LECTURES VAGABONDES

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Beth Harbison : les secrets d’une shoe addict / Pas vraiment addictif.


Puisqu’à mes heures perdues, il m’arrive d’être une shoe addict, je me suis dit que tant qu’à lire un roman « pour-nous-les-filles », autant qu’il traite d’un sujet que je connais bien : la frénésie de l’achat compulsif destiné à remplir une sixième garde-robe de fringues qu’on ne mettra jamais. Ce n’est pourtant pas vraiment ce sujet-là qu’aborde le roman de Beth Harbison : les secrets d’une shoe addict, paru en 2008 aux éditions du Fleuve Noir.

Trois desperate housewives passent une nuit de folie à Las Vegas : Loren se laisse séduire par un play boy, couche avec lui avant de se rendre compte qu’il s’agit d’un prostitué ; coup de la passe, 5000 dollars. Abbey retrouve un ex pas très fréquentable – Damon – qui la fait chanter ; en effet, son passé, qu’elle tient secret, est assez peu avouable ; coup de l’affaire : 1000 dollars. Tiffany est prise d’une fièvre acheteuse et dépense pour 5000 dollars de fringues dans une boutique qui ne fait aucune reprise. Quel désastre ! Comment payer ? Sandra, la sœur de Tiffany, leur donne un tuyau : monter une petite affaire de téléphone rose. Les filles s’y mettent, les affaires marchent, mais il faut se cacher car nos héroïnes sont mariées et ont des enfants. Entre les soirées avec les copines, les crises familiales, les obligations ménagères… et les séances de téléphone rose, nos trois nanas finiront par se tirer d’affaire.

Avec les secrets d’une shoe addict, Beth Harbison signe un roman « pour-nous-les-filles » tout ce qu’il y a de plus conventionnel, qui alterne les passages amusants et les passages stéréotypés, cucul-la-praline, et totalement ennuyeux. L’intérêt du roman, c’est que les héroïnes sont au nombre de quatre pour quatre intrigues plus ou moins différentes. Cependant, chaque intrigue décline une situation canonique dans ce genre de roman.

Trois femmes, trois situations familiales différentes : Loren est en plein divorce, mais finalement se remet avec son mari Robert qui l’aime encore ; Tiffany n’en peut plus de son époux Charlie, découvre qu’il la trompe et décide de divorcer ; Abbey a une vie de couple stable, à peine secouée par l’obligatoire scène d’aveu où la jeune femme dévoile à son mari Brian les turpitudes de sa jeunesse. Reste Sandra, la shoe addict : célibataire, elle cherche l’amour et enchaine les rendez-vous ratés, jusqu’au jour où elle rencontre le forcément très canon Doug.

Pour étoffer ces trames conventionnelles, les non-moins conventionnelles scènes de réunions entre copines où l’on mange des trucs hyper caloriques en discutant du dernier régime weight watcher, du super beau mec rencontré la veille, du super naze mec rencontré la veille. De ce type de scènes, gonflantes au possible, le roman est truffé. Pour parfaire le tout, il y a les scènes « allo-maman-bobo », encore plus horripilantes : le coup des mômes insupportables au super-marché, le coup des mômes qui ne veulent pas dormir, le coup des mômes qui se disputent et qu’il faut calmer.

Alors, c’est vrai, en dehors de ces passages ennuyeux, il y a aussi des passages amusants : le début, entre autre : la succession de tuiles qui tombent en cascade sur la tête des trois héroïnes m’a assez amusée. Les passages au téléphone rose, tout en étant conventionnels, sont néanmoins amusants. On y retrouve, entre autre : le type qui appelle maman et qui veut qu’on lui mette des couches, le type qui veut faire des trucs avec des légumes, le type qui aime entendre des cochoncetés. Enfin, les rendez-vous ratés de Sandra peuvent aussi valoir leur pesant de cacahuètes : d’abord, il y a le ventriloque qui a pris rendez-vous avec notre shoe addict… pour sa marionnette si seule et en manque d’amour ! Ensuite, vient le plouc qui l’invite dans une sorte de fast-food où on joue au baby-foot, seule chose qui intéresse le loustic.

Enfin, je dois dire qu’avec toutes les micro-aventures qui émaillent cette trame d’ensemble, on n’a pas vraiment le temps de s’ennuyer ferme. Beth Harbison papillonne gaiment entre ses quatre personnages et les histoires évoluent rapidement. C’est un petit plus à souligner, car souvent, dans les romans « pour-nous-les-filles », on doit se taper de longues scènes de dialogues insipides pour une intrigue qui piétine ferme.

Cependant, ce roman est à réserver exclusivement aux amatrices (et peut-être amateurs ( ?)) du genre car je dois bien avouer que les scènes amusantes que j’ai mentionnées sont quand même totalement idiotes… Disons qu’il faut lire les secrets d’une shoe addict avec la même indulgence que lorsqu’on visionne un épisode des desperate housewives.

Il est clair qu’il est bien plus excitant, pour moi, d’aller faire un tour sur Zalando « just for a look » sur les super promos d’Octobre promis dans la Newsletter – et mes bottes Calvin Klein qui attendent depuis deux mois dans « mes préférés » - Fichtre ! Finalement, non, vaut peut-être mieux pas ! - que de lire les secrets d’une shoe addict, pas vraiment addictif, pour le coup.  



03/11/2012
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