LECTURES VAGABONDES

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Valentin Musso : Le murmure de l’ogre/ Murmures audibles

       

          Dans la famille Musso, je demande le frère. Eh oui ! Valentin Musso est bien de frère du très célèbre Guillaume Musso. Il vit à Nice et c’est dans cette merveilleuse ville qu’il nous emmène dans son roman intitulé Le murmure de l’ogre, paru en 2012 aux éditions du Seuil.

 

          Frédéric Berthellon, psychiatre émérite, est mandé pour prêter main-forte aux policiers de la brigade mobile de Nice dans laquelle officie Louis Forestier. En effet, une sale affaire met la ville en émoi : deux femmes – prostituées occasionnelles ou de métier – ont été sauvagement assassinées selon le même rituel morbide : leurs cheveux ont été rasés et le mot SYBILLAE a été tatoué sur leur peau. Grâce à Raphaël Mathesson, les enquêteurs découvrent que l’assassin s’inspire de l’Antiquité. Deux enfants vont ensuite être retrouvés morts près de points d’eau qui sont censés évoquer le Styx, fleuve des Enfers. Les lettres de l’alphabet grec sont tatouées sur leur peau. Une prostituée, Cathy, va apporter son aide aux enquêteurs : elle pense que l’assassin est l’un de ses clients ; il porte sur le dos et la poitrine les cicatrices d’une immense brûlure. Par ailleurs, il lui a offert une médaille… Aussitôt, les enquêteurs vont chercher sur celle-ci des empreintes. Entre temps, les choses se corsent puisqu’un nouvel enfant a disparu : il s’agit, étrangement, d’un enfant issu de la haute bourgeoisie et non pas du bas-peuple. Il s’appelle John Kendall. La famille de ce dernier engage un détective privé – nommé Pauvert - pour retrouver leur enfant. L’enquête se poursuit. Désormais, les policiers savent quand l’assassin va frapper : il suit le calendrier romain et tue au moment des ides ou des calendes. Lorsqu’on découvre le corps sans vie d’un enfant, on pense automatiquement au petit John Kendall. Mais ce n’est pas lui ! Enfin, la police met un nom sur un suspect : il s’agit de Justin Guillot qui travaillait pour une entreprise de bâtiment, laquelle avait des chantiers près des demeures des enfants enlevés. On se rend à cette adresse pour découvrir… Pauvert, assassiné, et des papiers qui se consument dans la cheminée. S’ensuit une course-poursuite entre le suspect et la police au cours de laquelle Forestier est blessé. Puis, on finit par retrouver le petit John, errant dans Nice. Frédéric découvre que l’enfant a pour mère Lisa, qui est censée être sa sœur. Ce truchement s’explique par le fait que la grossesse de Lisa est accidentelle et qu’il a fallu cacher cette honte. Ainsi, si la détresse de John n’est pas sociale, elle est psychologique puisqu’il n’a pas des rapports normaux avec sa mère. On pense donc que l’assassin est un dangereux psychopathe à l’enfance malheureuse. Cependant, on découvre que Justin Guillot est mort pendant la première guerre mondiale. Par ailleurs, les papiers carbonisés retrouvés dans l’appartement où Pauvert a été assassiné livrent leur contenu : il s’agit de l’acte notarié concernant la succession d’une certaine Philomène Marie Jeansart. Or, cette dame a un fils qui devient le suspect numéro 1 : Albain Jeansart. Effectivement, l’homme a connu l’internement, il a tué son père parce qu’il battait sa mère ; ce dernier a également abusé du petit Albain. Enfin, on découvre où se trouve la tanière de l’Ogre. Il s’agit d’une scierie désaffectée. Après une seconde course-poursuite, le bâtiment prend feu, on découvre un nouvel enfant enlevé – Daron Najarian – le cadavre du complice d’Albain Jeansart…. et…patatras ! Albain Jeansart réussit à s’enfuir. Les enquêteurs misent sur la fête qu’organise la mère de John Kendall et pensent que l’assassin va s’y montrer pour récupérer le petit John. Bingo ! Cette fois-ci, Albain Jeansart n’en sortira pas vivant mais avant de rendre l’âme, il confie à l’oreille de Louis qu’il a été sauvé par ce dernier pendant la guerre alors qu’il devait être fusillé pour désertion. De son côté, Frédéric se lie avec la jolie Lisa.

 

          Avec Le murmure de l’ogre, on pénètre au cœur des « brigades du Tigre », ces fameuses équipées de policiers mobiles créées par Clémenceau (dit le Tigre). Malheureusement, on ne se sent pas vraiment transporté dans l’époque à laquelle l’auteur situe son enquête. Censée se dérouler dans les années 20, la peinture de l’époque est vraiment faiblarde. Mais ce n’est pas une raison pour bouder ce thriller plutôt bien ficelé.

          En effet, Le murmure de l’ogre nous plonge dans une enquête passionnante où les rebondissements sont nombreux. Dans le résumé, j’ai relaté les principaux mais il y en a d’autres que ne n’ai pas évoqués. Pas facile de résumer des telles aventures !

La construction, elle aussi, est assez complexe. Dans le déroulé de l’enquête s’intercalent des épisodes de la vie du meurtrier ; dans son enfance, il vit avec sa mère qui est domestique chez un docteur ; ce dernier fait découvrir à l’enfant le latin et l’antiquité. Par ailleurs, il se lie avec le fils du métayer, Justin Guillot qui porte la cicatrice d’une brulure sur la peau ; il s’agit, en fait, des séquelles dues au vitriol que lui a jeté son père. L’enfant (futur assassin) aime aussi les armes et il commet son premier homicide dans sa jeunesse, lorsqu’il tue le père violent de Justin. Cet acte bouleversera leur amitié puisque Justin, désormais orphelin, doit quitter le domaine. L’enfant terrible assassinera aussi son propre père… Ce qui finit par faire beaucoup, car il ne faut pas oublier que notre meurtrier est encore enfant ! Beaucoup de trash, donc. Et si on en remettait une louche ? Il faut aussi un enfant abusé par son père tandis que ce dernier bat sa mère.

          Dans cette enquête, deux thèses s’opposent. Tout d’abord, il y a celle du policier Forestier qui pense que le meurtrier est responsable de ses actes et qu’il faut le condamner. Et il y a celle du psychiatre Berthellon qui explique le comportement de l’assassin par tout un tas de traumatismes liés à son enfance malheureuse. Il en fait presque une victime ! Bref, on a affaire, à ce sujet à des discussions proches de celles qui se tiennent au café du commerce.

          Pour terminer, dans la famille Musso, on aime aussi le frangin. Il nous concocte de savoureux thrillers et très vite, j’ai présenterai d’autres sur ce blog.

 



24/09/2023
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