LECTURES VAGABONDES

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Helen Fielding : Bridget Jones baby / Mauvaise descendance

     

          On croyait la saga Bridget Jones morte et enterrée. Que nenni ! Pour le pire – ou le meilleur ? – nous retrouvons notre trentenaire préférée pour un nouvel épisode de sa fichue vie de célibattante. Helen Fielding a donc accouché d’un Bridget Jones baby en 2016 ; ce roman parait aux éditions Albin Michel.  

 

          Lors du baptême de la fille d’une de ses amies, Bridget Jones revoit son grand amour, Mark Darcy, qui vient de rompre avec Natasha, sa femme. Un peu pompette, comme à son habitude, elle couche avec lui. Mais ce n’est qu’un one shot, affirme-t-il. Aussi, il n’est pas prévu de suite à cette affaire. Dans la foulée, Bridget revoit le beau Daniel Cleaver et… couche aussi avec lui. One shot également. Cependant, quelques semaines plus tard, Bridget s’aperçoit qu’elle est enceinte. Mais qui est le père ? Mark ou Daniel ? La jeune femme annonce aux deux hommes qu’ils vont bientôt être père, mais c’est avec Mark Darcy que Bridget aimerait poursuivre sa vie, Daniel n’étant pour elle qu’un bel amusement. Mark décide de revenir auprès de son ex-fiancée, Bridget, qu’il avait laissé tomber des années auparavant lorsqu’il l’avait surprise avec Daniel dans une position équivoque. Cependant, lorsque Mark découvre qu’il n’est peut-être pas le père de l’enfant qu’attend Bridget, il rompt de nouveau, d’autant plus que son rival, c’est encore et toujours Daniel Cleaver. Après maints et maints revirements, Mark décide d’assumer le rôle de père de l’enfant de Bridget et de reformer un couple avec celle-ci. Il fait bien car les tests ADN indiquent qu’il est bien de père du petit Billy qui voit le jour bien entouré de son père, Mark Darcy, et de celui qui ne voulait pas être le père du bébé de Bridget et qui est donc bien content de ce final en forme de conte de fée : Daniel Cleaver. Sur ce, Mark demande sa main à Bridget qui accepte de l’épouser. 

 

          Helen Fielding, dans Bridget Jones baby, reprend tous les ingrédients qui ont fait le succès du Journal de Bridget Jones - notamment la forme du journal intime – mais dans cet opus, la recette ne fonctionne plus du tout. D’ailleurs, si le roman parait épais, à première vue, c’est qu’il est imprimé en gros caractères, et que la mise en page est avantageuse, car en réalité, ne transparait dans ce roman aucune inspiration et finalement, on lit l’ensemble en moins d’1H30.

          Alors certes, on retrouve les sacro-saints amoureux de Bridget Jones, Daniel Cleaver/Mark Darcy, mais dans Bridget Jones baby, le duo ne se renouvelle pas du tout. Mark est le garçon sérieux et un tantinet ennuyeux, un homme que les amies de notre célibattante qualifient de « balai dans le cul ». Daniel, quant à lui, est toujours aussi volage et aime surtout Bridget pour son côté hédoniste : si elle n’est pas absolument canon, avec elle, on ne s’ennuie pas, particulièrement au lit.

          Ainsi, dans Bridget Jones baby, notre héroïne renoue avec ses deux amoureux et tombe enceinte de l’un d’eux, mais lequel ? A partir de là, le roman se contente de cabotiner : entre retrouvailles et ruptures, crises de jalousie et réconciliations. Mark va et vient : il se remet avec Bridget, puis la quitte, puis revient vers elle, et à nouveau goodbye…  Par ailleurs, il est toujours en rivalité avec Daniel et ne supporte pas les relations que Bridget peut entretenir avec lui.

          De plus, le roman accumule des scènes navrantes qui se contentent de reprendre celles du Journal de Bridget Jones ; elles ont donc, désormais, un côté éculé qui les rend pathétiques. Je songe particulièrement aux gaffes professionnelles auxquelles notre héroïne est habituée. Ainsi, Bridget fait foirer la réalisation d’une émission de télé à laquelle elle participe car, au moment du tournage, elle est occupée à raconter ses histories de cul et de bébé à ses collègues ! Je songe aussi aux beuveries auxquelles Bridget s’adonne lors de fêtes familiales ou amicales et qui font déraper notre héroïne vers le tartignole.  .

          La cerise sur le gâteau, c’est cette histoire de repas à côté de la reine d’Angleterre, place à laquelle aspire la mère de Bridget Jones lors d’un buffet royal auquel elle est invitée ! Que vient faire cette histoire dans Bridget Jones baby ? Rien d’autre qu’une digression même pas drôle.  

          Ainsi, dans Bridget Jones baby, on ne retrouve pas ce qui fait la saveur du Journal de Bridget Jones : la satire des célibattantes de trente ans. Ici, Bridget est prise au piège entre « les célibattantes » et « les mères et fières de l’être », mais d’un côté comme de l’autre, c’est lénifiant et le roman n’offre aucune satire de l’une ou de l’autre catégorie.

          C’est déplorable ! Avec ce bébé inattendu, Helen Fielding condamne totalement la descendance de son héroïne, Bridget Jones ! 



14/10/2024
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