Henri Troyat : Les semailles et les moissons (tome 2) : Amélie.
Voici le moment tant attendu lorsqu’on a terminé le tome un de la grande saga familiale d’Henri Troyat : Les semailles et les moissons :se plonger dans le tome 2 titré Amélie.
Nous avons quitté le couple Mazalaigue au début de la première guerre mondiale. Pierre est parti au front ; Amélie tient un petit café à Pairs - le cycliste couronné - avec son frère Denis. Pendant toute la durée de la guerre, Amélie va vivre dans l’anxiété : son mari risque sa vie dans les tranchées tandis qu’elle doit élever seule sa fille Elizabeth et se faire respecter de la clientèle qui hante les bistrots parisiens. Elle fera de ses pieds et de ses mains pour aller retrouver Pierre près du front et partager quelques jours d’intimité avec lui dans cette période hostile. Puis, c’est au tour de Pierre de revenir pour quelques jours de permission. Cette courte période de vie conjugale dans des années entières de guerre ne suffisent pas pour mettre Amélie à l’abri des tentations : elle éprouve une attirance spéciale pour un de ses locataires : un espagnol nommé Antonio Villarubia. Si elle ne cède pas à la tentation, d’autres le font, dans le quartier. Et puis, il y a le frère d’Amélie : Denis. Le jeune garçon grandit et découvre l’amour dans les bras d’une femme plus âgée qu’il finit par laisser tomber pour une jeune blanchisseuse dont il tombe amoureux. Mais la blessure de Pierre va bouleverser la vie de tous ; en effet, notre poilu a été blessé à la tête. Amélie décide d’accompagner son mari dans sa convalescence qu’il passera en Corrèze. Ensuite, le couple envisage de s’installer dans une affaire de meilleur standing que celui du « cycliste couronné » (nom du petit café qu’ils tenaient jusque là). Mais avant de s’engager dans ce nouvel avenir, il faut que Pierre et Amélie retrouvent leur amour et leur désir car l’expérience de la guerre a changé notre soldat qui est devenu sombre et distant. C’est par l’inauguration de cette nouvelle bataille pour l’amour que se termine ce tome 2 de la saga.
Amélie, tome 2 de la saga Les semailles et les moissons comporte assez peu d’événements. Il s’agit surtout d’appréhender la guerre du côté des femmes qui attendent leurs époux partis se battre sur le front. Ainsi, leur principale occupation durant ces années terribles, c’est d’attendre l’armistice. La vie où on fait des projets d’avenir est mise entre parenthèses. Ainsi, les principaux événements du roman s’avèrent être les deux moments si courts de retrouvailles entre Pierre et Amélie. La première fois, c’est Amélie qui se rend là où son époux se bat, la seconde fois, c’est lors d’une permission d’une semaine de Pierre qu’ils se retrouvent. Si objectivement, ces deux événements durent peu de temps et n’ont pas grande importance, pour les héros – poilus et femmes de poilus – les retrouvailles familiales sont primordiales.
Malgré la maigreur du synopsis de ce tome 2 des semailles et des moissons, on prend du plaisir à lire l’ensemble du roman car globalement, il permet de mieux cerner le personnage d’Amélia, star, jusqu’ici, de la saga. Seule, elle tient le café familial et se bat pour bien tenir l’affaire. Dans ce moment douloureux, angoissant et solitaire qu’est la guerre, on est sensible à la force de cette épouse, de cette mère, de cette femme.
Et puis, si la guerre n’est pas exactement au centre du roman, elle en constitue quand même le cœur car c’est d’elle que dépend la vie de tous les personnages. Elle est le danger qui rode, elle est celle qui détruit des vies, qui bouleverse les destins. D’ailleurs, les habitués du café d’Amélie se retrouvent tous les jours au comptoir pour discuter de la guerre sous toutes ses facettes : de leurs fils tombés au combat, de la politique des dirigeants, des restrictions alimentaires…
Ainsi, Amélie est-il un roman original sur la guerre 14-18 puisqu’il met en valeur le courage de ceux qui ne sont pas partis au front, notamment des femmes qui, seules, doivent assumer toutes les tâches professionnelles et familiales dans un moment difficile de l’Histoire. Par ailleurs, il est aussi une sorte d’hommage aux petites gens, ceux qui souffrent vraiment et qui subissent la guerre sans y avoir un quelconque intérêt : les poilus, les femmes de poilus.
A quelques mois de la commémoration du centenaire de l’armistice de la première guerre mondiale, on peut dire que cette lecture est intéressante, même si, sur ce sujet, ce n’est pas la meilleure à laquelle j’ai pu m’adonner.
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