LECTURES VAGABONDES

LECTURES VAGABONDES

Angélique Barbérat : L’instant précis où les destins s’entremêlent/L’instant précis où le lecteur s’endort

          Voici un roman au titre poétique et prometteur mais pour le reste assez décevant. Voyons donc ce que propose Angélique Barbérat dans L’instant précis où les destins s’entremêlent paru en 2014 aux éditions Michel Lafon.

 

          Le roman propose de manière assez classique de suivre deux personnages – un homme et une femme – dont les destins parallèles vont se rejoindre et fusionner. Madame s’appelle Coryn ; elle vit à San Francisco avec un mari – Jack – violent et jaloux, mari dont elle a trois enfants : Malcolm, Daisy et Christa. Monsieur se prénomme Kyle ; enfant, il fut traumatisé par la mort de sa mère qui a succombé aux coups de son mari. Désormais, il est chanteur dans un groupe de rock – les F… - et vit avec la bassiste qui s’appelle Patsy. Les

destins de Coryn et de Kyle se croisent à l’occasion d’un accident : Malcolm, fils de Coryn, percute la voiture de Kyle et se retrouve à l’hôpital avec un bras cassé. A cet instant précis, les deux personnages ressentent une intense émotion qui ne se dissipe pas. C’est à Noël que Coryn décide de quitter Jack, alors qu’elle vient de recevoir une raclée particulièrement salée. La jeune femme se réfugie dans un endroit créé par Jane, la sœur de Kyle, un endroit nommé « La maison » qui accueille les femmes victimes de violences conjugales. Jack, le mari de Coryn, est arrêté et mis en prison alors que s’engage la procédure de divorce. Kyle retrouve donc Coryn mais la jeune femme hésite à s’engager dans une nouvelle relation d’autant plus qu’elle craint des représailles de la part de son époux lorsqu’il sera libéré. Un jour, elle disparait de la circulation, laissant Kyle dans un désarroi total ; d’autant plus que Patsy, sa petite amie, tombe enceinte et que lui-même apprend qu’il est atteint d’une forme de leucémie rare qui le condamne à court terme ; cependant, l’enfant attendu par Patsy n’est pas de Kyle qui se libère de la relation qu’il entretenait avec elle pour se consacrer à la recherche de Coryn. C’est au Mexique qu’il la retrouve intuitivement. Nos deux héros se lancent dans une relation amoureuse d’autant plus intense que les jours de Kyle sont comptés. Avant sa mort, le jeune homme aura eu le temps de faire un enfant à Coryn.

 

          L’instant précis où les destins s’entremêlent est un roman dont on peut se passer sans aucun regret. Il est, en effet, plutôt long, mais tellement vide et dénué d’intérêt qu’il donne l’impression d’être interminable. Effectivement, l’intrigue se déploie de manière lente et paresseuse et très vite, le roman génère l’ennui car il donne l’impression de se répéter et de stagner ; en effet, l’’essentiel de l’histoire consiste à évoquer les doutes de Kyle et de Coryn qui, après leur rencontre, se demandent, chacun de leur côté, si un rapprochement avec l’autre est envisageable. L’un et l’autre ont, en effet, des blessures qui les font douter à propos de leur capacité à trouver équilibre et bonheur. Coryn est une femme battue ; Kyle mène une vie instable.

          En réalité, L’instant précis où les destins s’entremêlent a la prétention d’être une sorte de roman engagé qui évoque le calvaire de la femme battue et des violences conjugales. Pour ce faire, Angélique Barbérat envisage deux personnages assez simplistes, tous deux traumatisés par la violence d’un proche ; Coryn est battue par son époux ; Kyle a vu sa mère mourir sous les coups de son époux. Lorsqu’on referme ce roman et qu’on se demande quel message on peut retenir de sa lecture, on se dit que les violences conjugales, « c’est pas bien » ; rien d’autre. Autant dire que l’ensemble reste très superficiel sur la question qui est néanmoins en son cœur.

          Enfin, le roman propose une vision manichéenne de l’humanité : d’un côté, les bons – Coryn, Kyle… - de l’autre, les méchants avec, principalement, Jack, l’époux violent de Coryn. Non contente de présenter un personnage violent, Angélique Barbérat en rajoute une couche, puis une autre, dans la noirceur puisque jusqu’au bout, Jack s’acharne sur sa femme en fomentant, par exemple, des représailles contre elle lorsqu’il sortira de prison.

          Pour terminer, comme dans tout mauvais roman, on joue sur les bons sentiments et le pathétique. Nos deux héros sont courageux et subissent de nombreux malheurs : les maltraitances, certes, mais aussi la maladie du cancer qui emporte Kyle à la fin du roman. Mais un enfant a le temps d’être conçu avant son décès ! Comme c’est triste et beau ! Et originale, aussi, est cette réflexion sur la vie après la mort, réflexion incarnée et symbolisée par l’enfant qui nait !

          On l’aura compris, je n’ai pas apprécié particulièrement ce roman fade et inconsistant sur le sujet des violences conjugales, sujet opportuniste s’il en est à une époque où il est de bon ton de « balancer son porc ». Je conclurai en disant qu’il n’est pas nécessaire d’entremêler son destin à ce roman ; on peut vivre sans lui !

 



10/12/2018
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 38 autres membres