus de tranquillité, ce dernier lui a déclaré être transgenre. Un jour, une tante qu’il n’a jamais connue meurt et c’est l’occasion pour Paul – l’espace d’un enterrement - d’entrevoir sa famille maternelle. Un autre jour, il vient en aide à une réfugiée clandestine sans papier : Yamina. La jeune fille s’installe chez Léna et Stella. Elle aussi est lesbienne et finit par tomber amoureuse de Léna : les deux femmes prennent ensemble la fuite et partent s’installer à Londres. Cependant, à un moment où Léna est hospitalisée, elle confie à Paul le secret de sa naissance : Paul est le fruit d’un malentendu. Alors qu’elle se rend à un concert de David Bowie, Léna rencontre sa doublure, qu’elle prend pour le chanteur lui-même tant la ressemblance est forte. Paul est donc le fruit de cette méprise. Il va chercher à retrouver ce père qu’il n’a jamais connu. Il s’appelle Gabriel et tient une crêperie en Bretagne. Paul le rencontre une seule fois. Il apprend qu’il était au courant de cette paternité et que c’est Léna qui n’a jamais voulu que père et fils se rencontrent. De toutes manières, Gabriel est homosexuel et veut changer de vie. Au terme de la rencontre, il donne à Gabriel les clefs de la crêperie et prend la poudre d’escampette. Bientôt, c’est Stella qui part ; Léna filant le grand amour avec Yamina, elle refait sa vie avec une autre femme. Paul reste donc seul, avec quelques vagues projets en tête : par exemple, tenir la crêperie avec Hilda.
Avec De l’influence de David Bowie sur la destinée des jeunes filles, Jean-Michel Guenassia signe un roman tout à fait plaisant à lire, mais toutefois un peu bancal et hasardeux aussi bien au niveau du fond que de la forme.
Le roman raconte la destinée de Paul, un garçon pas comme les autres, qu’on aurait pu prendre pour un homosexuel mais qui ne l’est pas. Cependant, son hétérosexualité est anormale, puisque dans ce roman, la normalité est d’être homosexuel. En effet, tous les personnages, ici, le sont.
En effet, le roman fonctionne sur le principe de l’inversion de la normalité, puisque c’est l’homosexualité qui est la norme ; la mère de Paul va même jusqu’à rejeter les hétérosexuels (elle a donc la même approche que certains hétéros vis à vis des homos). Et bien entendu, Paul, avec des filles toutes plus lesbiennes les unes que les autres, se prend des râteaux de partout. Le roman propose donc une suite de d’aventures sentimentales ratées assez drôles.
Cependant, comme je l’ai déjà dit, le roman est hasardeux en ce sens qu’il propose surtout une suite de petites histoires du quotidien sans véritable fil directeur. Il aligne en effet, une suite de situations qui se nouent et se dénouent sans qu’on ait l’impression de progresser, d’évoluer dans l’intrigue. On trouvera donc des histoires de rencontres (sans que rien de véritable ne se noue), de maladies ou autres. On ne voit pas l’intérêt de la plupart d’entre elles ; certaines se résolvent en queue de poisson : l’exemple le plus éloquent concerne les retrouvailles entre Paul et son père qui, au bout de 5 minutes d’entrevue, laisse les clefs de son affaire à un fils qu’il n’a jamais vu. Et le voilà qui se tire, plantant là notre héros devant son café.
Et quid de ce titre qui fait intervenir le chanteur icône de la pop des années 70-80 ? Car il est vrai que jusqu’ici, j’ai très peu parlé de David Bowie qui est cependant au cœur du titre. Il est vrai que Paul, le personnage principal, est androgyne, comme Bowie l’était. Cependant, Paul n’a aucune influence sur les jeunes filles avec lesquelles il est plutôt ami qu’amant car elles sont, comme je l’ai déjà dit, toutes lesbiennes. Sinon, il est vrai que David Bowie a influencé la vie de Léna, mère de Paul, puisqu’elle a conçu son fils avec un sosie du chanteur qu’elle a pris, sur l’instant, pour la véritable star. Le roman porte donc un drôle de titre ; par ailleurs, il ne traite pas du tout du thème de l’androgynie.
En fin de compte, De l’influence de David Bowie sur la destinée des jeunes filles est un roman assez drôle. Il comporte des personnages hauts en couleur, comme Léna, la mère de Paul, une tatoueuse colérique, bornée, amatrice de Harley ; elle vit avec Stella, et forme avec cette dernière un couple un peu plan-plan. Cependant, (inversion oblige), si Léna, pourtant mère de Paul, n’a aucune ambition pour son fils et souhaite même le voir arrêter l’école qui, selon elle, ne sert à rien, Stella de son côté, endosse les responsabilités maternelles et se charge de contrôler la scolarité du jeune homme.
Alors, pour terminer, je dirai que je ne sais pas si Jean-Michel Guenassia aura, avec ce roman, une grande influence sur la suite de mes lectures. Pourquoi pas ?
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