Colleen McCullough : Corps manquants/Manque aussi l’âme.
Nous sommes nombreux à avoir lu, vu et revu les oiseaux se cachent pour mourir, grande saga romanesque de Colleen McCullough du début des années 80. C’est avec surprise que j’ai découvert l’incroyable éclectisme de l’auteure qui écrit aussi bien des romans historiques – particulièrement sur l’Antiquité, Jules César et compagnie - que des thrillers. Découvrons donc Colleen McCullough dans la veine du roman policier avec Corps Manquants, paru en 2007 aux éditions l’Archipel.
Nous sommes en 1965, à Holloman, dans le Connecticut. Otis Green et Cécil Potter travaillent au HUG, centre de recherches neurologiques, et découvrent un corps de femme décapitée dans un sac poubelle destiné à l’incinération. Le lieutenant Carmine Delmonico est chargé de l’enquête. Il interroge le personnel du HUG et est convaincu que le criminel fait partie du centre. Bientôt, d’autres victimes sont retrouvées ; leur point commun : des métisses qui ont le même visage, le même âge, la même taille. Toutes sont atrocement mutilées, toutes ont été violées, égorgées. L’enquête pousse le lieutenant à se rapprocher de Desdémona, la directrice du centre, dont il tombe amoureux. Il faut faire vite : des activistes noirs, convaincus qu’il s’agit de crimes racistes, organisent des manifestations et on craint des violences. Alors, qui des docteurs Finch, Smith, Chandra, ou encore Ponsonby est le criminel ? Quel est le mobile du crime ?
Avec Corps manquants, Colleen McCullough nous offre un thriller noir, de facture classique, un de ces romans qu’on dévore en quelques heures, mais qu’on oublie vite, car rien de bien original ne retient l’attention. Ainsi, Colleen McCullough utilise-t-elle avec un certain bonheur toutes les ficelles du genre.
Tout d’abord, l’intrigue se déroule dans un milieu assez inquiétant, sinon sordide, car au HUG, on fait des expériences sur les cerveaux des animaux : des singes, des rats ou des chats. Lorsque les bêtes sont sacrifiées, elles sont incinérées. C’est là, parmi les sacs poubelles contenant les dépouilles animales, que le premier cadavre est trouvé.
Là encore, le lecteur en mal de sensations fortes est comblé : les meurtres sont infâmes. Les victimes sont jeunes, innocentes et sérieuses. Quelle injustice que cette mort atroce ! Violées, battues, démembrées, décapitées, j’en passe, et des meilleures. Pour agrémenter une enquête qui se met doucement en place, Colleen McCullough multiplie les meurtres pour retenir l’attention du lecteur.
Bien évidemment, le meurtrier fait partie du HUG : je ne révélerai pas son identité, mais certes, c’est un employé terne et apparemment sans histoire. C’est dans un passé traumatisant qu’on trouvera le mobile du meurtre car bien évidemment, ce meurtrier est un taré marqué par des maltraitances dans son enfance. Pourtant, il fait preuve d’une intelligence redoutable dans la mise en œuvre de ses sombres pratiques : de A à Z, tout est calculé, rien n’est laissé au hasard.
Mais avant de découvrir le pot aux roses, le lieutenant Carmine Delmonico enquête sur plusieurs suspects : de nombreuses personnes travaillent au HUG, mais les soupçons portent plutôt sur les médecins chercheurs. Ainsi entrons-nous dans les histoires de quelques couples qui tous, ont leur part de bizarrerie : il y a celui qui se réfugie dans une cave pour jouer au petit train et qui bat ses enfants, celui qui, après un infarctus, vit comme un ascète, celui qui a une maîtresse cachée avec laquelle il se livre à des pratiques déviantes, celui qui vit avec une sœur aveugle… Tous pourraient bien être le coupable… quoique… finalement, tous paraissent aussi bien inoffensifs.
Enfin, pour couronner le tout, on a droit à une love story dans les règles de l’art : l’inspecteur Delmonico tombe amoureux de la directrice du centre. Il l’emmène au resto, la protège lorsque celle-ci est traquée par une ombre mystérieuse, et la demande finalement en mariage. Un happy end pour un détective qui, jusqu’à présent, fut malheureux dans sa vie sentimentale.
Ainsi, si corps manquants fera sans aucun doute partie des romans vite oubliés, il m’a permis de passer un très bon moment de lecture, chose rare si l’on considère le nombre de romans policiers ratés qui peuplent le genre.
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