LECTURES VAGABONDES

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Campbell Armstrong : Scalpel/Découpes sanglantes

     

    Amateurs de thriller bien noir et bien glauque, ce roman est pour vous. Le titre, d’ailleurs, laisse présager de belles petites scènes horrifiques : Scalpel est écrit par Campbell Armstrong et parait en 2008 aux éditions du Masque, département des éditions Jean-Claude Lattès.

 

          Le détective Lou Perlman est en congé maladie à la suite d’une blessure dont il fut la victime dans Colère blanche, le précédent roman dont il est le héros. Cependant, il trépigne d’impatience et demande à son coéquipier Scullion de mettre la pression sur les chefs pour qu’il soit réintégré rapidement à l’équipe de policiers enquêteurs de Glasgow. D’autant plus qu’un jour, il découvre chez lui une main amputée. D’autant plus que sa nouvelle amie, Betty, est victime d’un drame : son fils a été retrouvé assassiné et vidé de plusieurs de ses organes vitaux. Perlman ne peut s’empêcher d’enquêter en douce. Il reçoit l’aide d’un indic - Le Picolo - et rencontre un homme étrange – Tartakower - qui le met sur la piste de Jackie Ace, un ancien chirurgien devenu transgenre. Ce dernier se rend chez un inquiétant personnage – nommé Dorcus Dysart - qui vit dans une vieille maison très angoissante. Ensemble, ils se livrent à d’horribles pratiques, assassinant des personnes pour leur prendre leurs organes. Le trafic est organisé par Reuben Chuck, une sorte de parrain tout puissant à Glasgow. Lorsque Gloriana, la maîtresse de Reuben, disparaît, ce dernier, épouvanté, se rend chez Dorcus… L’affaire finira mal pour notre magna des affaires louches. C’est alors que Dorcus et Jackie Ace, qui devient plus femme de jour en jour et prend l’identité de l’infirmière Payne, s’enfuient pour vivre ailleurs leurs amours particulières. De son côté, Perlman découvre que la main amputée appartient à son ancienne maîtresse : Miriam. Ce n’est autre que Tartakower – amoureux éconduit de la belle - qui a perpétré le méfait. Mais ce dernier, dans l’exaltation que lui procure l’explication de son meurtre à Perlman, tue de sang-froid le petit furet Issy, la mascotte des jeunes banlieusards qui, fous de colère, l’assassinent sous les yeux du détective. Apaisé, Perlman retrouve Betty, de laquelle il est de plus en plus proche, tandis que son indic, Le Picolo, le met sur la piste d’une nouvelle affaire : celle d’un clown sans tête qu’on a retrouvé quelque part à Glasgow.

 

           Scapel est un roman qui file de bons petits frissons d’horreur ; il est particulièrement noir, horrifique, avec des personnages bien inquiétants et bien tordus. Au palmarès des détraqués, nous avons l’ex-chirurgien Dorcus qui bégaie et a l’air tout à fait inoffensif, sauf quand il prend le scalpel pour découper ses petites escalopes humaines. Et que dire de son grand amour, Jackie Ace, transgenre : un homme qui devient femme et qui l’assiste dans ses petites découpes carnées. Il y a aussi le parrain mafieux, Reuben Chuck, inépuisable, tout puissant, plein d’énergie qui passe son temps à droite et à gauche à tremper dans des affaires louches.

        Autre aspect du roman qui a toute son importance : toutes ces horreurs se déroulent dans une ambiance particulièrement sombre. Nous sommes à Glascow et il pleut tout le temps. Dans cette atmosphère diluvienne, se dresse l’étrange maison de Dorcus directement inspirée de la bicoque de Norman Bates dans Psychose.

          Par ailleurs, le roman peut aussi déstabiliser le lecteur car il contient des passages baroques et assez peu probables. Je songe ici à la fin avec Tartakower qui se met à révéler d’un seul coup des choses intimes et peu avouables à notre héros-détective et qui finit par tuer un petit furet – mascotte de ce coin de banlieue de Glascow, puis qui enfin, se fait à son tour assassiner par une bande de gamins encapuchonnés comme dans Ils.

          Bref, si le roman n’est pas exempt de défauts notamment parce qu’il regorge de scènes abracadabrantes et excessives dans l’horreur, il est véritablement effrayant et sombre… encore plus que ce qu’on peut trouver dans les thrillers de Richard Montanari. Si on aime le film Le silence des agneaux de Jonathan Demme, on aimera Scalpel et ses personnages hallucinés qui tiennent haut la main leur petit stand traiteur-boucherie-charcuterie. Et bonne nouvelle : le détective Lou Perlman est le héros d’autres romans noirs et horrifiques que je m’en vais bientôt lire.



10/10/2021
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