LECTURES VAGABONDES

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Adam Ross : Mr. Peanut/ça ne vaut même pas des cacahuètes !

   

   J’ai « fait peanut », comme on dit, avec ce premier roman d’Adam Ross, dont je n’ai pas tout compris, et surtout pas l’intérêt. Mr. Peanut paraît en 2011 aux éditions 10/18.

 

          Rien ne va plus pour David Pepin : sa femme, Alice, est retrouvée morte ; elle a avalé une cacahuète de la marque Mr. Peanut ; or, elle est allergique à l’arachide. Son époux, David, est penché sur son cadavre, essayant d’ôter la cacahuète de sa gorge. Aussitôt, l’enquête est ouverte. Les inspecteurs Hastroll et Sheppard en sont chargés. David est suspect car depuis peu, il faisait le rêve d’assassiner sa femme et était en train d’écrire un roman sur son mariage difficile avec elle. Il faut dire que la jeune femme est secrète et torturée par des dépressions liées à ses fausses couches – la première a lieu dans un avion en difficulté, lors d’un voyage à Hawaï - et à son obsession de maigrir - ce qui déplait à David. Un jour, Alice disparait pendant neuf mois. David prend une maîtresse : Georgina ; mais sa femme finit par lui manquer. Lorsqu’Alice revient, David reprend son roman. Décidé à repartir de zéro, le couple adopte une petite fille. Mais Alice trouve la mort : une cacahuète en est responsable. A moins que ce ne soit son opération de l’estomac – pour maigrir – qui a mal tourné. De leur côté, les deux inspecteurs sont aussi confrontés à la mort de leur épouse. L’épouse d’Hastroll, Hannah, est morte dans son lit, étouffée par un oreiller. C’est son mari qui est coupable et il se débarrasse du cadavre en le découpant et en le faisant ainsi disparaitre. Il faut dire que la dame était devenue insupportable : depuis plusieurs mois, elle refusait de se lever et Hastroll devait s’occuper d’elle. Il a tout fait pour qu’elle se relève, jusqu’à refuser de la nourrir. Mais Hannah n’a pas bougé, ne se plaignant même pas. Un jour, alors qu’Hastroll sent qu’il a la force de la convaincre de quitter son lit, il fait « peanut » et se rue sur sa femme pour l’occire. Vient ensuite le cas Sheppard. Marié à Marylin, il la trompe cependant avec Susan. Un jour, Marylin est retrouvée morte, le crâne fracassé. Son époux est suspecté, passera dix ans en prison avant d’être disculpé. Plusieurs personnages sont suspects : Dick, l’homme à tout faire, qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Sam Sheppard, qui est amoureux de Marylin, qui est en passe de devenir son amant, mais qui semble sexuellement perturbé. Ou alors le coupable est-il le collègue de Sam, Les, obsédé sexuel qui s’incruste dans la maison du couple ? A mois que ce ne soit Sam lui-même ? Cependant, il semblerait que le couple ait pris un nouveau départ, juste avant le drame : Sam avait rompu avec Susan et Marylin était enceinte. 

 

          Mr Peanut, c’est un roman de plus sur le couple, la vie de couple et l’incommunicabilité au sein du couple. Avait-on besoin d’un énième opus sur ces thèmes battus et rebattus et tellement répétitifs ? Mr Peanut est-il indispensable ou à mettre au rebut comme le très soporifique Tout sur Sally d’Arno Geiger, déjà présent sur ce blog ? Dois-je donc me fendre d’un énième article négatif sur ce genre de livre ? Et bien oui, car Mr Peanut est aussi un roman déroutant et différent de ceux qui abordent le sujet du couple de manière poussive, la plupart du temps. 

           L’idée centrale du roman repose sur le fait que même si le couple dont il est question est déjà établi depuis de nombreuses années, l’autre nous reste malgré tout secret. Par ailleurs, le roman propose également une réflexion sur le désir qui s’émousse lorsque le temps passe, ce qui modifie les rapports amoureux puisqu’alors les époux semblent s’éloigner. Enfin, on peut aussi repérer, dans Mr Peanut, une réflexion sur les enfants qui, contrairement aux idées reçues, séparent les époux plus qu’ils ne les rapprochent. Mais finalement, après tous ces malheurs et toutes ces entraves, on a envie de dire que même si on est malheureux en couple, s’il y a séparation pour telle ou telle raison, l’autre finit toujours par nous manquer car il est devenu une mystérieuse partie de nous-mêmes.

          Pour provoquer la réflexion autour de ces quelques idées (qui ne constituent certes pas des scoops sur le thème du couple), Adam Ross use et abuse de grandes paraboles, plutôt lourdingues, sur le sujet. On devra, par exemple, supporter de longues pages qui racontent une périlleuse et difficile randonnée à Hawaï, randonnée au cours de laquelle les époux – David et Alice Pepin - se suivent sans se parler jusqu’au moment où Alice trébuche et où David la sauve du précipice dans lequel elle a manqué tomber. Tout ceci pour présenter de manière imagée les dangers du mariage qui se conçoit comme une grande randonnée périlleuse, à deux, au cœur de la vie. Ou alors comme un match de tennis (autre parabole que je n’expliquerai pas afin de ne pas me répéter, mais qui a la même finalité que la première). Bref, accrochez-vous, ô mariés de France et de Navarre ! Vous avez choisi une vie sportive !  

          En ce qui concerne la composition du roman, sont imbriquées les histoires de trois mariages qui se répondent les uns les autres du fait qu’on y retrouve les mêmes composantes : l’adultère, les hauts et les bas de la vie d’un couple, les enfants, et enfin, le meurtre ou la mort violente.

Et puis, Mr Peanut flirte aussi avec l’étrange si bien qu’on se demande si certains passages ne sont pas les rêves faits par les personnages. Par ailleurs, on soulignera la présence d’un personnage étrange : Möbius, personnage dont je n’ai pas trop compris l’intérêt ; il s’agit en effet d’un gnome ricanant et grimaçant, peu sympathique, qui prend un plaisir sadique à observer les couples en désagrégation. Ce gnome, on l’appelle quand tout va mal, pour qu’il aide l’époux à se débarrasser de son épouse. Est-ce un personnage rêvé ? En tout cas, Möbius, c’est aussi le nom d’un mathématicien qui a mis au jour un fait mathématique et géométrique : le ruban de Möbius, ruban qui a subi une torsion mais qui présente toujours la même face. (gloup, ne me demandez pas pourquoi, comment, je ne sais pas). Ainsi, les trois mariages défilent sous les yeux du lecteur, comme un ruban de Möbius, présentant toujours la même façade.

          Enfin, à la fin du roman, on trouve une digression sur le cinéma d’Hitchcock et son rapport trouble à la femme – personnage qui, dans les films signés Hitchcock, est souvent négatif et entraine le héros masculin sur des pistes dangereuses. Bref, Mr Peanut serait un roman hitchcockien qui explorerait l’élément féminin du couple et son aspect nuisible pour l’homme. Pfft !

Mais c’est assez de ce roman ennuyeux, qui peut-être se veut drôle et cocasse, mais qui est totalement barré dans le mauvais sens du terme.        L’achat du roman d’Adam Ross, Mr Peanut, est donc fortement déconseillé. Préférez-lui un sachet de cacahuètes !  



28/11/2021
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