LECTURES VAGABONDES

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Grace Metalious : Peyton place/The place to be !

             Je me souviens bien m’être passionnée, dans les années 70, pour une série télévisée portant le titre de Peyton Place. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je tombai sur le roman écrit par Grace Métalious en 1956 et paru aux éditions des Presse de la Cité en 2015 ! Je ne savais pas que cette série avait un roman sulfureux pour support. Voyons donc si la réputation de ce roman est justifiée.

 

             Il était une fois dans la petite ville de Peyton Place en Nouvelle-Angleterre dans les années 40. Depuis plusieurs décennies, la ville est coupée en deux : Elm Street, Chesnut Street ou encore Maple Street, autant de rues qui fleurent bon l’aisance et la bourgeoisie. Parmi les personnalités du quartier chic, nous comptons le docteur Swain, la famille Harrington, ou encore Seth Buswell. De l’autre côté de la ville, nous trouvons la quartier pauvre fait de maisons insalubres que certains voudraient détruire. Là vit la famille Cross : le père, Lucas est violent et alcoolique et abuse de sa belle-fille, la jeune et belle Selena Cross. Cette dernière va à l’école de Peyton Place dans la classe de l’institutrice, Elsie Thornton. Elle est assez amie avec Allison MacKenzie. Les deux jeunes filles vivent leur premier amour : Selena avec Ted Carter qui abandonnera la jeune fille lorsqu’il aura eu vent du fait qu’elle était enceinte et que le docteur Swain a procédé à un avortement sur elle. D’ailleurs, ce brave docteur est tellement écœuré de ce qui se passe dans la famille Swain qu’il parvient à déloger Lucas de Peyton Place. Lorsqu’il reviendra, quelques années plus tard, c’est pour trouver la mort : Selena l’a frappé à la tête alors qu’il cherchait à abuser d’elle une nouvelle fois. Allison MacKenzie est, quant à elle, amoureuse de Rodney Harrington qui lui préfère Betty Anderson. Elle finira par aimer le timide Norman Page qui revient de la guerre blessé, changé. Dès lors, la rupture est inéluctable. D’ailleurs, le destin que veut embrasser Allison, c’est l’écriture. Pour se laisser dans cette activité, elle part pour New York où elle tombe amoureuse de son agent littéraire : Bradley Holmes. Mais l’homme est marié. Allison envisage alors petit à petit un avenir avec son meilleur ami : David Noyce. Reste à évoquer la dernière figure féminine du roman : la mère d’Allison : Constance MacKenzie. La jeune femme arrive à Peyton Place avec un mensonge comme paravent : elle est veuve et a une fille. A tous, elle cache le fait qu’Allison est le fruit de ses amours avec un homme marié. Lorsque le nouveau directeur de l’école arrive à Peyton Place, elle en tombe amoureuse : Tomas Makris deviendra son époux. Le roman se termine sur une fin heureuse : Selena n’est pas condamnée pour le meurtre de Lucas Cross, son beau-père. Pourtant, ce procès aura remué bien des choses à Peyton Place !

 

             Le roman se présente comme la chronique de la petite ville de Peyton Place située en Nouvelle-Angleterre, au début des années 40. Il présente quelques personnages-phare autour desquels d’autres gravitent ; l’ensemble finit par raconter la vie de cette ville entre drames et cancans. D’ailleurs, Peyton Place s’ouvre sur la présentation des rues principales de la ville sur les bancs desquelles perchent quelques vieux qui devisent et font courir des rumeurs sur les uns et les autres.  

             Ainsi, Grace Metalious compose une satire de cette petite ville étriquée où il n’est pas bon de sortir du rang. Ceci est surtout valable pour les femmes qui apprennent à vivre dans le mensonge ; tantôt, c’est l’une qui cache un amant, l’autre, un enfant illégitime, l’autre encore, un amour clandestin. Car à Peyton Place, dans les années 40, on vit sous la coupe d’un machisme établi : une femme doit bien se comporter sinon, elle est une fille perdue. Mais c’est sans compter les pulsions et les sentiments !   

             Par ailleurs, on trouve aussi, dans Peyton Place une visée sociologique ; en effet, le roman présente deux mondes : celui des riches d’Elm Street, et celui des pauvres des bidonvilles. Les riches sont imbus de leur argent : pour eux, tout s’achète et ce fait leur donne tous les droits. Par exemple, lorsque Rodney Harrington met enceinte sa petite amie, Betty Anderson, il paie l’avortement pour être tranquille et éviter un mariage forcé. Enfin, chaque semaine, les riches se retrouvent chez l’un ou l’autre pour jouer aux cartes. Dans l’ensemble, ils méprisent les pauvres, et aimeraient qu’on détruise les bidonvilles qui injurient la ville. A l’opposé, nous avons les pauvres incarnés principalement par la famille Cross. La peinture de ce milieu n’échappe pas au stéréotype de l’homme alcoolique, violent, et pervers – rappelons que Lucas Cross met enceinte sa belle-fille, Selena – sans aucun repère moral.

             Inutile de préciser que j’ai adoré ce roman : on se passionne pour le destin de cette petite ville et de tous ses habitants. A noter que ce roman a rencontré un franc succès, quelque peu sulfureux, lors de sa parution à la fin des années 50. Deux films, assez plats au demeurant, ont été tirés de la saga Peyton Place : Les plaisirs de l’enfer et Les lauriers sont coupés. Car, eh oui, la bonne nouvelle, c’est que le roman comporte une suite intitulée Retour à Peyton place !

 



29/04/2019
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