LECTURES VAGABONDES

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Jacques Lanzmann : Le pavillon des affreux / Parfois affreux…

 

 

 

 

                On sait à quel point les différentes atteintes aux enfants peuvent émouvoir l’opinion publique ; certains français déclarent même que la peine de mort devrait être remise à l’ordre du jour pour les assassinats d’enfants ! Dernièrement, à l’occasion de l’affaire d’Outreau, la pédophilie était le sujet numéro 1 de l’actualité. Jacques Lanzmann s’est donc emparé de ce thème et l’a traité de manière plus ou moins adroite et intéressante dans Le pavillon des affreux paru en 2001 aux éditions du Rocher.

 

            La situation familiale du petit Léo est quelque peu baroque : ses parents sont divorcés et ont refait leur vie chacun de leur côté. Sa mère vit désormais avec un beauf nommé Patrick ; quant à son père, il vient de se pacser avec Gérard, un drôle de loustic. Très vite, Léo se retrouve embarqué dans ce qu’il nomme « Le pavillon des affreux », un endroit où son beau-père se livre à des activités pédophiles ; Léo y fait des photos érotico-pornographiques en compagnie de son ami, Alex. Mais de plus en plus, ces activités, certes lucratives, deviennent pesantes et les deux garçons veulent y mettre fin. Cependant, Gérard les menace de représailles s’ils quittent le pavillon. Un jour, Léo s’enfuit et se réfugie chez Josiane, une amie de sa mère. Une course-poursuite s’engage entre les deux fugitifs, les hommes de main de Gérard et les forces de police. La téméraire Josiane y laissera la vie.

 

          Si le roman de Lanzmann, le pavillon des affreux, est assez plaisant, on ressent immédiatement sa faiblesse. L’atout majeur de l’opus, c’est l’écriture : Lanzmann choisit de raconter l’histoire à travers son principal personnage, le petit Léo et son langage enfantin. On pense immédiatement à La vie devant soi, de Romain Gary et à son écriture truculente, quelque peu argotique, teintée de crudité et de naïveté. Mais l’écriture enfantine n’est pas le seul emprunt de Lanzmann à Gary : le couple Léo-Josiane fait immédiatement penser à celui de La vie devant soi : Momo-Madame Rosa. En effet, Josiane protège Léo, c’est une femme blessée, au passé douloureux (abus sexuels) comme Madame Rosa, rescapée des camps de la mort, protège Momo. Ainsi, on ne peut échapper, ici, à la sensation de déjà vu en bien mieux ; j’irai même jusqu’à dire que Lanzmann se livre dans ce roman à un mauvais plagiat de Gary avec des personnages qui adoptent la forme de Momo et de Madame Rosa, mais qui n’ont aucune profondeur.

          L’intrigue, quant à elle, est aussi épaisse qu’une feuille de cigarette : la moitié du roman, assez court, du reste, est consacrée à la course-poursuite entre les deux héros et les affreux ainsi que les forces de police, ce qui n’a aucun intérêt, ce qui est à la limite du hors-sujet si on considère que le sujet du livre, c’est la dénonciation de la pédophilie. La pédophilie, quant à elle, est traitée de manière superficielle, à travers l’évocation d’une série de photos érotiques plutôt gentillettes et à travers l’improbable personnage de l’affreux Gérard : en effet, on peine à adhérer à ce personnage d’homosexuel bien sympathique lorsqu’il s’exhibe sur les chars de la gay-pride et affreux lorsqu’il enferme Léo dans un placard afin de maîtriser l’enfant pour les séances photo. D’ailleurs, le roman offre une vision bien caricaturale de l’homosexualité et de la pédophilie, intrinsèquement liées, ici.

         Enfin, le roman se veut sans doute « engagé » : il dénonce, de manière bien superficielle et maladroite, la pédophilie, à travers un enfant qui s’y livre de manière volontaire, au départ. Mais, de manière plus étonnante, il promeut également certaines valeurs : en effet, le petit Léo est fan de José Bové et est particulièrement sensible à l’alter mondialisme : drôle de préoccupation pour un enfant, mais on n’en est pas à la première incohérence ou maladresse, concernant ce roman !

          Ainsi, si on passe un moment plutôt divertissant en compagnie de Josiane et Gérard et de tous les beaufs du pavillon des affreux, on peut aussi bien passer son chemin, car ce roman est loin d’être un chef d’œuvre !



04/11/2019
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