LECTURES VAGABONDES

          Voici un roman au titre bien prétentieux et qui aurait plus justement s’intituler : Rien sur Sally ; au moins, le lecteur saurait dès le départ qu’il n’y a pas lieu de s’embarrasser d’un tel roman. Mais bon, puisqu’il faut parler des choses telles se présentent, je vais vous dire tout le mal que je pense de ce roman, Tout sur Sally, écrit par Arno Geiger et paru en 2015 aux éditons Gallimard.

          Nous sommes en Autriche, à Vienne. Sally et Alfred forment un couple bourgeois sans histoire : mariés depuis déjà plusieurs dizaines d’années, ils ont trois enfants. Un jour, tandis qu’ils sont en vacances, leur maison est cambriolée.

Alfred ne se remet pas de la disparition de certains objets auxquels il tenait tandis que Sally commence à fréquenter Erik, un ami d’Alfred. Commence alors pour elle une liaison qui lui donne un coup de fouet. Un jour, Nadja, la femme d’Erik annonce à Sally et à Alfred que son mari a décidé de la quitter pour refaire sa vie avec sa maîtresse russe : Léna. Sally n’était pas au courant de cette liaison entretenue secrètement par son amant. Certes un peu dépitée, Sally reprend sa vie tranquille avec Alfred.

          J’ai eu un mal fou à aller jusqu’au bout de cet insipide roman. L’auteur – Arno Geiger – si je crois ce qui est écrit en quatrième de couverture semble être connu et renommé dans les pays germanophones… Tant pis pour moi ! Je n’aurai pas su l’apprécier car je crois bien que je vais m’en tenir là avec Arno Geiger. Que retenir de ce roman - Tout sur Sally – donc ? Pas grand-chose car les phrases entrent et sortent aussitôt de la tête du lecteur qui a du mal à se concentrer sur cette soporifique histoire. Le roman est intimiste, il prétend démonter la mécanique du couple, offrir un portrait de femme. Pour le coup, certes, on a dans Tout sur Sally tous ces ingrédients. Mais l’ensemble est insipide, ennuyeux, sans tripe aucune, sans intérêt.   

          Portrait de femme, donc : Sally a cinquante ans, elle est professeure, elle est mariée, bourgeoise, elle prend un amant. C’est une femme plutôt vivante et tournée vers l’extérieur.

          Portrait d’un mari, Alfred. Contrairement à Sally, Alfred est un homme de l’intérieur. Il est assez souffreteux, porte des bas de contention, aime rester à la maison pour lire, s’adonner à ses études. A la fin, un grand passage très aride : vingt pages de monologue intérieur où toutes les pensées les plus insignifiantes et les plus décousues d’Alfred sont infligées au lecteur.

          Portrait d’un couple. Pas grand-chose à dire, justement. Entre Sally et Alfred, il y a peu de dialogue, une longue habitude, une routine assez confortable qui ne sera pas ébranlée par l’adultère de Sally. Le roman offre dans sa première partie un long flash-back sur les débuts du couple, en Egypte. De ce passage, on retiendra surtout un copieux passage sur les embarras et la circulation au Caire. Du couple Alfred-Sally, il n’y a pas grand-chose à dire : chacun a ses ambitions professionnelles qui semblent l’accaparer plus que ce nouvel amour. Alfred et Sally se sont rencontrés par hasard, auraient pu ne pas rester ensemble, mais sont finalement restés ensemble.  A l’opposé du couple tranquille en apparence Sally-Alfred, nous trouvons le couple Erik-Nadja, qui se déchire, qui se sépare.

          Je n’ai pas grand-chose d’autre à dire de ce roman dont l’intérêt m’a peut-être échappé mais dont l’ennui m’a accablée. Toutes ces pages dévidant des pensées banales de personnages banals finissent par devenir insupportables et mon seul objectif s’est très vite résumé à venir à bout de ce roman… « vite, la dernière page, la dernière phrase, le dernier mot ». Un peu triste pour une lectrice affamée de bonnes lectures… pas grave ; je satisferai ma faim avec un autre roman…. Mais certes pas écrit par Arno Geiger.