Agnès Abécassis : Les tribulations d’une jeune divorcée… ou les tribulations d’une pas très jeune lectrice dans un roman pas très recommandable.
Il semble bien que je sois sujette à une malédiction qui s'abat sur chacune de mes vacances de printemps… L'année passée, je suis partie dans les Cévennes avec Le diable s'habille en Prada de Lauren Weisberger, cette année, pour accompagner mon séjour dans le Quercy, j'ai encore emporté un bouquin « pour nous les filles qu'on est aussi des femmes libres et modernes» : Les tribulations d'une jeune divorcée écrit par Agnès Abécassis en 2004 et paru aux éditions du Fleuve Noir. Résultat infaillible : au bout de 50 pages, je m'ennuie.
La narratrice, Déborah, la trentaine vient de divorcer de Jean-Louis, le seul homme qu'elle ait connu et avec lequel elle a eu deux fillettes : Margot et Héloïse. Dès lors, elle n'a plus qu'un seul souci… retrouver un mec et l'amour tout en assumant seule son quotidien de femme divorcée avec deux enfants à charge.
J'ai donc trouvé le début amusant et je me suis dit : enfin, je vais pouvoir écrire un article potable sur un bouquin « pour nous les filles » écrit par une « fille qui a les mêmes problèmes que nous les filles ». En l'occurrence : les kilos en trop, l'épilation du maillot et le shoping spécial « fringues sexy » pour séduire l'homme idéal alors qu'on traîne à la maison avec dans une main, un pot de Nutella, dans l'autre, la télécommande pour zapper de star academy à popstar, en passant par le bachelor, et sur le dos, un vieux pyjama troué qui date de mathusalem mais qu'on n'arrive pas à mettre à la poubelle. Hélas… il est écrit quelque part dans mon karma qu'au bout de quelques dizaines de pages, ce genre de littérature – même écrit dans un style qui se veut plein d'humour genre « nana qui ne se prend pas au sérieux », comme c'est le cas pour ce livre – me tombe des mains, comme c'est invariablement le cas d'un magazine type « femme actuelle » ou « voici », dans la salle d'attente du médecin.
Car où est l'intérêt de ces histoires d'un « quotidien » féminin fait de courses au supermarché, de soirées « télé toute seule » ou « pyjama avec les copines », de séances-épilation ou gavage au chocolat quand la déprime pointe le bout de son nez ? Imaginez la même chose version masculine : rasage quotidien le matin… plus ou moins recherché selon « qu'aujourd'hui, j'arbore la version « rasé de près » ou celle « barbe de 3 jours » , chic, ce soir, y a marseille-PSG à la télé, avant ça, je me connecte avec « serialkiller36 » pour lui foutre la raclée de sa vie dans warcraft en réseau » : quel ennui !
Je ne m'étendrais pas sur le côté stéréotypé de cette peinture des préoccupations et activités de toute femme qui se veut moderne et libre… car si les courses au supermarché et les soirées télé sont à peu près le lot de toutes… à quoi correspond la soirée pyjama ? Le gavage au nutella ? Personnellement, ce sont des pratiques qui m'ont toujours échappé… mais qui correspondent effectivement à un certain stéréotype débilitant à propos des « femmes d'aujourd'hui », stéréotype qui commence vraiment à faire long feu…
Je ne m'étendrais pas non plus sur la superbe contradiction de cette littérature dite à la fois « féminine » et « féministe »… qui ne donne qu'une envie : flanquer une bonne paire de claque à cette bêtasse de Déborah qui, à 30 ans, se tape encore des soirées pyjama au cours desquelles elle s'étale avec ses copines et aussi avec une impudeur rarement égalée sur les tares et les performances sexuelles de tel ou tel de ses partenaires masculins. Bien évidemment, sa seule préoccupation : les hommes, même s'il est vrai « que ce qui est le plus important, ce sont mes filles ». Au fil du livre, bien évidemment, Déborah multiplie les déboires amoureux et les désillusions qui lui font finalement penser que l'amour et le prince charmant, ça n'existe pas… avant de… rencontrer le prince charmant (?!) en la personne du très aristocratique « Henri »… un peu plus vieux, riche, cultivé, beau (un peu bedonnant quand même… il ne faut pas exagérer ! ce n'est pas un prince charmant, car « le prince charmant, ça n'existe pas » et Agnès Abécassis nous l'a prouvé pendant déjà 280 pages !), avec du caractère et quelques défauts… bref, « un homme, un vrai de vrai !» et pas un prince charmant !
Je passerais très vite sur l'indigence du personnage principal : Déborah. Mariée très jeune à Jean-Louis, elle n'a qu'un seul homme au compteur lorsqu'elle divorce, à 28 ans. Ce qui lui donne un côté nunuche non négligeable. Par la suite, elle fait attention à ne pas se donner à n'importe qui… lors même que ses copines lui enjoignent « d'y aller », de « faire comme les mecs »… et re-bonjour les stéréotypes ! A la fin du livre, elle est soi-disant devenue forte… elle sait ce qu'elle veut. Tellement qu'elle se rue chez une voyante pour savoir si elle va enfin le rencontrer, son grand amour rêvé !
Bref, les tribulations d'une jeune divorcée d'Agnès Abécassis est un de ces romans sans aucun intérêt et complètement insignifiant : heureusement que les paysages quercynois et mes différents passages à Cajarc offrent des plaisirs qui atténuent totalement la sensation de perte de temps infligée par ce livre ! Ainsi, en dehors des tribulations liées aux vacances et au dépaysement, l'œuvre ci-mentionnée est-elle fortement déconseillée tant elle est ennuyeuse et imbécile.
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