Isabel Wolff : Avis de grand frais / Avis d’expulsion.
Eh bien ! On n’échappe pas à la tradition ! Enfin presque ! C’est en effet aux environs de Pâques que je me lance dans un roman « rien que pour nous les filles »… Un peu avant l’heure, cette année, il est vrai. Enfin, je dois bien dire qu’en ce moment, il est préférable pour moi de lire des bouquins qui ne me mettront pas la cervelle en ébullition… C’est absolument le cas de cette bluette sans intérêt, à la limite de la débilité : Avis de grand frais, écrit par Isabel Wolff en 2001, et paru aux éditions J.C Lattès en 2002. Le pire ? Ça dure près de 700 pages imprimées en petites lettres. 700 pages qui étirent interminablement une année de la vie de Faith Smith, la super-héroïne « très ordinaire » de ce roman.
C’est en Janvier que la vie de couple bien huilée de Faith Smith commence à dérailler… Plusieurs indices la poussent à soupçonner que son mari, Peter, lui est infidèle. Sa meilleure amie, Lily, l’encourage dans cette idée. Faith ne vit plus : elle est obsédée par ce soupçon d’infidélité de Peter et engage un détective privé pour découvrir la vérité… Eh bien ! RAS ! Peter est un mari fidèle. Et puis crac ! Le jour de la Saint-Valentin, Peter avoue à Faith avoir eu une liaison : un coup d’une nuit sans importance… Pas vraiment une histoire, donc ! Piquée au vif, Faith demande le divorce : elle est un peu manipulée par Lily, il est vrai… Mais bon. De toutes manières, Peter semble quand même un peu plus engagé avec la belle Andie - le coup d’un soir - qu’il n’a bien voulu l’avouer : un petit tour du côté du téléphone portable de son mari suffit à Faith pour en avoir le cœur net. Très vite après la séparation, Faith tombe sous le charme du beau Jos… Alors ? Comment l’année se terminera-t-elle pour la belle Faith ? Divorcera-t-elle ? Se remariera-t-elle ?
On retrouve, dans avis de grand frais, le stéréotype de l’héroïne de ce type de littérature dédiée aux femmes… Une femme moderne, la trentaine, une bourge qui travaille dans la pub, la mode, à la télé (bref, pas dans une usine, quoi !) qui sort avec des copines branchées dans des cocktails branchés, qui a beaucoup de problèmes sentimentaux très compliqués, qui aime faire les boutiques, qui se fringue chez Laura Ashley, Prada et se chausse chez Louboutin. Bref, une nana comme nous toutes ! Allons donc, il faut bien faire rêver les ménagères de moins de 50 ans, qui ne travaillent pas, qui se fringuent chez Kiabi et qui passent leur temps à faire la tambouille pour maris et marmots…
Cependant, je l’avoue ici : je ne suis pas totalement réfractaire à ce genre d’héroïne… J’aime me taper des séances de fitness devant mes DVD de Melrose Place, série culte des années 90 « pour nous les filles » : on y trouve Amanda Woodward, directrice de l’agence de pub D and D, Mickaël Mancini, docteur aux urgences de l’hôpital de Beverly Hills, Jane Andrews, la très talentueuse styliste de mode… Allons donc ! Intrigues sentimentales et crasses en tous genres émaillent des scénarios toujours plus trash et rock and roll… Ceci dit… Il y a sans doute là, d’une part, un attachement nostalgique à cette série des années 90, d’autre part, les scénarios sentimentaux abracadabrantesques des séries télé des années 90, je ne les supporte pas en livre. Voilà tout. Ça ne passe pas du tout à la lecture. Dernier point : dans un épisode de 40 minutes de Melrose Place, c’est qu’il s’en passe, des trucs ! Des ruptures, des trahisons, des réconciliations, des manœuvres de chantage, des avortements, des infidélités, des accidents… Bref, ça déménage, les scénars de Melrose Place.
Alors que dans avis de grand frais, il faut se taper 700 pages avec des histoires de chiens qui aboient sur Jos, le nouveau petit ami de Faith, preuve que le loustic n’est pas recommandable et que notre héroïne doit se méfier de lui… ensuite, le chien fugue (car il ne supporte décidément pas Jos) et c’est toute une expédition de 50 pages pour le retrouver à la SPA… Bref, c’est un peu longuet, tout ça… et très gnan-gnan. On s’ennuie grave.
Donc, Melrose Place n’est peut-être pas le point de repère idéal pour parler d’Avis de grand frais… Je n’ai malheureusement pas d’autre référence à proposer en la matière. Disons peut-être qu’on trouve dans avis de grand frais des personnages type Melrose Place qui évolueraient sur le rythme d’un épisode de Derrick…Ceci dit, on y retrouve bien tous les ingrédients des séries télés « pour nous les filles » : la fausse amie Lily, (mais ce n’est qu’à la fin qu’on découvre qu’elle a tout manigancé, la vilaine ); le nouveau boy-friend de l’héroïne « qu’on croit bien au début mais qu’en-fait-faut-se–méfier-des-z-apparences : c’est pas un type bien » ; le coup de la fille qui fait croire qu’elle est enceinte pour garder le mari de l’autre qui voudrait quand même bien retourner avec son ex, etc…
Mais attention ! Tout est quand même bien gentillet, dans avis de grand frais : la fausse amie, Lily, a fait un sale coup à Faith… mais elle a une circonstance atténuante. On lui a donné de fausses informations sur Peter : ainsi croyait-elle bien faire en manigançant le divorce de son amie… Donc, à la fin, Faith et Lily redeviennent copines.
La seule chose que j’ai trouvée amusante, dans ce livre, c’est qu’Isabel Wolff a voulu cautionner son indigent scénario en le mettant en parallèle avec l’histoire de Madame Butterfly, l’opéra de Puccini. Eh oui ! tout comme dans Madame Butterfly, Jos, le boy-friend de Faith, a, en réalité, un enfant et une femme qui l’aime… qui risque de se suicider pour lui, etc… Eh bien ! On peut ouvrir le débat sur la qualité des histoires pleurnichardes mises en scène dans les opéras… puisqu’on les retrouve en copier-coller dans les mauvais bouquins pour nous les filles. Trêve de plaisanterie : il est bien évident que la manière de raconter, l’interprétation, la profondeur de l’expression des sentiments, le style, sont primordiaux dans la qualité d’une œuvre. Dans avis de grand frais, on avoisine le froid polaire sur tous ces critères.
Bref, avis de grand frais est un livre strictement réservé aux femmes qui ont envie de rêver un peu d’autre chose lorsqu’elles voient leur mari regarder le foot et le rugby à la télé avec des chaussettes trouées aux pattes, aux femmes qui n’ont quand même plus l’âge de lire la collection Harlequin (trop midinette !)
J’ai quand même envie de dire que j’ai lu mieux dans le genre « littérature d’évasion pour nous les filles » : des romans plus pétillants. Le journal de Bridget Jones, c’est mieux… et même le truc d’Agnès Abécassis que j’ai lu l’an dernier (j’ai oublié le titre, mais il est sur mon blog), c’est mieux.
M’enfin, personnellement, je préfère lire Gala ou d’autres trucs sur la vie trash des people. Ça fait passer le temps dans les salles d’attente des médecins en tous genres… Mais surtout ! C’est beaucoup plus court et il y a des images !
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